22 février 2013

Aime l'homosexuel, hais l'homosexualité... ?

Mon ami Sam P-L (qui blogue à La Rebellution) m'a indiqué ce compte-rendu de discussion entre Peter Kreeft et un de ses professeurs homosexuels, qui remettait en question le dicton chrétien "Aime le pécheur, hais le péché".

Si vous avez suivi mes articles sur les faux raisonnements, vous pourrez vous amuser à relever quelques erreurs de part et d'autre.

Cependant ici, si Peter Kreeft cherche d'abord à réfuter l'argumentation de son professeur, il finit par comprendre son point de vue, et vous verrez que la perspective d'un homosexuel sur le sujet a de quoi nous faire réfléchir. Voici la discussion telle qu'il la rapporte :

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Mon professeur à l'Université de Boston était un activiste homosexuel réfléchi et il prétendait que "Catholique" et "Gay" étaient tout aussi compatibles que "café" et "croissant"*. J'estimais cet homme pour sa clarté intellectuelle, pour son intelligence, pour l'ouverture et l'apparente bonne volonté de son coeur, ainsi j'espérais qu'une conversation avec lui pourrait ouvrir et éclairer nos esprits à chacun, et qu'on en retire quelque chose de nouveau (ce qui n'arrive presque jamais quand un homosexuel débat avec un chrétien à ce sujet).

Je n'ai pas été déçu.

Je vais essayer de restituer notre dialogue avec le moins d'ajouts et de vernis possible, tout comme j'aime à croire que Platon à fait pour Socrate dans ses premier dialogues. A des fins d'anonymat, j'appellerai mon interlocuteur "Art".

PETER: Art, je m'intéresse beaucoup à un élément de ton argumentation, un élément que je ne comprends tout simplement pas. Et je crois qu'il est bon d'écouter avant de débattre, comme tu dis le faire toi-même. Alors pour commencer je ne veux pas débattre, ce n'est pas le but de ma question, mais avant tout écouter et comprendre. D'accord ?

ART: Bien sûr. Quel est l'élement que tu ne comprends pas ?

PETER: Et bien, pour te t'expliquer ça, il faut d'abord que je te demande d'écouter aussi, pour que tu connaisses mon arrière-plan.

ART: Et quel est-il ?

PETER: Les enseignements de la Bible et de l'Eglise*, tous sans exception. Je sais que tu ne crois pas à tous ces enseignements, seulement certains d'entre eux. Mais c'est le cas pour moi. Alors de mon point de vue, ce que tu fais, ce que tu justifies, est un péché. C'est cette étiquette que tu rejettes, n'est-ce pas ?

ART: En effet. Alors qu'est-ce que tu ne comprends pas ?

PETER: S'il te plaît, ne le prends pas personnellement - ou même comme un argument - mais je ne sais pas comment exprimer ce que je vais dire autrement qu'avec un langage biblique, que tu trouveras probablement offensant. Voici ma question : Pourquoi est-ce que vous, les homosexuels, la seule catégorie de pécheurs qui non seulement niez que votre péché soit un péché, mais en plus qui insistez pour vous identifier à ce péché ? Nous sommes tous des pécheurs, d'une manière ou d'une autre, et je ne suppose pas que tes péchés soient pires que les miens, mais au moins je pense que je suis plus que mes péchés, quels qu'ils soient. J'aime le pécheur mais je hais le péché. Mais pas toi, je me trompe ?

ART: Non, en effet. Ce que je hais, c'est cette distinction hypocrite.

PETER: Pourquoi ?

ART: Parce que quand tu t'en prends à l'homosexualité, tu t'en prends aux homosexuels. C'est aussi simple que ça.

PETER: Mais les alcooliques ne disent pas que l'Eglise s'en prend à eux quand elle s'en prend à l'alcoolisme. Et les lâches ne disent pas qu'ils sont leur lâcheté. Et les meurtriers ne disent pas que l'Eglise est hypocrite quand elle condamne leurs actes mais pas eux, les pécheurs. Les personnes qui commentent l'adultère ne nient pas la distinction entre la personne et son acte. Le seule groupe de pécheurs que j'aie jamais entendu faire ça, c'est vous. Et j'ai l'impression que vous faites tous ça, que vous dites tout le temps ça. Tous les homosexuels disent ça, n'est-ce pas ?

