21 juin 2013

La science irrationnelle, ou comment réfléchir


La science explique tout, ou elle expliquera tout, ou elle expliquera tout ce qu'on peut savoir. Les religions relèvent d'un autre domaine, celui de la foi, et c'est irrationnel.

Malgré quelques variantes, cette idée revient beaucoup. Et pourtant, ce qui me frappe, c'est qu'on dise que la religion est irrationnelle alors que la science moderne n'étudie les choses qu'à moitié, et enseigne au monde entier à faire de même - tout en réclamant le monopole de la rationalité.

Vois par toi-même : la science moderne prétend qu'on ne peut connaître une chose que par ce dont elle est composée (autrement dit en la disséquant) et ce qui la produit. Ainsi elle dira que tout est composé d'atomes, et que ces atomes viennent du Big-Bang - avec un peu de chance elle décrira même comment ça s'est fait - et elle pense avoir tout expliqué...

"Ce nouveau discours, qui se veut [la nouvelle norme culturelle] pour tout ce qui est réel et vrai, est devenu, par une espèce d'hypnose culturelle quasi universelle, le point de référence obligé de toutes les disciplines humaines."

- Jean-Marc Berthoud.

Pas étonnant que la plupart des gens ne sachent plus réfléchir, et qu'on n'arrive plus à appréhender les paradoxes de la réalité, comme la question du libre-arbitre par exemple. Mais même pour des questions plus simples, on a du mal à être satisfait par ce qui résume ces "lois naturelles", car la composition et l'origine n'expliquent que le fonctionnement, et le fonctionnement n'est pas tout.

On oublie deux questions importantes (sinon plus) : celles du but et de l'esprit. Dans quel but une chose a-t-elle été causée ? Et quel est son "esprit", ou son "âme", c'est-à-dire ce qui fait que ses atomes sont arrangés comme ils le sont ?

Cela complète la liste des questions qui visent à réellement expliquer les choses. Par exemple, si vous décrivez un être humain, il y a plus à dire que le nombre et le type d'atomes ou de cellules qui le composent, ou de retracer ses origines génétiques.

A moins de postuler qu'il n'a pas de but (et donc qu'il peut mourir sans que ça ait une quelconque importan e) ou qu'il est son propre but (et donc qu'il est l'égal du Big-Bang ou de Dieu), il faut bien s'intéresser à la question.

Même chose pour l'esprit : qu'est-ce qui fait que ce tas d'atome est vivant, et pas mort ? Qu'est-ce qui fait que c'est un humain et non un animal ? Il ne suffit pas de décrire ses caractéristiques physiques et de le situer dans un tableau (surtout quand on a soi-même décidé de la classification) pour répondre à la question.

Ces quatre questions (ou quatre causes, dont j'ai déjà parlé ici) ont été découvertes pendant l'Antiquité et ont de tout temps intéressé les hommes de science... jusqu'au 18e siècle, où les "Lumières" ont cru mieux savoir que toute l'humanité depuis son apparition, et en ont supprimé la moitié, laissant les générations suivantes dans une semi-obscurité digne de la caverne de Platon. Quel progrès !

La science n'a pas toutes les réponses, ni même toutes les réponses importantes - si elle le prétend, c'est parce qu'elle a interdit de poser les questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre, les questions qui ont mené et mènent encore la majeure partie de la population mondiale à ne pas même envisager l'athéisme.

14 juin 2013

Je ressusciterai, et toi aussi

Les chrétiens croient en la résurrection. De quoi s'agit-il ? En fait, même les chrétiens ne sont généralement pas au clair là-dessus, bien que la Bible soit sans équivoque à ce sujet. Mais avant de vous dire ce que c'est, voyons d'abord ce que ça n'est pas.

