25 juin 2012

Question-piège

En on continue avec les "faux raisonnements" du lundi.

Il s'agit de poser une question qui repose sur une certaine supposition. Or cette supposition fait qu'on ne peut y répondre sans se faire des ennemis, on a l'air coupable si on n'y répond pas.

Elle est souvent alliée à la technique rhétorique de la question directe, qui prend la forme suivante : "Est-ce que, oui ou non, ...", pour forcer l'adversaire soit à prendre une position tranchée, soit à avoir l'air d'éviter la question.

Ex : Est-ce que, oui ou non, les riches doivent payer pour les pauvres ?

Répondre oui, c'est être pour une société d'assistanat; répondre non, c'est être insensible et borné.

La question est vague, et sous-entend une opposition entre riche et pauvre (bien sûr sans définir les termes ou le cadre de la question). Chacun verra dans la réponse le bien ou le mal qu'il veut y voir (la question sous-entend généralement le mal), et généralisera à partir de là pour se faire une idée de l'éthique de la personne.

Le mieux, c'est une manœuvre d'esquive offensive : refuser la question, soit en la déplaçant ("La vraie question, c'est..."), soit en s'offusquant ("Comment osez-vous me poser une question pareille ?"). En tous cas, la manœuvre d'esquive défensive est à éviter parce qu'elle aura l'air de langue de bois : "C'est une question qui mérite d'être étudiée en temps voulu...".

22 juin 2012

T'es pauvre ? Tant pis.

Naître en République dans une clinique chauffée, avoir des parents en vie, un frigo plein, une éducation gratuite, la sécurité sociale... je n'ai rien mérité de tout ça, je suis simplement né dans cet environnement. Je peux disposer de tout ça parce que des hommes et des femmes (chrétiens pour la plupart) se sont associés et ont lutté pour établir une société où l'homme vivrait dans de bonnes conditions.

Je ne l'ai pas mérité, mais j'en ai hérité.

Quelle doit-être ma première réaction ? La reconnaissance. Et un sens des responsabilités. C'est parce que j'ai hérité de ces richesses que je dois en faire profiter d'autres. Agir autrement serait égoïste - l'amour que j'ai reçu me pousse à en donner, parce que c'est la nature même de l'amour. C'est à ceux qui ont en abondance d'aider ceux qui sont dans le besoin... et ne sommes-nous pas tous le riche d'un autre ?

Il est facile de s'imaginer généreux, mais c'est difficile de l'être. Savoir ce qu'on ferait d'un million d'euros est sans importance. Ce qui est important, c'est de savoir ce qu'on va faire des 20€ dans notre poche, ou des 1000€ sur notre compte.

Alors ! Ne savons-nous pas tous que le problème des inégalités dans le monde est avant tout un problème de répartition des richesses ? Et que fait-on pour inverser la tendance, ici et maintenant ?

Peu, au final, car il ne suffit pas de savoir ça pour changer. La connaissance n'a jamais rendu personne meilleur. La peur, les doutes, l'avidité subsistent. Il faut que notre cœur égoïste change, il faut qu'on se contente de ce que l'on a, de ce qui nous est donné, pour discerner ce qui est superflu et le distribuer à ceux qui en ont besoin. Évidemment ça aide si nos parents nous ont montré le bon exemple, mais ce n'est jamais tout-à-fait le cas.

Jésus n'encourage ni la pauvreté ni la richesse, mais simplement la confiance en un Dieu qui pourvoit, afin d'inciter au don de soi et de ses ressources à l'autre. Dieu n'a pas besoin de notre générosité, mais il veut qu'on l'honore en étant généreux comme il est généreux, qu'on aime comme il aime. Parce que Dieu est amour, il veut qu'on donne comme il se donne, comme il s'est donné en Jésus. C'est lié à sa personne, et à la nôtre : si nous voulons être généreux, c'est parce que nous sommes faits à l'image de Dieu; et pour être généreux comme il l'est, il faut le connaître.

Car comment savoir comme il est généreux, et comment il aime, si on ne le connaît pas ? Si on n'accepte pas sa générosité et son amour, c'est-à-dire le don de son fils Jésus pour pardonner nos crimes, alors on ne le laisse pas nous influencer, notre cœur ne change pas, et on ne peut pas devenir comme lui. C'est pour cela que faire le bien, ça demande avant tout d'être quelqu'un de bien, et ça s'apprend d'abord par une relation avec Dieu.

Es-tu seulement prêt à te fournir à la source pour être riche de l'amour de Dieu pour les hommes ?

18 juin 2012

Exception à la règle

Toujours dans la série "faux raisonnements", je vous propose ce lundi de nous intéresser à ce qu'on appelle l'exception à la règle.

