25 mars 2011

La vérité sur le "pêché originel" : la chute

3. Dieu ne punit pas arbitrairement l'homme et la femme.

Alors, regardons exactement ce qui se passe. D'abord, quand la femme mange de ce fruit, l'homme est juste à côté d'elle. Puis il en mange lui aussi. Cela, plus le fait que les deux connaissaient le commandement (et en particulier Adam puisque c'est lui qui l'avait reçu de Dieu en personne), indique que les deux sont également responsables. Et les deux subiront d'ailleurs les conséquences de ce pêché.

Immédiatement après avoir mangé du fruit, ils connaissent un premier aspect du mal, la honte : ils se rendent compte qu'ils sont nus, et éprouvent le besoin de se vêtir (alors qu'ils sont mari et femme et qu'il n'y a qu'eux dans le Jardin, a priori). Puis ils connaissent un deuxième aspect du mal, la peur : eux qui se tenaient nus devant Dieu sans complexe, se cachent. Pire encore : ils se ceignent de feuilles de figuier. Or le latex du figuier est extrêmement corrosif, le "remède" que les humains cherchent à la honte les mène de mal en pis - c'est pourquoi lorsque Dieu les chassera de l'Eden, il tuera un animal innocent pour les couvrir, remplaçant la ceinture nocive. Ce faisant, cela annonce aussi que le sacrifice d'un innocent (Jésus) peut couvrir le pêché des humains.

Dieu fait ensuite mine de les chercher (comme si Dieu avait besoin de chercher sa création... il sait très bien où ils sont), il les appelle à sortir de leur cachette, de leur honte. Et quand il les confronte, ils connaissent un troisième aspect du mal. L'homme rejette la responsabilité sur la femme, et accessoirement Dieu ("La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné du fruit"). La femme a son tour rejette la responsabilité sur le serpent ("Le serpent m'a trompée"). Quant au serpent, on ne lui demandera rien.

Alors Dieu annonce les conséquences du pêché pour chacun : le serpent sera maudit, il mangera la poussière (probablement une référence à son inimitié envers l'homme, qui n'est que poussière), et il attaquera la descendance de la femme, mais cette descendance triomphera finalement de lui. D'une part, c'est stupéfiant qu'on mentionne la femme pour ce qui concerne la descendance, alors qu'à l'époque de retranscription des textes (1450-1410 av JC), au Moyen-Orient, on ne mentionnait que rarement les femmes, et jamais pour des questions de généalogie (un "honneur" réservé aux hommes... on était le fils ou la fille de untel, pas de unetelle). C'est donc un honneur tout particulier pour la femme ici. D'autre part, c'est la première prophétie de la Bible : cela annonce que le diable persécutera les hommes et qu'un descendant d'Ève (Jésus) le vaincra finalement.

Ensuite, on passe à la femme : elle souffrira plus en accouchant, et il y aura un rapport de force conflictuel avec son mari. On peut se demander d'où viennent ces malédictions. En fait, si on se souvient de la raison pour laquelle la femme a été créée, cela prend tout son sens. Une attitude de rébellion contre Dieu fait que la destinée de la femme s'en retrouve affectée. Celle qui devait être l'égale de l'homme et le compléter se retrouve en difficulté dans ses relations avec lui et souffre dans l'enfantement, conséquence de son rapport le plus intime avec son mari.

Enfin vient le tour de l'homme. Dieu avait confié la création à ses soins, elle le suivra dans sa chute : "le sol sera maudit à cause de toi". Leur relation sera tout aussi difficile : C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.

Suite et fin vendredi prochain !

18 mars 2011

La vérité sur le "pêché originel" : la pomme

2. Le pêché originel n'est pas de croquer une pomme.

D'abord, il n'y a pas de pomme. Il n'y a jamais eu de pomme. Oubliez la pomme. Le texte nous parle du fruit de "l'arbre de la connaissance du bien et du mal".