ART: Oui, nous le faisons tous. Et je te pardonne d'être si insensible que tu ne te rends pas compte que tu viens tout juste de faire ce que tu prétends que l'Eglise ne fait pas : m'insulter et me rejeter moi, et non simplement ce que je fais.

PETER: Attends une seconde ! Tu es en train de me dire que quand je fais cette distinction entre ce que tu es et ce que tu fais, quand j'accepte que tu es distinct de ce que tu fais, je rejette ce que tu es ? Comment est-ce que je peux rejeter ce que tu es en acceptant ce que tu es ?

ART: C'est exactement ce que tu fais. En fait, tu essayes de me tuer.

PETER: Quoi ? C'est complètement dingue. Tu es parano, c'est tout.

ART: Non, écoute : quand tu essayes de séparer ce que je fais de ce que je suis, tu essayes de séparer mon corps de mon âme, ma vie sexuelle de mon identité. C'est ce que tu fais en insistant sur cette distinction. Ta distinction entre ce que tu appelles le "pécheur" et le "péché", en fait, c'est la mort pour moi; c'est la séparation du corps et de l'âme, des actes et de l'identité. Je maintiens les deux ensemble, tu essayes de les séparer, et ça, ça entraine la mort.

PETER: C'est digne d'un sophisme. C'est un argument qui ne correspond tout simplement pas aux faits. Regarde les faits plutôt que le débat. Voici ce que l’Église croit à ton sujet, ce que je crois à ton sujet : tu peux être un saint ! Tu as une dignité. L'Église t'estime plus que tu ne t'estimes toi-même. Elle t'aime plus que tu ne t'aimes toi-même; et c'est pour ça qu'elle hait les péchés que tu commets contre toi-même. Nous croyons que tu es plus grand que tes actes, quels qu'ils soient. Mais tu ne crois pas ça.

ART: L'Église et la Bible me disent que je suis une abomination pour Dieu.

PETER: Non ! Pas dans ta personne, seulement dans tes péchés, comme nous aussi, comme nous tous. C'est ce que Dieu dit en Romains chapitre 1. Il condamne la condamnation hypocrite des païens homosexuels par des Juifs hétérosexuels tout autant qu'il condamne l'homosexualité des païens.

ART: L'Église est mon ennemie.

PETER: L'Église est ton amie. Parce que l'Église nous dit deux choses à ton sujet, et non pas une seulement, et elle ne changera jamais ni l'une ni l'autre, elle ne peut changer ni l'une ni l'autre, parce que ces deux choses relèvent d'une loi naturelle immuable, fondée sur une loi éternelle, fondée sur la nature même de Dieu.
Elle ne pourra jamais dire que ce que tu fais est bon tout comme elle ne pourra jamais dire que ce que tu es est mauvais. Elle défend ton être de manière aussi absolue qu'elle s'en prend à ton style de vie; elle hait le cancer parce qu'elle aime ton corps. C'est la même autorité pour les deux choses. L'autorité que tu hais quand elle condamne ce que tu fais est ta seule alliée fiable pour défendre ce que tu es.
Tu veux que l'Eglise change son enseignement sur ce que tu fais, et tu cherches à mettre une pression sociale sur elle pour qu'elle le fasse, mais si elle faisait ça, alors elle pourrait aussi changer son enseignement sur ce que tu es également, pour la même raison, à cause de la pression sociale.
Je suis certain que tu sais que la vieille pression sociale qui voulait qu'on haïsse les homosexuels est loin d'avoir disparu. Tu sais ce qui est arrivé dans l'Allemagne d'Hitler. Tu sais comme l'humanité est volubile et influençable, et à quel point elle peut se révéler dangereuse. Quand le dernier bastion d'une loi morale absolue sera compromise, quand même l'Eglise pliera sous le poids de la pression sociale, quel refuge auras-tu alors ?

ART: Ce n'est pas la Gauche mais la Droite qui m'inquiète.

PETER: Aujourd'hui, peut-être, mais demain ? Aujourd'hui la mode c'est d'être à gauche, mais il y a peu la mode c'était d'être à droite, et demain ça pourrait retourner à droite, comme un pendule. Tu ne peux pas compter sur des opinions à la mode pour te protéger. C'est construire des châteaux de sable. Les marées finissent toujours par changer et les renverser.

