7 mai 2010

La Bible est-elle historiquement fiable ?

Outre la série d'articles que j'ai publié récemment sur la forme, la datation, les auteurs, leur motivation, et la cohérence des écrits du Nouveau Testament, il convient de se pencher sur la question plus sérieusement. Aussi voici une analyse plus approfondie de la fiabilité historique des textes néo-testamentaires.

Quels sont les critères que les historiens appliquent aux anciens documents afin de certifier leur valeur historique ? Je ne suis pas un expert en la matière, et de toutes manières, ce domaine est bien trop vaste pour l’explorer en détail ici. Mais la plupart de ces critères ne sont que du bon sens appliqué à des documents historiques.

Ils peuvent être séparés en deux groupes : les critères internes et les critères externes. Les critères « internes » sont des critères qui s’appliquent à l’intérieur du document en question. Les critères « externes », comme le nom l’indique, sont des critères qui s’appliquent au contexte qui entoure le document en question. Ces critères sont mieux représentés sous la forme de questions.

CRITERES INTERNES

1. L’auteur était-il en position de savoir ce dont il ou elle parle ? Le texte prétend-il être le récit d’un témoin oculaire, ou basé sur le récit d’un témoin oculaire ? Ou est-il basé sur des rumeurs ?

Si le document ne prétend pas même être un récit de témoin oculaire, ou basé sur un récit de témoin oculaire, ou tout du moins écrit de la perspective d’un témoin oculaire, sa valeur est moindre que si le texte avait cette prétention ; même si la prétention n’est bien sûr pas suffisante pour en conclure qu’elle est justifiée (voir Critères Externes).

2. Le document en question contient-il des informations spécifiques, et notamment des informations sans pertinence ?

Les documents « de première main » sont typiquement remplis d’informations, notamment des détails, qui ne sont pas pertinents pour l’histoire, alors que les récits fabriqués ont tendance à être généralistes.

3. Le document est-il autocritique ?

Si un document contient des informations qui pourraient donner une image négative de l’auteur, des « héros » de l’histoire, ou notamment de la véracité de l’histoire, c’est typiquement une bonne indication du fait que l’auteur avait à cœur d’écrire la vérité.

4. Le document est-il raisonnablement cohérent ?

La vérité a une cohérence dont les récits inventés manquent généralement, bien que différentes perspectives sur un même événement historique contiennent souvent quelques différences mineures.

5. Y a-t-il des preuves d’ajouts légendaires successifs dans le document ?

Les histoires inventées ont tendance à être exagérées avec le temps. La présence d’aspects « extraordinaires » dans un document suggère un temps de rédaction ultérieur, et cela diminue proportionnellement la fiabilité historique du document.

CRITERES EXTERNES

1. Les auteurs du document auraient-ils un motif pour inventer ce qu’ils écrivent ?

Évidemment, si un motif peut être établi, la fiabilité du document diminue. Au contraire, si l’auteur n’avait rien à gagner, ou même quelque chose à perdre, en écrivant le récit, la fiabilité du document augmente.

2. Y a-t-il d’autres sources qui confirment les informations du document et/ou qui tendent à confirmer l’authenticité du document ?

Si le récit d’un document peut être, dans quelque mesure que ce soit, confirmé par des sources extérieures au document lui-même, cela accroît la crédibilité du document (mais les mêmes critères doivent aussi être appliqués à ces sources extérieures). Et si l’identité de l’auteur peut être, dans quelque mesure que ce soit, attestée par des sources extérieures, cela accroît la crédibilité du document.

3. L’archéologie confirme-t-elle ou infirme-t-elle les informations présentes dans le document ?

Si les découvertes archéologiques peuvent confirmer quelque information qui se trouve dans le document, la fiabilité de ce dernier augmente. Au contraire, si les découvertes archéologiques contrastent avec les informations du document, sa crédibilité en souffre.

4. Des contemporains du document auraient-ils pu falsifier le récit dans le document, et auraient-ils eu un motif pour le faire ?

S’il y avait des gens qui auraient pu annoncer publiquement le fait que le récit du document était une invention, et qu’ils avaient un motif pour le faire, mais néanmoins ne l’ont pas fait (autant qu’on sache, d’un point de vue historique), cela accroît la fiabilité du document.
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Maintenant la question est la suivante : comment s’en tirent les Évangiles à la lumière de ces critères ? La réponse dans le prochain article !

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