6 décembre 2009

La Foi, c'est irrationnel !

Bien sûr. A partir du moment où une chose n'est pas fondée sur la raison, elle est irrationnelle.

Tout comme l'imagination, l'expérience, l'intuition, et la tradition, notamment. Pourtant on utilise ces choses tous les jours comme base de notre vie. Sans parler du fait que la raison a ses limites.

Le libre-arbitre, par exemple. La capacité de faire des choix libres est impossible à justifier par la raison. Plus on y réfléchit, plus on dissèque le processus, et plus on se rend compte que ses composants sont soumis à l'influence de l'inné et de l'acquis, au point qu'il n'y ait rien d'indéterminé. Donc pas de libre-arbitre, juste une jeu d'influence sur lequel le contrôle que l'on exerce résulte entièrement des influences qu'on a subi.

Pourtant nous vivons dans un monde qui présume du libre-arbitre, car sinon, comment être responsable de ses actes ? C'est bien là-dessus qu'est fondé tout notre système judiciaire, et tout notre mode de pensée. Nous avons l'impression du libre-arbitre, nous en avons l'intuition, et la tradition nous dit que nous sommes libres. Mais la raison n'arrive pas à concevoir le libre-arbitre.

Alors, ne sommes-nous pas tous irrationnels ?

Cela dit, ça n'empêche pas la foi, tout comme les autres éléments cités plus haut, d'interagir avec la raison. Ce sont des éléments différents mais pas forcément opposés. Irrationnel ne veut pas dire anti-rationnel. Il s'agit au final d'utiliser tous ces éléments ensemble, de les frotter les uns aux autres et voir ce qu'il en ressort.

3 décembre 2009

"Les chrétiens ne sont jamais adultes !"

Récemment je parlais avec une amie à qui j'expliquais qu'être chrétien, ça voulait dire qu'on remettait toutes ses décisions, toute sa vie, sous l'autorité de Dieu. Et elle m'a répondu : "Mais c'est horrible ! Alors les chrétiens ne sont jamais adultes!".

Je n'ai pas eu le temps de répondre à ça, nous n'étions pas seuls, mais je prends le temps de le faire maintenant. Trois références de la Bible content la même anecdote :

Évangile de Luc, chapitre 18, versets 15 à 17.
Évangile de Marc, chapitre 10, versets 13 à 16.
Évangile de Matthieu, chapitre 19, versets 13 à 15.

"On lui amena aussi les petits enfants, afin qu'il les bénisse. Mais les disciples, voyant cela, reprenaient ceux qui les amenaient.

Et Jésus les appela, et dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.

Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point."


Donc oui, les chrétiens cherchent à dépendre de Dieu autant que possible. Pourquoi ? Parce qu'ils croient que de toutes façons, les hommes dépendent de Dieu à 100%. Mais Dieu leur laisserait la liberté de le reconnaître et d'agir en conséquence, ou non.

Ainsi, que l'on soit chrétien ou non, la Bible enseigne que les humains sont des enfants, mais qu'ils cherchent à se prendre pour des dieux en vivant selon leurs propres règles, selon leurs propres lois. Et leurs propres lois les condamnent, d'ailleurs. Tout le monde a des regrets, tout le monde fait des erreurs.

Même si l'on ne croit pas en Dieu, on cherche un dieu, un idole. Que ce soit soi-même, une relation, une personne, un objet, un idéal, etc. C'est la chose qui a le plus d'importance dans notre vie, qui lui donne un sens et dont on attend que cela nous épanouisse. Mais ces idoles nous déçoivent.

La Bible enseigne que Dieu est la seule chose qui peut concrètement donner tout son sens à notre vie, et répondre à toutes nos attentes.

1 décembre 2009

La psychologie de l'évangélisation

On pourrait penser qu'en changeant les idées des gens, on arrive à changer leurs actes. Mais combien de gens se disent convaincus - et le sont - qu'il faut faire quelque chose pour aider la planète ? Et combien le font ?

En étudiant la communication, on se rend compte qu'il y a plusieurs conditions qui font qu'on arrive a bien communiquer quelque chose aux gens.

Alors autant en prendre conscience, afin d'éviter de se retrouver à mal communiquer quelque chose à quelqu'un, ou même avant de se lui communiquer le contraire de ce que nous estimons bon pour cette personne. Exemple : votre amie a de mauvaises notes en maths, elle aimerait en avoir de meilleures. Vous l'engueulez, pour la motiver, mais elle le prend mal et rompt le contact avec vous. Vous lui avez communiqué votre message, mais ça n'a pas eu l'effet escompté, et qui lui aurait été profitable.

Dans tous les cas, il ne s'agit que de mieux contrôler l'influence que nous avons sur les gens étant donné les données culturelles et psychologique des gens (de la politesse en quelque sorte), et non pas de prendre les décisions à leur place. Revenons-en donc à nos moutons. La communication aux gens pour leur présenter l'évangile. Il ne s'agit pas de leur cacher nos intentions, au contraire. Cela consiste en plusieurs principes :

- Le cadre de liberté. Cela va de paire avec une déclaration d'intentions claire. Exemple : Des étudiants chrétiens vont dans un parc par un après-midi ensoleillé, et abordent un groupe de jeunes : "Bonjour, nous sommes chrétiens, nous voudrions partager notre foi avec vous, est-ce que ça vous dirait?". Les intentions sont claires, et les gens sont libre d'accepter ou de refuser. S'ils acceptent, alors ils auront pris la décision de s'intéresser à la chose, et ils seront bien plus ouvert à l'influence que vous aurez que si vous leur forcez un peu la main en vous imposant. S'ils refusent, vous évitez de perdre votre temps et le leur.