ART: Merci, mais je tente ma chance. Je ne sais pas ce qui adviendra à l'avenir, je te l'accorde. Mais je sais ce qui se passe maintenant, et je ne peux pas accepter ça. Nous ne pouvons tout simplement pas accepter votre distinction à la "aime le pécheur, hais le péché". Nous savons au moins ça.

PETER: Tu ne m'as toujours pas expliqué pourquoi. J'ai commencé par poser une question, et je veux vraiment une réponse. Je veux comprendre ce qui se passe dans ton esprit.

ART: D'accord, je crois que je peux te l'expliquer. Tu dis que je ne devrais pas me sentir menacé par cette distinction, pas vrai ?

PETER: Oui.

ART: Tu dis que l'Église dit qu'elle m'aime, bien qu'elle haïsse ce que je fais, c'est ça ?

PETER: Oui.

ART: Et bien, imagine que la situation soit inversée. Imagine que ce soit vous, la minorité. Imagine que ce que vous vouliez faire, c'est avoir des églises et des sacrements et des Bibles et des prières, et que ceux qui sont au pouvoir vous disent : "Nous haïssons ça. Nous haïssons ce que vous faites. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous empêcher de faire ce que vous faites. Mais nous vous aimons. Nous aimons ce que vous êtes. Nous aimons les chrétiens, simplement nous haïssons le Christianisme. Nous aimons ceux qui rendent un culte, simplement nous haïssons le fait de rendre un culte". Et nous allons vous mettre toute la pression possible pour que vous ayez honte de rendre un culte et vous faire vous repentir de votre péché. Mais nous vous aimons. Nous affirmons votre dignité en tant qu'être. Simplement, nous rejetons l'indignité de votre pratique."
Dis-moi, comment tu réagirais à ça ? Est-ce que tu accepterais leur distinction ?

PETER: Tu sais, je n'y avais jamais pensé de cette manière-là. Merci. Tu m'as vraiment permis de voir les choses sous un nouvel angle. Tu as raison. J'aurais du mal à accepter cette distinction. Je ne pourrais pas l'accepter. En fait, je dirais plus ou moins ce que tu as dit : que ce serait comme d'essayer de tuer mon identité.

ART: Tu vois ? Maintenant tu comprends ce que je ressens.

PETER: Oui, je pense que oui. Merci beaucoup de m'avoir montré ça. Mais est-ce qe tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? De ce que tu viens de me montrer ?

ART: Qu'est-ce que tu veux dire ?

PETER: Tu viens de me dire que la sodomie était ta religion.


- Extrait de "How to win the culture war", de Peter Kreeft.

(Notez que je déplore le langage cru de Peter Kreeft à la fin de ce dialogue, et sa caricature. Néanmoins, il marque un point : refuser de faire la distinction entre la personne qui a des attirances homosexuelles et la pratique du rapport homosexuel, c'est faire de l'homosexualité une religion).
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* "café" et "croissant" : Dans le texte original, il ne s'agit pas de café et croissant mais de jambon et oeufs, en référence au petit-déjeuner américain typique. Ceci dit, j'ai adapté ces éléments à un contexte français pour que la comparaison garde son impact.

* l'Eglise : Notez que Peter Kreeft est Catholique Romain.

15 février 2013

L'Evangile du "Plein Potentiel"

Traduction arrangée à partir du chapitre "The Burden of Potential", de Larry Osborne, dans le livre collaboratif "Measuring Up".

Nous ne devons jamais oublier que Jésus, au début de la trentaine, a apparemment sacrifié tous ses talents et ses opportunités de ministère pour une chose plus grande encore : l'obéissance à Dieu. Ou "accomplir la volonté de Dieu", appelez-ça comme vous voulez.

Evidemment, notre situation est rarement aussi tragique, et le prix à payer aussi grand, mais parfois nous devons faire des choix difficiles. Si le Maître veut que je fasse la plonge, peu importe que j'aie le potentiel pour être un virtuose. Ma place est dans la cuisine, pas dans un orchestre.

Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'on doive refuser chaque opportunité. Cependant pour obéir à Dieu il faut écouter sa voix attentivement.

La quête d'accomplissement personnel, pour remplir le potentiel que l'on croit voir en soi-même a tendance à confondre la réussite et la fidélité.

