28 janvier 2012

La rage des fans de séries télé

Lost, Weeds, Dexter, Desperate Housewives... Chaque épisode, chaque saison, chaque série est un produit - il faut le vendre, alors on le rend désirable pour les consommateurs que nous sommes. Il faut fidéliser sa clientèle, la rendre accroc - et pour cela, on  recours à des cliff hangerssituations périlleuses laissées en suspens à la fin d'un(e) épisode/saison/série, à l'image du héros agrippant le rebord d'une falaise, pour susciter l'angoisse chez le spectateur et lui donner envie de savoir ce qu'il va se passer ensuite.

Les scénaristes de séries télé imaginent toujours plus loin, toujours plus fort, des situations inextricables, pour que la foule d'honnêtes voyeurs que nous sommes s'arrache les cheveux en cherchant à deviner comment les protagonistes vont bien pouvoir s'en tirer.

Ce que l'on remarque, dans toute cette agitation, c'est le désir des spectateurs : nous voudrions que toute l'intrigue soit pensée du début à la fin avant même que la série ne nous soit offerte, nous avons horreur que les scénaristes poussent les cliff hangers au point de virer dans l'absurde (en fait, c'était fifi, le caniche de la tante cunégonde, qui avait tout orchestré !) ou le cliché (et ensuite les extra-terrestres envahissent la planète) pour résoudre la situation.

Cependant, comme le confessent les scénaristes de Lost, Weeds, Dexter, et autres séries modernes, ce n'est pas le cas. Très souvent, les scénaristes imaginent la situation la plus extrême et désespérée possible pour les instants de fin, puis rentrent tranquillement chez eux, ou partent en vacances, et ne se soucient de la suite de l'histoire que lorsqu'ils se retrouvent de nouveau.

Et ça se sent. Et on n'aime pas du tout ça.

Pourtant, c'est exactement ce qu'on reproche aux religions : leur idée saugrenue d'une grande histoire de l'humanité prédéterminée du début à la fin - ce qu'on appelle communément le méta-récit.

A la télé, on veut une trame cohérente et réfléchie, mais dans nos vies on veut une fin ouverte et inconnue. 

Ce désir révèle un problème bien plus profond - typique à notre génération - mais j'y reviendrai dans mon prochain article.

20 janvier 2012

Croire en Dieu, c'est arrêter de penser.

Il suffit de demander au premier de vos proches qui se dit chrétien : la plupart du temps, pour eux, Dieu est un concept flou et irrationnel, un ami imaginaire à qui on peut parler quand on va mal.

Mais on ne peut pas juger d'une croyance en regardant simplement comment certains prétendent la mettre en pratique. Ce serait comme condamner l'athéisme à cause des dictatures Nazi et Communistes.

Alors voyons ce qu'en disent les premiers chrétiens, qui ont vécu avec Jésus :

[Soyez] toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous.” - 1ère lettre de Pierre, chapitre 13, verset 15.

Examinez toutes choses; retenez ce qui est bon.” - 1ère lettre aux Thessaloniciens, chapitre 5, verset 21.

Mes chers amis, ne croyez pas aveuglément; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.” - 1ère lettre de Jean, chapitre 4, verset 1.

D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si la religion qui donne le plus lieu au débat rationnel, c'est le christianisme. Plusieurs choses y contribuent :

- D'abord la connaissance de Dieu se fonde sur un texte, la Bible, dont la méthode de transmission est la plus fiable parmi des écrits historiques anciens attestés comme La Guerre des Gaules.

- Ensuite le texte de référence du christianisme est un récit ancré dans l'Histoire, et qui offre donc des possibilités de vérification archéologique.

- Et puis c'est une collection de plus d'une soixantaine d'ouvrages écrits sur plus de mille cinq-cents ans par une quarantaine d'auteurs différents - on peut vérifier la cohérence et la continuité de l'ensemble dans son discours sur Dieu, et à propos de la condition humaine.