Alors, parlons du sens du mot "connaissance". Il y a 7 usages du mot hébreux (yada) :

- Comprendre, faire l'expérience de quelque chose par l'esprit,
- Ressentir, faire l'expérience de quelque chose par les sens,
- Savoir faire, être habile,
- Savoir quoi faire, décider,
- Avoir des relations sexuelles,
- Être au courant de, être informé,
- Prendre soin de, se soucier de.

Ainsi connaître le bien et le mal ne veut pas seulement dire connaître moralement ou intellectuellement la différence, mais aussi faire l'expérience intime du mal, le pratiquer, s'y lier, le désirer.

L'homme et sa femme connaissaient le risque (la mort) que représentait le fait de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (l'homme l'a entendu de Dieu directement et la femme le connaissait puisqu'elle a été capable de le réciter au serpent). On ne peut donc pas dire qu'ils n'avaient aucune notion de bien ou de mal, même s'ils n'en avaient pas "connaissance" dans le sens où ils n'avaient encore jamais rien fait de mal, et jamais dû en supporter les conséquences.

Malgré cela, ils écoutent le serpent, qui les questionne d'abord (seule la femme répondra), et qui leur donne une autre version des choses : "le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et (...) vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal". Ce n'est pas un mensonge, Dieu le confirme une fois le fruit goûté : "Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal" (si vous vous demandez pourquoi Dieu parle de lui-même au pluriel, c'est parce qu'il s'agit de la Trinité : le Père, le Fils, et le Saint-Esprit).

Par contre, le serpent ment quand il contredit la parole de Dieu : "vous ne mourrez pas". Cela nous indique que les deux humains étaient capables de comprendre que la mort était une mauvaise chose, ou tout du moins une chose à éviter, puisque d'une part Ève la cite comme raison de ne pas manger le fruit, et d'autre part le serpent se sent obligé de rassurer le couple par un mensonge.

Donc, pour l'homme et la femme, l'attrait du fruit consiste en ce qu'il rend les hommes égaux à Dieu, ils veulent pouvoir se passer de Dieu. C'est ça, le pêché originel, et le pêché en général, cette attitude de rejet de Dieu. C'est de là que découlent les pêchés contre lesquels les 10 commandements nous préviennent.

Reste la question : pourquoi Dieu a-t-il placé cet arbre défendu dans le Jardin s'il était aussi dangereux ? Reprenons la situation avant la chute : Dieu ne demande rien de religieux à l'homme et à la femme. Il ne leur demande pas de culte, pas de sacrifice, pas de règles à suivre. L'homme et la femme n'ont qu'à vivre, pleinement heureux, connaissant le bien. La seule condition c'est de laisser à Dieu sa place de Dieu, et c'est précisément ce que symbolise cet arbre : la liberté que Dieu laisse à l'homme de reconnaître Dieu pour qui il est, bon et souverain, ou de chercher à le destituer, et prendre sa place.

Ensuite, d'une part on voit continuellement dans la Bible que les hommes ne respectent pas le timing de Dieu, et d'autre part on symbolise souvent ce timing part un arbre qui donne du fruit en sa saison. Je crois sincèrement que Dieu avait prévu de permettre aux humains de "connaître" la différence entre le bien et le mal, mais en son temps, à un moment où les humains auraient été capable d'y résister.

La suite vendredi prochain !

8 mars 2011

La vérité sur le "pêché originel" : la femme

Avec la journée de la femme, on peut se demander : quelle est la place de la femme dans les plans de Dieu ? Les religions l'ont souvent opprimée, mais qu'en dit le grand manitou, selon la Bible ?

Tout le monde connaît l'histoire : Dieu crée Adam, puis Ève pour lui servir de boniche, et il leur interdit arbitrairement de connaître le bien et le mal. Ensuite c'est la femme qui a commis le pêché en mangeant la pomme, et à cause d'elle les humains sont condamnés par Dieu à vivre dans la souffrance, ce qui justifie que pendant des millénaires la femme n'a pas été considérée comme l'égale de l'homme. Et c'est comme ça qu'on fait des chocapics.

