22 avril 2011

Journal d'un Chrétien - en voyage...

Je pars en voyage. J'en profite pour faire une pause - Journal d'un Chrétien reprendra donc début septembre 2011.

D'ici-là je vous invite à faire un tour sur le blog et à consulter les articles les plus lus ("Pages cornées", indiqués sur la droite, sous l'image), ou à explorer les catégories qui vous intéressent particulièrement ("Marque-pages").

Je vous invite aussi à parcourir les lectures recommandées (tout en bas à droite), et à jeter un oeil aux autres sites et blogs qui ont des perspectives similaires à celui-ci (liens tout en haut de la page).

Voilà ! Passez un bon printemps et un bon été !

Elias.

15 avril 2011

Heureux les simples d'esprit

Cette phrase trop souvent mal comprise ouvre le "sermon sur la montagne", le discours le plus connu de Jésus. Elle constitue aussi l'entame d'une série de "heureux ceux qui...", intitulées les "béatitudes", tout aussi mal interprétées par la tradition populaire.

Alors, de quoi s'agit-il exactement ? D'abord, il faut faire une remarque : "Heureux" est ici une traduction du grec makarioi (μακάριοι) qui signifie "béni". Autrement dit, il s'agit de bénédictions, qui sont des sujets de réjouissance.

Reprenons le passage phrase par phrase.

Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Puis, ayant ouvert la bouche, il leur dispensa son enseignement, en disant:

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!

Il ne s'agit pas d'être un "imbécile heureux", mais d'être "pauvre en esprit", autrement dit, de reconnaître sa pauvreté spirituelle. Jésus professait que Dieu était source de vie, et que les hommes, ayant rompu avec lui, étaient spirituellement morts. Ainsi, ceux qui on l'humilité de reconnaître leur limitation spirituelle pourront renouer avec Dieu et bénéficier de son esprit de vie.

Heureux les affligés, car ils seront consolés!

Jésus est-il en train de dire que c'est bien de souffrir ? Non, il est en train de dire que ceux qui souffrent ne seront pas seuls, qu'ils ne seront pas ignorés de Dieu, et que c'est en ça qu'ils peuvent se réjouir. La bénédiction réside en la réconciliation avec Dieu et sa présence à nos côtés pendant les passages difficiles.

Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre!

Débonnaires ? Pour comprendre le terme, on peut le mettre en parallèle avec le Psaume 37, qui promet le même héritage aux "misérables" et à "ceux qui placent leur espoir en Dieu". Être débonnaire, ici, c'est ne pas laisser le monde avoir d'emprise sur soi, c'est prendre Dieu comme fondement pour tous ses choix, et cela peut mener à un aspect extérieur de misère. Le monde adore et déteste les débonnaires, parce qu'ils sont incorruptibles, indomptables, intransigeants.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!

De quelle justice s'agit-il ? Pas celle des hommes, qui consiste à punir les coupables, mais celle de Dieu, qui comporte depuis l'antiquité le concept de justice sociale. Remarquez ensuite que Jésus ne dit pas "Heureux ceux qui veulent la justice", mais "Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice". Il parle de ceux qui font de la justice de Dieu leur nourriture spirituelle, qui en ont besoin chaque jour pour vivre.

Heureux ceux qui pardonnent, car ils seront pardonnés!

Cela fait écho notamment au Notre Père, que Jésus enseigna à ses disciples : "... et pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé...", mais aussi à la parabole des dettes : un roi fait grâce d'une dette extraordinairement élevée à l'un de ses sujets, puis apprend que ce sujet est allé harceler un de ses propres débiteurs pour une toute petite dette. Alors le roi convoque son sujet de nouveau et le fait jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé sa dette.

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!

Qu'est-ce que c'est qu'avoir le cœur pur ? Dans la littérature biblique, le coeur est le siège des émotions et des désirs. Après avoir fait tuer un homme pour pouvoir épouser sa femme, le Roi David réalise son pêché et demande pardon à Dieu, puis lui demande : "O Dieu! Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit droit". Avoir le cœur pur, c'est faire de la volonté de Dieu ses propres désirs, le laisser régner su son cœur plutôt que n'importe quelle idole.

Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu!

Qu'est-ce que la paix ? Ce n'est pas l'absence de conflit. Jésus est venu apporter la paix entre les hommes et Dieu, pas entre les hommes et les hommes,et il l'a fait en livrant bataille contre Satan toute sa vie. S'il avait été un gentil pacifiste, lui-même n'aurait pas fini sur la croix. Mahatma Ghandi lui-même disait que pour combattre l'injustice acceptée de tous, il fallait créer le conflit. On peut préférer le mot "confrontation", mais le résultat reste le même : la paix passe par la justice, or le monde est injuste, il va donc falloir lutter avec amour.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

Jésus ne dit pas quelle sera la récompense finale. Peut-être que nous serions incapables de la concevoir, peut-être qu'il ne voulait pas que nous soyons tentés d'agir par intérêt, ou peut-être qu'il voulait nous faire la surprise, mais en tous cas, il ne nous dit pas grand-chose sur ce qui nous attend dans l'au-delà. Il nous dit par contre ce qui nous attend dans cette vie : nous serons persécutés, insultés, diffamés, outragés. C'est pas un super deal... mais c'est le lot de ceux qui luttent pour la justice dans un monde injuste, et pour la paix dans un monde en guerre. Jésuis lui-même a souffert, et nous souffrirons.

Vous êtes le sel de la terre. (...) Vous êtes la lumière du monde. (...) Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.

Enfin, cette suite affirme clairement l'aspect social de ce passage. Le sel a de la valeur en tant que tel, mais il trouve toute son utilité quand il est mélangé à d'autres choses. De la même manière, nous sommes appelés à être présents dans le monde et à agir (rechercher la volonté de Dieu, pardonner, consoler, procurer la justice, la paix, etc.) , non pas à nous retirer en ermite dans une grotte pour manger de l'herbe et méditer sur un caillou.

8 avril 2011

Évangéliser par la typologie

Dans la Bible, il y a plein de personnages connus. Et bizarrement, en France, Jésus n'est pas le plus connu. Quant à son histoire, elle est sûrement moins connue que par exemple l'épisode d'Abraham sur la montagne prêt à sacrifier son fils sur ordre de Dieu. Il faut se rendre à l'évidence, en France, les gens connaissent généralement mieux l'Ancien Testament que le Nouveau Testament.

Mais le centre du message Biblique, c'est Jésus ! Il faut donc qu'il reste au centre de notre évangélisation (et de nos sermons, et de nos études Bibliques, etc). Mais comment parler de Jésus aux Français en trouvant un point de contact, quelque chose de familier ? La Typologie. C'est ce qu'a fait Jésus (Luc 24:27). Autrement dit, faire le lien entre le Christ et tous les exemples de ces hommes et de ces femmes dans l'Ancien Testament qui cherchent à accomplir l'œuvre de Jésus sans y parvenir complètement – œuvre que lui seul saura accomplir parfaitement.

Et cela peut s'exprimer sous la forme suivante : d'abord, énoncez l'histoire du personnage (le Type), puis expliquez comment cette histoire parle de Jésus.

Prenons David. Un seul homme du peuple d'Israël vainc Goliath, le géant du peuple adverse, les Philistins. Et sa victoire compte pour l'ensemble de la guerre entre les deux peuples, elle est imputée aux siens alors qu'il n'ont pas même croisé le fer. De la même manière, Jésus, un seul homme, a vaincu le pêché, le seul géant qui peut vraiment nous nuire, et sa victoire nous est imputée. Vous voyez ? Jésus est un David parfait.

Prenons Adam. Adam ne passe pas le test de soumission à la volonté de Dieu, il succombe aux tentations de Satan, comme nous l'avons déjà vu, et sa désobéissance entraine toute la création avec lui dans une chute loin de Dieu. Mais Jésus traverse le désert et résiste aux tentations du diable, il reste toute sa vie fidèle à Dieu, et son obéissance nous est imputée, nous ramenant vers Dieu. Jésus est un Adam parfait.

