16 avril 2010

Forme des textes du Nouveau Testament

Ces biographies répondent aux critères de l’époque, c’est-à-dire la société Juive d’il y a plus de deux mille ans. Tout effort d’interprétation selon des normes modernes n’aurait aucun sens, et ne ferait que trouver des incohérences et des contradictions, des points à éclaircir et plus généralement considérerait que ces biographies sont de très mauvaise qualité. Par exemple, on ne sait quasiment rien de la vie de Jésus avant ses trente ans, sinon un épisode à ses douze ans dans l’Évangile de Luc (pourtant historien).

Aujourd’hui on pense que l’enfance conditionne le reste de la vie, aussi se fait-on un devoir de raconter sa vie en commençant par le début, mais à l’époque de telles considérations n’étaient pas encore apparues. Le respect s’acquérait avec l’âge et éventuellement la manière dont on naissait, mais ce que l’on faisait en tant qu’enfant n’avait aucune importance. Sans parler du fait que Jésus a professé à partir de ses trente ans, donc pourquoi relater toute une période de sa vie où il ne délivre pas de message quand le but même de la rédaction de cette biographie, c’est de proclamer ce message ?

La raison pour laquelle on enregistrait l’histoire, c’était parce qu’on pensait qu’on pouvait en apprendre des leçons, et on s’attardait donc sur les moments de la vie des gens qui étaient riches en enseignements. Et c’est ce qu’on retrouve dans les Évangiles. De même il ne semblait pas de la plus grande importance de raconter tous les évènements dans un strict ordre chronologique ou de citer à la lettre les déclarations des gens, du moment que l’essence du message y était. Enfin, il y a une raison théologique pour tout ça : tout ce en quoi les chrétiens croient repose sur la résurrection du Christ, donc il est normal d’y accorder la majeure partie du récit .

Il y a aussi l’hypothèse de l’existence à l’époque d’un document qui aurait rassemblé tous les enseignements de Jésus à proprement parler, nommé Q (pour Quelle, « source » en allemand). C’était alors un genre littéraire tout à fait commun. Étant donné les ressemblances de langage et de contenu entre les Évangiles, Matthieu et Luc se seraient inspirés de l’Évangile de Marc , mais auraient aussi incorporé des extraits de Q, absents de l’Évangile de Marc.

On peut aussi voir dans la forme même des Évangiles que ces récits ont les traits d’une histoire vraie. On connaît bien l’histoire des criminels qui accordent leurs violons, et toute série télé vous dira qu’il y a plus de chances qu’une histoire soit vraie s’il y a des versions qui diffèrent légèrement plutôt que plusieurs fois la même version. Et c’est ce qu’on retrouve dans les Évangiles : environ 40% de différences.

Et cela ne signifie pas 40% de contradictions. On compte dans les différences : le choix des épisodes de la vie de Jésus qui sont racontés, la narration de ces épisodes (par exemple l’arbre que Jésus aurait fait dépérir à l’instant même ou il le maudit dans un Évangile, tandis que dans un autre Évangile cela prend plus de temps, quelques heures probablement), le phraser de Jésus (dont les diverses formulations, comme je l’ai expliqué, ne doivent pas être vues comme un problème majeur, d’autant que si les mots exacts changent, le style général est plus harmonieux que discordant), et enfin quelques contradictions apparentes.

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