Il ne s'agit pas de réincarnation comme dans l'Hindouïsme, où l'âme change de forme corporelle au fur et à mesure de ses vies terrestres, et progresse sur l'échelle du karma jusqu'à sortir du cycle de réincarnation. Il ne s'agit pas non plus de renaissance comme dans le Bouddhisme - c'est un concept tellement complexe que même les bouddhistes ont du mal à l'expliquer, mais au fond l'idée est similaire : il faut chercher à sortir du cycle.

Dans ces deux religions, on associe le corps et les choses physiques au mal - c'est la source de toute souffrance. Comme dans la Grèce Antique, la mort est une délivrance qu'on attend avec impatience. Et l'ultime délivrance c'est de ne plus jamais avoir de corps, de n'être plus qu'un esprit. L'esprit est bon, supérieur, essentiel, le corps est mauvais, inférieur, dispensable.

Quelle différence avec le Christianisme ? Après tout, les chrétiens croient que quand ils meurent, leur esprit s'envole vers le paradis... non ?

Et bien, s'ils croient cela, ils ont tort. Ce n'est pas ce qu'enseigne Jésus, ni la Bible dans son ensemble. Ils croient cela, comme toi (si c'est le cas), parce qu'ils sont largement influencés par le Gnosticisme, cette pensée qui traverse toute l'histoire de l'humanité, selon laquelle l'esprit est bon et le corps mauvais.

Au contraire, selon la Bible, le corps est bon, et tout ce qui va avec : le sexe est bon, le travail physique est bon, et la nourriture physique aussi - le pain, le vin, les fruits, etc. Et l'exemple fondamental qu'on ait de la résurrection est celle de Jésus, qui a ressuscité corporellement - on pouvait le toucher, il buvait et mangeait, tout en démontrant des capacités extraordinaires qui montraient que son corps était différent du nôtre. Paul lie d'ailleurs très clairement la résurrection de Jésus à la nôtre.

En bref, d'après la Bible, à la fin des temps, tout le monde sera ressuscité dans un corps physique mais différent (restauré à son plein potentiel) pour ensuite être jugé. C'est dans ce corps que chacun passera l'éternité - auprès de Dieu dans la joie, ou loin de lui dans la souffrance (auquel cas un corps "restauré" rendrait probablement l'expérience d'autant plus douloureuse).

Et toi, que penses-tu de ton corps ?

10 juin 2013

Homoparentalité, Bible et Société

Comme promis, voici un dossier sur les questions qui continuent d'être d'actualité.

Deux remarques, simplement :

1. La loi autorisant le mariage des couples de même sexe est passée suite à un vote des représentants du peuple français. Que l'on soit d'accord ou non, on ne peut pas crier à la dictature à cause de ce simple fait : c'est un principe démocratique (libre à vous de remettre en cause la démocratie - ou sa version à la française - mais ne vous trompez pas de combat). La seule critique viable doit concerner les procédures de vote.

2. Pour autant, tout n'est pas joué. Si les couples mariés peuvent désormais accéder à l'adoption, cela va en très grande majorité concerner les couples dont l'un des deux parents est déjà le parent biologique de l'enfant, auquel cas son conjoint acquièrera le droit de le représenter légalement. Ces enfants auraient de toutes manières été élevés dans des foyers homoparentaux. Par contre, la question de la Procréation Médicalement Assistée n'est pas encore décidée, et c'est sur ce point qu'il faut s'informer et mener le débat.

Sur ce, je ne vous fais pas attendre plus longtemps. Bonne lecture ! (dernière version mise en ligne le 10/06/13 à 19:55).

7 juin 2013

La Bible, pour la peine de mort ?

Si on croit que Dieu a inclus dans sa loi la peine de mort, peut-on prétendre que c'est une punition injuste ? Et l'esclavage ? Devrait-on, en bon chrétien, militer pour leur rétablissement ? Car la même loi qui a organisé le peuple d'Israël pendant des millénaires  avec ces choses est celle dont Jésus déclare "Ne pensez pas que je suis venu abolir la loi  et les prophètes, je suis venu non pour les abolir mais pour les accomplir. En vérité, je vous le dis, jusqu'à ce que la terre et les cieux disparaissent, pas un iota, pas une virgule ne disparaîtront de la loi, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie" (Mt.5:18).