Nous savons tous qu'il y a une différence entre la définition du succès selon Dieu et selon le monde. Mais je me rends compte que plus je me concentre sur mon potentiel, et plus j'en viens à utiliser le dictionnaire du monde plutôt que celui de Dieu.


La pyramide de Maslow représente la hiérarchie des besoins humains, depuis les besoins physiologiques à la base jusqu'au "plein potentiel", au sommet.

Dans notre culture, atteindre son potentiel a plus à voir avec un résultat tangible qu'avec la manière dont on agit. Quand on réfléchit à la manière de réaliser ou maximiser notre potentiel, on pense rarement au martyre. On ne pense pas non plus à des années de dur labeur dans un relatif anonymat. On pense à gagner, surmonter les obstacles, accroître des nombres, bref, à réussir.

Les gens "motivés" sont rarement motivés pour être bons. Ils sont motivés pour gagner. Cela vaut aussi pour les responsables d'église. Nous cherchons à réussir - plus de participation, plus de personnel, plus de ressources - souvent en supposant que réussir et être fidèle, c'est la même chose.

Il n'existe aucune sagesse, aucune compréhension, aucun projet qui puisse réussir contre la volonté de Dieu. "Le cheval est apprêté pour le jour du combat, mais la victoire appartient au Seigneur" (Prov. 21:30–31).

8 février 2013

Non au mariage gay... parce que c'est marqué dans la Bible !

La lettre. En mai 2000, à l'occasion de la légalisation du mariage gay dans le Vermont (USA), Kent Ashmark écrivit un mail destiné à l'animatrice de radio Laura Schlessinger, réputée pour sa morale très conservatrice, cherchant à réfuter l'idée qu'on peut aveuglément fonder une éthique moderne sur les prescriptions de l'Ancien Testament*.

L'email était écrit sur le ton de l'ironie, et après l'avoir adressé à Mme Schlessinger, il l'envoya également à une amie, pensant qu'elle le trouverait amusant. Cette amie l'envoya à son tour à plusieurs personnes, et très vite il circula sur Internet.

L'esprit. Ce qui est ironique dans la propagation de cet écrit, c'est que plusieurs athées, après l'avoir trouvé sur Internet, l'ont envoyé au journal local en le présentant comme un écrit personnel. Autrement dit, ils ont cherché à donner une leçon de morale aux religieux en manquant eux-même grandement de moralité... cela ne prouve rien, mais je trouve que beaucoup de gens se considèrent supérieurs justement parce qu'ils ne se considèrent pas religieux, et se positionnent parfois en donneurs de leçons quand eux-mêmes feraient bien de balayer devant leur porte. A bon entendeur...

Mais pour en revenir à la lettre en question, qui refait régulièrement surface (en particulier dans les pays anglo-saxons), en voici quelques extraits :

"Chère Dr. Laura,

Merci de vos efforts pour éduquer les gens au sujet de la Loi de Dieu. J'ai beaucoup appris grâce à votre émission, et j'essaie de partager ce savoir avec autant de gens que possible. Quand quelqu'un essaie de défendre le style de vie homosexuel, par exemple, je lui rappelle que Lévitique 18:22 affirme clairement que c'est une abomination. Fin du débat.

J'aurais besoin de conseils, cependant, au sujet d'autres lois spécifiques et de la manière de les suivre au mieux.

(...)
Je voudrais vendre ma fille en esclavage, comme le permet Exode 21:7. À votre avis, quel serait sa côte à l'argus aujourd'hui ?
(...)
J'ai un voisin qui persiste à travailler le jour du Sabbat. Exode 35:2 affirme clairement qu'il devrait être mis à mort. Suis-je moralement obligé de le tuer moi-même ?
(...)
Lévitique 11:6-8 dit que si je touche la peau d'un cochon mort je deviens impur, mais est-ce que je peux jouer au football américain si je porte des gants ?

Je sais que vous avez étudié ces choses en profondeur, et je suis sûr que vous pourrez m'éclairer.

Encore merci de nous rappeler que la Parole de Dieu est éternelle et ne change pas.

Votre fan enthousiaste et disciple dévoué."

Le problème. En plus du ton sarcastique qui n'engage absolument pas le dialogue, ce genre de lettre commet les faux raisonnements de l'homme de paille et de la question complexe. Autrement dit, cet texte caricature à l'extrême le parti opposé en l'incarnant, le faisant paraître sous son jour le plus ridicule et révoltant, tout en exigeant une réponse simple pour tout un tas de questions qui requièrent justement une certaine réflexion sur le texte biblique.