- L'engagement. Exemple : Vous invitez un ami à un événement chrétien, dans un cadre de liberté. Mais trop de liberté n'est pas toujours recommandé : si vous lui dites que l'évènement aura lieu à tel endroit à telle heure, et qu'il vient s'il veut, il aura peut-être envie de venir au moment où vous lui en parlez, mais plus tard, d'autres choses peuvent influer (humeur, etc.). Mieux vaut parfois lui proposer de prendre la décision au moment où il est le plus enclin à la prendre. Expliquez-lui ça clairement, et invitez-le à prendre la décision directement. Et une fois qu'il se sera engagé à venir, les chances qu'il vienne augmentent considérablement. Encore plus si l'engagement est public (cela demande plus de résolution de s'engager devant d'autres personnes). Notez deux choses: 1. Modulez votre façon de le présenter en fonction du degré d'intimité que vous avez avec la personne (Tu vas venir? Tu comptes venir? Tu penses venir?) et 2. Encore une fois que vous ne faites qu'influer sur le contexte de la décision, pas la décision elle-même, qui reste la sienne.

- L'acte préparatoire. Un autre moyen de proposer aux gens une orientation vers une identification particulière (qui leur correspond), c'est un acte préparatoire. Il faut que ce soit un acte peu coûteux en ressources (temps et efforts).

Exemple : Vous proposez un atelier sur la relation entre souffrance et spiritualité. Encore une fois, expliquez dès le départ et clairement vos intentions, et identifiez-vous. La personne participe à une petite activité, puis l'atelier se conclue par quelques questions sur la relation entretenue par la personne entre sa souffrance, celle qu'elle inflige aux autres, et sa spiritualité. La petite activité ludique "prépare le terrain" pour donner envie à la personne sondée d'aller plus loin.

- L'identification. Cela peut sembler tirer un peu vers la "vraie" manipulation - mais encore une fois ce n'est que difficilement le cas, comme je l'explique plus loin. L'identification est un principe selon lequel les gens agissent en fonction de ce qu'ils identifient comme leur ressemblant. On peut aussi appeler ça de l'édification ou de la flâtterie, selon la manière dont c'est utilisé.

Exemple : Vous faites la publicité d'un événement chrétien à une personne non-chrétienne en lui disant que vous lui en parlez parce que vous savez que c'est une personne ouverte d'esprit. La personne pourra alors s'identifier comme "ouverte d'esprit", ce qui accroît les chances qu'elle fasse un acte qui est "ouvert d'esprit" - à savoir, aller à cet événement chrétien.

L'important est que la personne s'identifie (d'elle-même ou parce que vous lui suggérez) comme ouverte d'esprit. Ce n'est pas une question de flatter les gens, mais de mettre en relation leurs idées/valeurs et leurs actes, de créer un lien entre les deux. Ce n'est pas "Tu es comme ça donc tu dois faire ça", mais plutôt "Puisque tu es comme ça, ça t'intéressera sûrement de faire ça". Ne suggérez pas à quelqu'un une identification qui ne lui correspond pas, ça ne marche pas (si les gens ont l'impression que vous leur avez forcé la main, ils seront très prompts à revenir sur leur décision).

- Le contact. Vous obtiendrez toujours des gens qu'ils soient plus honnêtes si vous établissez un contact direct avec eux : en les touchant (une main sur l'épaule ou l'avant-bras), en les appelant par leur prénom (plutôt qu'un "tu"), etc.

- L'influence minoritaire. On pourrait croire que d'aborder les gens dans une situation de force (ex : 2 chrétiens vs 1 non-chrétien) est un avantage. En fait, c'est plutôt un désavantage, le non-chrétien se sentira sous pression parce qu'il ne sera pas conforme à la majorité des gens autour de lui. La situation peut être désamorcée si l'un des chrétiens se rallie parfois à l'avis du non-chrétien, mais cela risque conforter le non-chrétien dans sa vision des choses, à laquelle il se rattachera de manière défensive. Dans une confrontation égalitaire (ex: 2 chrétiens vs 2 non-chrétiens), les gens risquent de se positionner dans une logique de débat : il faut avoir raison, il ne faut pas abandonner. La dernière technique, c'est l'influence minoritaire (1 chrétien vs 2 non-chrétiens). Les non-chrétiens, majoritaires, ne ressentirons aucune pression d'avoir raison puisqu'ils sentiront qu'ils font partie de la majorité. Ainsi ils seront beaucoup enclins à recevoir le message de la minorité. Pas immédiatement, par contre, puisqu'ils chercheront à garder cette majorité, mais votre message pénètrera librement dans leur esprit. Bien sûr, attendez-vous à être sous pression.

Voilà, c'est une panoplie de techniques pour mieux communiquer, appliquée à l'évangélisation. Pour vous donner une idée de la manière dont cette science peut être mal utilisée - même à de "nobles" fins - et donc ce que nous ne cherchons absolument pas à faire, voici mon expérience avec une association caritative.

Je vous laisse tout de même avec une question très importante : Ces techniques de communication ne prennent-elles pas la place de l'Esprit Saint au sein de l'évangélisation ? Je ne pense pas, mais les dérives possibles vers la manipulation, si. Et puis, elles iraient à l'encontre de ce en quoi on croit, en tant que chrétien.

PS : Merci à Tim et Camille pour leur apport dans la rédaction de cet article !