Lorsqu'une affirmation ne se vérifie pas, mais qu'on veut la maintenir tout de même, on peut faire deux choses : soit on change les règles, soit on crée une exception, pour expliquer que l'affirmation ne se vérifie pas.

Ex: Je dis que je peux faire disparaître des objets par magie. J'essaye de le faire devant tout le monde, mais ça ne marche pas. Alors soit je dis que ça ne marche que si tout le monde a les yeux fermés, soit je dis qu'aujourd'hui l'alignement des planètes ne l'a pas permis.

Bien sûr mes exemples de faux raisonnements sont toujours faciles à démasquer - c'est pour que le principe soit clair. Dans la pratique, c'est souvent plus sournois que ça.

15 juin 2012

La loi affranchit, la liberté opprime

"J'aime le sexe plus que vous, bordel !". C'est le titre potentiel d'un éventuel article à venir sur le site de mon estimé collègue, JR, étudiant en théologie (je te recommande notamment ses excellents Épîtres aux Geeks). En attendant qu'il prenne le temps d'explorer le sujet plus en détail, voici déjà quelques idées.

Le mariage. Plusieurs de mes amies d'enfance, initialement opposées à l'idée de se marier un jour, ont finalement envisagé le mariage, après de nombreuses étapes : s'embrasser, "c'est compliqué", être dans une relation, emménager ensemble, se pacser, se fiancer... et finalement se marier. D'après l'une de ces amies, c'est la progression qui est équilibrée et qui permet de se faire à cette idée d'abord insoutenable. D'après une autre encore, c'est un peu en réaction à la génération de nos parents qui ont trop rejeté les conventions sociales : on veut y revenir.

Et n'est-ce pas plus mal ? Quand on entend, particulièrement dans les milieux chrétiens, que le PACS est une menace pour le mariage - c'est un contrat moins contraignant, moins engageant - ce qu'on constate en réalité c'est qu'il sert plus souvent de préparation au mariage, parce que les gens ont tout autant envie de s'engager, mais ça leur prend simplement plus longtemps. Ne comprend-on pas pour une génération ce qu'on comprend sans peine pour un chat échaudé, à savoir, qu'il craint l'eau froide ?

Loi et liberté. Mais pour en revenir au titre de l'article, je veux parler de ce paradoxe : Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, c’est la loi qui affranchit (Henri Lacordaire). J'en ai déjà parlé lorsque j'ai évoqué l'analogie du jeu de basket : on a besoin de règles, d'un cadre, dans lequel s'exprime notre liberté. Pas de cadre, pas de règle, et on est à la merci du plus violent des joueurs. De la même manière - et c'est à toi, à moi, à nous, génération échaudée, que je parle - dans une société libérale, la femme qui n'est pas prête à coucher rapidement pour entamer une relation perd un avantage concurrentiel face à celles qui seront prêtes à le faire. Et tout est comme ça.

C'est la liberté qui opprime, c'est la loi affranchit. Une autre de mes amies m'a confié un jour qu'elle avait découvert que l'acte sexuel créait un lien intime avec l'autre, et que tout échec relationnel, aussi profitable qu'il soit du point de vue de l'expérience, l'avait endommagé. Si la liberté consiste à faire fi des conséquences de ses actes, à croire qu'on n'est qu'un bout de chair dont notre esprit peut user à sa guise, alors, la liberté est un régime carcéral.

Être libre, c'est du boulot. Parce qu'être libre, c'est être responsable de soi, et devant les autres.
On est souvent responsable de nos échecs relationnels, qu'on veuille le reconnaître ou non, parce qu'on ne sait tout simplement pas ce que c'est une vraie relation. Nos parents le savent rarement mieux, malheureusement.

Mais je connais quelqu'un qui veut avoir une relation avec toi, et par là même t'enseigner ce que c'est qu'une vraie relation; quelqu'un qui te pardonnera tes infractions à sa loi de liberté, t'encouragera et te soutiendra pour que tu apprennes ce que c'est que la liberté dans les relations, et que tu le mettes en pratiques. Ce quelqu'un, c'est Jésus.

Es-tu seulement prêt à être libre ?

11 juin 2012

L'Attaque personnelle

Ce lundi, comme tous les lundi désormais, nous allons voir un faux raisonnement : l'attaque personnelle.

Le titre est assez transparent : il s'agit d'attaquer le caractère ou le physique d'un adversaire plutôt que ses arguments. Ce peut être plus ou moins subtil, des insultes directes aux sous-entendus. En discréditant l'adversaire en tant que personne, vous discréditez son discours.