Prenons, par comparaison, le Coran : c'est d'abord un ensemble de phrases dispersées et rassemblées tardivement, et la fiabilité de la méthode repose plus sur la foi du croyant que sur une démarche scientifiquement valable. C'est aussi et surtout un discours philosophique et religieux (contrairement à la Bible qui est d'abord un récit de faits historiques), on ne peut donc quasiment pas en attester l'historicité. Puis, selon la tradition, il a été transmis par un seul homme - statistiquement, c'est beaucoup plus facile d'être cohérent.

Mais ce n'est pas particulier à l'Islam - les "textes sacrés" des grandes religions ne font pas le poids face à la Bible en matière de rationalité - ni dans la transmission, ni dans l'historicité, et encore mois dans la cohérence.

Alors, si croire en Dieu, c'est arrêter de penser - peut-être, mais normalement pas pour un chrétien. Plus que tout autre croyant, il est encouragé à réfléchir, et il a les moyens d'examiner rationnellement divers aspects des fondements de sa foi.

9 janvier 2012

Le Jésus Historique

"Le Jésus de la Bible n'est pas le gentil Jésus, doux comme un agneau; il n'est pas seulement celui qui enseigne de nobles vérités; il n'apprend pas aux hommes comment aller au ciel au moment de leur mort; il n'enseigne pas une "religion" ou une "spiritualité" apolitique et totalement coupée du monde, à travers laquelle les hommes pourraient échapper à leurs conditions d'existence et faire l'expérience d'une petite lueur religieuse individuelle à l'intérieur d'eux-mêmes.


Non ! Le Jésus des Évangiles - le Jésus authentique - s'en prend à l'ordre établi et l'ébranle profondément. Il se comporte en roi légitime des Juifs, alors que les juifs on déjà un roi (Hérode), qui sera extrêmement furieux quand il l'apprendra. Il annonce que le Dieu d'Israël est le vrai roi, qui procède déjà à l'établissement de sa royauté. Il invite tous les hommes à devenir sujets de son royaume. Il fait son entrée à Jérusalem et met la ville sens dessus-dessous. Il affronte les autorités en sachant pertinemment le sort qu'elles lui réservent. Et, alors que les chefs du peuple sont sur le point de l'arrêter, il célèbre avec ses disciples un étrange repas destiné à indiquer avec force, sur le moment et jusqu'à la fin des temps, la signification qu'il donne à sa mort violente."

- Jésus, retour aux sources : la vie et la vision d'un révolutionnaire, Tom Wright (éd. Excelsis, p.122-123).

6 janvier 2012

Amour ou désir ?

On en est venu à présumer que le meilleur, si ce n'est le seul moyen de juger de quoi que ce soit, c'était d'être un observateur extérieur et objectif.

Et l'amour ? On ne peut pas savoir vraiment ce que c'est que l'amour en étant un "observateur extérieur et objectif". Les manifestations de l'amour s'observent peut-être, mais lui, se vit - c'est pour ça qu'il est fait, et c'est comme ça qu'on peut le comprendre.

L'amour,
C'est plus qu'un sentiment, c'est un choix; 
Plus qu'une relation naturelle chez l'homme, 
C'est une confiance renouvelée chaque jour malgré la peur et le doute;
Plus qu'un contrat donnant-donnant,

C'est un don entier de soi sans attente en retour;
Plus qu'un risque pris aveuglément,
C'est une certitude de ce qu'on veut.

Mais cet amour n'a rien à voir avec ce qu'on nous vend aujourd'hui - le désir. L'amour est bien plus grand, bien plus beau, bien plus essentiel pour répondre aux besoins humains, que l'excitation passagère et frustrante du désir. L'amour nous libère, le désir nous soumet à nos pulsions.

Alors, est-ce que tu aimes, ou est-ce que tu désires ?

2 janvier 2012

Elle est Babel, la vie ?

A Babel, l'homme désire prendre sa destinée entre ses mains, il se sépare de Dieu et cherche à créer un empire indépendant de son autorité. Par un impérialisme politico-religieux émancipé de Dieu, il cherche à bâtir, consolider l'unité de la race humaine. Il se révolte contre le mandat créationnel "...remplissez la terre".

- Pierre Berthoud, En Quête des Origines, p.127.