Pourtant, cet écrit a eu, et a encore, beaucoup de succès. Ce qui me dérange, c'est qu'il est utilisé comme argument prétendu intellectuel, alors que ce n'est qu'un drapeau brandi par un camp contre l'autre. Il n'a aucun pouvoir argumentatif, tout simplement parce qu'il n'est pas recherché, et il n'est pas honnête. Une démarche honnête chercherait à interroger ces mêmes passages plutôt qu'à les juger de manière aussi sommaire.

La réponse. Parce que, bien sûr, il y en a une, comme pour toutes les questions légitimes qu'on pose à la Bible, c'est-à-dire celles auxquelles elle prétend apporter une réponse.

La réponse, c'est qu'on peut diviser les lois de l'Ancien Testament en deux grandes catégories : celles qui sont reprises dans le Nouveau Testament (c'est-à-dire pendant la vie de Jésus et après sa mort), et celles qui ne sont pas reprises. Celles qui ne sont pas reprises dans le Nouveau Testament ne le sont pas pour 3 raisons :

1. Soit elles étaient l'expression culturelle, et donc circonstancielle, d'un principe éternel, et comme la culture a changé, son expression change aussi.
2. Soit elles étaient relatives à Israël en tant que théocratie et n'ont donc plus de raison d'être.
3. Soit elles étaient l'expression rituelle d'un principe éternel et ce rituel a été accompli parfaitement par Jésus.

Dans tous les cas, le principe qui est derrière la loi, quant à lui, demeure. Dans le cas précis de l'homosexualité, c'est encore plus simple parce que la question est clairement reprise dans le Nouveau Testament, j'en ai déjà parlé ici et .

En conclusion, que vous soyez chrétien ou non, ayez le courage de vos opinions, mais interrogez avant de juger.

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*Il est important de noter que Laura Schlessinger se considérait juive orthodoxe à l'époque, c'est pourquoi il n'est question que de l'Ancien Testament (chronologiquement, c'est partie de la Bible qui concerne l'histoire du monde et de l'humanité avant la naissance de Jésus). Elle-même abandonnera cette foi en 2003.

1 février 2013

Toutes les religions ont-elles le même but ?

Il y a quelques temps, j'ai gravi une montagne avec deux amis, et nous avons passé la nuit dans un refuge à son sommet. Nous n'étions pas seuls, et au moment du repas j'ai eu brièvement l'occasion de discuter avec de parfaits inconnus. Apprenant que j'étais étudiant en théologie, ils m'ont demandé quelle(s) religion(s) j'étudiais, et je leur répondis que j'étudiais principalement la Bible, mais que l'un de nos cours portait sur les philosophies, idéologies et religions du monde. C'est alors que vint la question fatidique (formulée plus comme une affirmation, d'ailleurs) :

"Toutes les religions ont le même but, non ?"

Et bien sûr, impatient que j'étais de partager ma réflexion profonde à ce sujet, je n'ai pas réussi à donner une réponse simple, et la discussion s'est arrêtée là. Bien sûr, étant donné le cadre (il était tard, le refuge était surpeuplé et bruyant) et la forme de la question, la discussion n'était pas vraiment ouverte, et j'aurais mieux fait de poser des questions pour les amener à préciser leur question et le contexte à partir duquel ils posaient la question, afin de leur répondre de manière plus pertinente.

Trop tard. Mais ça m'a fait réfléchir, parce que le mot "but" a plusieurs sens, et manifestement ma réponse n'a pas vraiment aidé... Peut-être que la vraie question était : à quoi sont censées aboutir les différentes religions ? 

Parfois on n'a que 30 secondes pour donner une réponse, et dans ces cas-là, c'est bien de savoir exactement de quoi on parle. Comme me le répète souvent mon père en citant Boileau : "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément". Alors, sans chercher à offenser personne, voici ce que je comprends du but de plusieurs religions assez connues :

Islam : Aller au Paradis.

Hindouïsme : Sortir du cycle des réincarnations.

Bouddhisme : Disparaître dans le grand tout.

Mormonisme : Devenir un dieu.

Christianisme : Être ramené à une relation de paix éternelle avec Dieu et les hommes.