A titre d'exemple, voici une analyse de débat politique entre Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie, réalisé par la très pertinente association AequiVox.

4 juin 2012

La pente glissante

Comme je l'ai annoncé récemment, chaque lundi je te proposerai de revenir sur un raisonnement répandu mais illogique, afin de clarifier nos pensées et de débattre sans faux-pas. Aujourd'hui, voyons le principe de la pente glissante.

Il s'agit d'affirmer que si on laisse se produire une première chose, on en viendra nécessairement avec le temps, au travers de plusieurs étapes, à une seconde chose, qui elle est inacceptable. Et donc, on en conclut qu'il ne faut pas laisser se produire la première chose.

Autrement dit : A mène à Z, or Z = pas bien, donc A = à proscrire.

Cela peut sembler logique. Le problème de ce raisonnement, c'est qu'au lieu de répondre à l'argument présenté, il détourne l'attention vers des hypothèses extrêmes, ternissant l'argument d'origine avec des conjectures sans fondement. Des expressions exagérées et irréalistes comme "... alors, c'est la porte ouverte à tous les abus !" dénotent typiquement ce faux raisonnement.

1 juin 2012

Bouddha dans la Bible

On entend parfois dire que Jésus est reconnu comme un sage dans le Bouddhisme, mais sait-on que Bouddha était mentionné dans la Bible ?

Cependant, avant toute chose, une précision : en disant "Bouddha", je ne veux pas parler du fondateur du Bouddhisme, le prince Siddharta Gautama. Celui-là n'est clairement pas mentionné dans la Bible.

Le Bouddha, selon la doctrine bouddhiste, c'est celui qui est parvenu à l'état d'éveil, celui qui a tout compris de la condition humaine et de l'univers dans lequel nous vivons - c'est-à-dire que la souffrance résulte de nos propres fautes (notamment notre ignorance qui nous pousse à nous prendre pour des êtres individuels et personnels), et qu'elle s'articule selon le système du karma. Or il y a une personne qui prêche de message dans la Bible : Éliphaz.

Qui était Éliphaz ? C'était un ami du tristement célèbre Job, cet homme innocent sur qui tous les malheurs du monde s'abattent. Pourquoi ? Revenons au début de l'histoire. Job a foi en Dieu, il est heureux, il est riche et a une grande famille. Mais Satan accuse Job devant Dieu d'être un croyant "intéressé" : il serait un "bon" croyant uniquement parce qu'il est béni de Dieu. Alors Dieu montre à Satan que Job a foi en Dieu indépendamment de ses bénédictions : Job perd ses biens, sa famille, et sa santé, du jour au lendemain, et il continue d'avoir foi en Dieu malgré ses souffrances.

Ayant vu le sort atroce de son ami, Éliphaz vient pleurer avec lui, et cherche à le consoler. Mais Job est inconsolable. Il veut savoir : Pourquoi souffre-t-il ? Quel crime a-t-il commis ? Et là, Éliphaz entreprend de lui expliquer : il y a une chose qui s'appelle la rétribution, un système automatique et inévitable, qui rend le mal pour le mal et le bien pour le bien. Donc si Job souffre, c'est qu'il a dû le mériter, et rien ne peut soulager ses souffrances. Il n'a qu'à l'accepter.

Le fondateur du Bouddhisme, le prince Siddhartha Gautama, a tenu un discours similaire. Voici une anecdote qui le montre bien : son cousin Devadatta, par jalousie, cherche à le tuer, puis provoque un schisme parmi la première communauté bouddhiste, mais au final il regrette ses actes et cherche le pardon et la réconciliation avec Siddhartha. Ce dernier refuse : Devadatta a beau s'être repenti, il doit payer pour ses crimes. Siddhartha déclare ne rien pouvoir pour lui, et que même mille bouddha ne pourraient rien pour lui.

Pourtant dans la Bible, Dieu condamne le discours d'Éliphaz. Cet homme a cherché à expliquer, à justifier systématiquement la souffrance - alors qu'on ne peut pas le faire. Il a fait du principe de rétribution quelque chose d'absolu, d'implacable, d'impersonnel, alors que Dieu est personnel, relationnel, compatissant, et prêt à pardonner. Par comparaison, Jésus ira lui-même chercher Pierre, qui l'a abandonné et renié trois fois, et Paul, qui persécutait avec zèle les premiers chrétiens, pour leur pardonner et les établir comme disciples.

Là où mille bouddha auraient échoué, Jésus réussit. 

Contrairement à Bouddha, Jésus te cherche et t'invite, quel que soit ton parcours, il te pardonnera tes fautes si tu veux le suivre. Es-tu seulement prêt à le faire ?