Certains milieux chrétiens débattent de la peine de mort. Outre le fait que la loi humaine ait pour visée la limitation du péché (plutôt que l'établissement du Royaume de Dieu), il y a deux aspects à considérer : la justice et l'utilité. On a tendance à ne plus se poser que la question de l'utilité, or la mort ne sert manifestement ni à réinsérer le coupable, ni à dissuader les criminels potentiels (car les crimes qu'on punirait de mort relèvent de pulsions irraisonnées ou qui défient les risques encourus). Au mieux, la mort d'un dangereux multi-récidiviste permettrait de protéger la société, mais on a trouvé un autre moyen : la prison à perpétuité.

Pourtant, dans la Loi donnée par Dieu, il n'y avait pas d'emprisonnement, seulement l'amende et la peine capitale. Le principe est qu'il doit y avoir réparation équivalente pour tout crime, et quand on ne peut pas réparer, on doit mourir. L'utilité est déterminée par la réparation, et la justice par l'équivalence (la fameuse "Loi du Talion").

Ainsi on peut - on doit - se demander : est-ce qu'une condamnation à vie, ou même de plusieurs dizaines d'années, dans le système carcéral est juste et utile ? Les peines sont-elles équivalentes aux crimes, et permettent-elles d'en réparer les dommages ?

A ton avis ?

La mort n'est-elle pas une juste punition pour qui a commis l'irréparable ? Pourtant, du point de vue biblique, nous avons tous commis l'irréparable, et nous méritons donc tous la mort. Comment donc s'appuyer sur la Bible pour condamner autrui sans se condamner soi-même ? Jésus est mort pour que nous ne mourrions pas, alors même que nous étions encore rebelles à sa loi, et si nous nous réclamons de son Royaume, nous devons suivre son exemple.

Comment mourir soi-même afin que d'autres ne meurent pas, même s'ils sont encore rebelles à la loi ? Par la compassion, par exemple. Accomplir des actes d'amour qui nous coûtent et le faire pour Dieu et les autres, plutôt que pour soi, c'est un sacrifice, une petite mort qui fait du bien. Aller rendre visite aux prisonniers, par exemple. Mais plus généralement, supporter le coût d'une transition vers un meilleur système judiciaire pourrait être un bon début.

Allons plus loin. S'il faut exclure la mort et la prison, deux concepts de cette Loi divine demeurent utiles : le pardon et  l'esclavage.

Pour le pardon, cela permet à la personne lésée d'accepter par compassion une punition moindre du coupable (par exemple une amende au lieu de la peine de mort, ou une amende moindre au lieu d'une amende dont l'autre ne pourra jamais s'acquitter). Peut-être pourrait-on envisager des procédures similaires ?

Pour l'esclavage... en réalité ce mot est inadéquat, et n'a rien à voir avec la traite des noirs ou l'esclavage Romain. Dans la Bible, il s'agit d'une possibilité de se mettre au service d'autrui lorsqu'on n'a pas d'autre moyen de gagner sa vie ou de rembourser une dette, et c'est un emploi encadré par des droits qui protègent le serviteur. On demeure l'égal de son maître en dignité, mais pas en droits et devoirs.

En termes contemporains, cela ressemble aux travaux d'intérêt général, mais on pourrait l'étendre à des travaux d'intérêt particulier. La Suède, championne des peines alternatives, a justement mis en place une sorte de bagne moderne, des villages de détention et de travail pour les crimes les moins graves, ce qui permet de désengorger les prisons tout en rétablissant les principes d'équivalence et de réparation. Ces villages sont semi-ouverts, ce qui permet aux détenus de profiter d'une certaine liberté et à la famille de ces derniers de venir leur rendre visite. Certainement une piste à suivre...