2 mai 2010

Les Apôtres croyaient que Jésus était physiquement ressuscité

(3) Les Apôtres croyaient que Jésus leur était apparu sous une forme tangible. Ils pourraient, en fait, s’être trompés, mais ils croyaient certainement que Jésus leur était apparu sous forme physique (réf. Mt 28 :9, Lc 24 :39-43, Jn 20 :27), et ainsi on été transformés par cette expérience. Deux points doivent être établis ici.

D’abord, ils croyaient que la résurrection était physique. Nous avons parlé de ça dans le paragraphe précédent mais cela mérite une défense complète ici. Wright retrace tout usage majeur du mot « résurrection » dans les littératures Hébraïques, Grecques et Romaines.

Il met à mort l’argument rationaliste classique que les Apôtres prêchaient une résurrection mystique ou « spirituelle » plutôt qu’une résurrection physique. « Pour autant qu’Homère ait quoi que ce soit à dire en terme de résurrection, il est plutôt définitif : ça n’arrive pas ». Eschyle est encore plus vif : « Une fois qu’un homme est mort, et que la poussière a absorbé son sang, il n’y a pas de résurrection ». Homère et Platon (les équivalents de l’Ancien et du Nouveau Testament en termes de philosophie grecque) évoquaient la résurrection de manière dépréciative.

Les références pourraient être plus nombreuses mais ce qui importe ici est de démontrer que non seulement les Grecs et les Romains ne croyaient pas en la résurrection, mais en plus ils écartent l’idée puisque la mort était pour eux une libération de leur prison corporelle (réf. Origen, Contra Celsum 5.14). La résurrection était la doctrine centrale de la prédication chrétienne, dans un monde qui affirmait catégoriquement qu’une telle chose était impossible (Actes 17 :32 ; 1 Cor 1 :18).

Pour les Juifs, c’était une autre histoire. Alors que tous les Juifs ne croyaient pas à la résurrection, ceux qui y croyaient la considéraient toujours physique, toujours eschatologique, et toujours pour l’ensemble de l’humanité à la fois. Par conséquent, on peut dire que la vue chrétienne de la résurrection ne pourrait s’être développée que dans un contexte juif mais a été radicalement transformée par l’Église.

Ils proclamaient cette idée bizarre qu’un seul individu dans l’histoire de l’Humanité avait été sauvé de sa tombe dans un corps transformé. Cela mène à deux conclusions inévitables : d’abord quand les disciples parlaient de résurrection, le contexte était celui d’une résurrection physique, corporelle ; ensuite l’Église débutante parlait de résurrection en termes juifs, mais l’ayant aussi radicalement altéré d’au moins six façons.

La vision chrétienne de la résurrection diffère de toute vision juive du premier siècle après JC de plusieurs manières :

1 - Elle était individuelle (Jésus) et pas générale (nationale) ;
2 - C’est arrivé de leur vivant et dans leur région contrairement aux considérations eschatologiques (réf Jn 11 :24) ;
3 - Le corps était transformé, pas simplement ressuscité ;
4 - Cette croyance qui était secondaire pour le Judaïsme devient centrale pour l’Église débutante ;
5 - C’était en deux étapes, pas une, avec Jésus préfigurant notre résurrection eschatologique (à la fin des temps);
6 - C’était appliqué au Messie, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.

Cette nouvelle théologie radicale de résurrection nécessite une explication. On ne réécrit pas le contrat sans avoir de très bonnes raisons.

Deuxièmement, quelque soit la chose dont les disciples ont pensé faire l’expérience, cela les a transformé. Pierre est passé de lâche dans la cour (Mt 26 :69-75) à prêcheur audacieux sous le portique de Salomon (Actes 2:14-41; Gal 2:7-9). Jacques, le demi-frère de Jésus, est passé de critique (Mc 3:21, 31-35; Jn 7:1-9) à Apôtre et meneur qui jouera un rôle clé dans l’Église de Jérusalem (Actes 12:17; 15:13; 21:18; 1 Cor 15:7; Gal 1:19; 2:9). Thomas est passé de sceptique à adorateur (Jn 20 :24-28), proclamant la divinité de Jésus, ce qui est probablement la chose la plus extraordinaire de la part d’un juif monothéiste à un autre être humain : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v.28).

La conversion de Saint Paul est probablement le cas le plus documenté au niveau historique. Luc rapporte sa conversion trois fois (Actes 9, 22, 26) tout comme Paul lui-même (Gal 1 :11 ; Cor 9 :1 ; 15 :8-11). Il était précédemment un chef persécuteur de la Voie (Actes 7 :58 ; 8 :1-3 ; Gal 1 :13 ; Tim 1 :13), et devient l’un de ses acteurs clé. En bref, quelque chose d’extraordinaire a dû arriver à ces hommes pour qu’ils réagissent de cette manière.

Par Mark E.Moore, professeur de Nouveau Testament et d'Herméneutique à l'université chrétienne de Ozark, au Missouri(site web).

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