Et si on oubliait toute cette propagande traditionnelle pour se pencher sur ce que dit réellement le texte ? 3 points sont importants, et nous en verrons un chaque semaine, ce mois-ci.

1. Dieu a créé la femme égale à l'homme.

On peut le voir à plusieurs endroits. D'abord, le texte raconte que Dieu crée l'humain à son image, et il ajoute juste après "il les créa homme et femme". Et ce n'est qu'après que le récit revient en arrière pour raconter en détail le processus de la création de l'humanité.

Dans le détail, Dieu dit "Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui". D'abord, si l'homme ne se suffit pas à lui-même, s'il a besoin d'aide, c'est donc qu'il n'est pas complet sans elle. Dieu prendra d'ailleurs un côté (et non une côte) de l'homme (peut-être au sens de "l'humanité") pour créer la femme.

Ensuite, "aide" est en fait en hébreux un mot composé (littéralement "puissante-salvatrice") qui est attribué à Dieu 17 fois sur ses 21 utilisations dans l'Ancien Testament. Donc, quand on dit "aide", on ne veut pas dire "aide ménagère", ou "boniche", mais plutôt soutien, partenaire, alliée. Et puis, c'est une aide semblable à lui, qu'on traduit aussi par "un vis-à-vis", autrement dit quelqu'un qu'on peut regarder en face, sur un pied d'égalité.

C'est aussi pour ça que Dieu fait défiler l'ensemble des animaux de la création devant l'homme en lui demandant de trouver une "aide semblable à lui", et ce dernier dit qu'il ne trouve rien de satisfaisant parmi le règne animal. Par contre, quand il verra la femme, l'homme déclarera leur égalité : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair!.

La suite vendredi prochain !

4 mars 2011

Lire la Bible : un défi !

Après 5 aspects qui rendent la lecture de la Bible intéressante, en voici 5 qui font que la simple lecture ne suffit pas (il faut l'étudier aussi).

La Bible est :

1. Antique. Et pour cause, puisqu'elle date de l'Antiquité. Cela implique qu'il y aura de nombreux aspects qui nous sont a priori étrangers : particularités linguistiques, genres littéraires, contexte historique et géographique... Si pour en comprendre le message central il suffit de la lire, pour en apprécier toutes les implications et applications, et ne pas se précipiter d'office sur les interprétations traditionnelles, il faudra prendre le temps de l'étudier.

2. Offensante. Le message véhiculé par la Bible est brutal : Jésus est le seul chemin vers Dieu, tous les humains sont coupables devant lui, et tous méritent la mort, mais s'ils abandonnent tout dans leur vie pour s'en remettre à lui, alors ils seront épargnés. Qui voudrait croire ça ? Les premiers disciples en témoignent eux-mêmes : "Ton enseignement est dur. Qui peut continuer à le recevoir ?".

3. Réaliste. Je ne prétendrai pas que tout ce qu'on appelle les "miracles" semblent réalistes, je fais ici plutôt référence au style d'écriture. La Bible a été écrite comme une histoire vraie par des gens qui n'étaient pas romanciers. Alors c'est loin d'être un récit qui a été écrit dans le but de plaire ou de vendre, et ça se voit (notamment avec les interminables généalogies).

4. Partiellement obscure. Le message principal est clair, mais de nombreux passages sont difficilement accessibles. Dieu se révèle dans la Bible, mais il s'y révèle uniquement à ceux qui le recherchent. Ce sera pour eux une parole vivante, qui ressource, et pour toute autre personne un simple enchaînement de faits, sans conséquence personnelle. Jésus lui-même a souvent utilisé des paraboles afin que le message soit clair pour ses disciples et obscur pour ses ennemis (Mt 13:10-17). En d'autres termes, la foi précède la compréhension.

5. Volumineuse. La Bible, c'est un sérieux pavé. Et pour cause, c'est une vraie bibliothèque : 66 livres en tout ! Beaucoup de chrétiens eux-mêmes ne l'ont pas encore lue intégralement. Heureusement il existe des plans de lecture, en livres ou en blog, qui facilitent les choses (comme "La Bible en Un An").