Jésus est un Abel parfait : il est assassiné bien qu'innocent, et son sang versé, comme celui d'Abel, réclame justice à Dieu. Et tout comme Dieu protègera Caïn de la colère des hommes, nous sommes quant à nous protégés de la colère divine, par grâce.

Jésus est un Abraham parfait : il répond à l'appel de Dieu, de quitter tout ce qui lui est familier pour s'embarquer vers l'inconnu, en venant cette fois-ci s'incarner parmi les hommes.

Jésus est un Isaac parfait : il n'a pas simplement été offert par son père sur la montagne et épargné au dernier moment, mais qui a réellement été sacrifié pour nous tous par Dieu le Père. D'ailleurs à ce moment-là, Dieu dit à Abraham « Maintenant je sais que tu m'aimes, parce que tu étais prêt à sacrifier ton fils, ton seul fils, que tu aimes, pour moi ». Maintenant, nous pouvons dire à Dieu « Maintenant je sais que tu m'aimes, parce que tu as sacrifié ton fils, ton seul fils, que tu aimes, pour moi ».

Jésus est un Jacob parfait : il a lutté contre Dieu et a reçu le coup que nous méritons, le coup de la justice, afin que nous ne portions, comme Jacob, que les blessures de grâce, qui nous réveillent et nous disciplinent.

Jésus est un Joseph parfait : il est la main droite du Roi, qui pardonne ceux qui l'ont trahi et vendu en esclavage, et qui utilise son pouvoir pour les sauver.

Jésus est un Moïse parfait : il sert de médiateur parfait entre Dieu et les hommes et établit une nouvelle alliance, une alliance éternelle et universelle cette fois-ci, fondée sur la grâce plutôt que sur la loi.

Jésus est un Job parfait : il est innocent devant Dieu et pourtant souffre, et intercède auprès de Dieu pour sauver ses amis de la colère divine.

Jésus est une Esther parfaite : il ne s'est pas contenté de risquer sa place dans un palais terrestre, mais a risqué sa place à l'ultime palais céleste; il n'a pas juste risqué sa vie pour son peuple, mais l'a donnée pour l'humanité; il n'a pas dit « Si je dois mourir, je mourrai pour eux », mais « Quand je vais mourir, je mourrai pour eux ».

Jésus est un Jonas parfait : il s'est fait jeter du bateau (la vie, le monde) dans la tempête (la colère de Dieu) pour l'apaiser et que nous puissions atteindre notre destination (le Paradis, notre terre promise) sains et saufs.

Jésus est l'agneau de Pâques parfait, mort pour nous tous pour l'éternité; le prophète parfait, qui a fait connaître parfaitement la volonté de Dieu; le Temple parfait, lieu de rencontre entre l'humain et le divin; le prêtre parfait, qui sacrifie tout à Dieu pour nous; le roi parfait, qui règne sur toutes les nations.

Tous ces éléments sont des signes annonciateurs qui préfigurent la vie et l'œuvre de Jésus Christ. Parce que c'est lui qui est au centre de tout.

(message inspiré d'un sermon de Tim Keller)

1 avril 2011

La vérité sur le "pêché originel" : épilogue

Résumé des épisodes précédents : Dieu a créé l'homme et la femme innocents, heureux et égaux, libres de profiter de toute sa création, et ils ont choisi de se rebéller, faire bande à part, et ils ont tout ruiné. Maintenant tout les aspects plaisants de leur vie viennent d'être pervertis.

Une chose se passe alors : jusqu'ici, on parlait de l'homme et de la femme de manière générique (ish et isha, littéralement, homme et femme), mais à ce moment de l'histoire, l'homme vient d'être comparé à la poussière et on fait maintenant référence à lui sous le nom de "Adam" (qui veut dire sol, terre en hébreux).

L'homme avait déjà qualifié la femme "femme", son égale. Adam la renomme "Ève" (dérivé du verbe hébreux respirer). C'est un acte de domination - rappelez-vous qu'Adam a nommé les animaux, sur lesquels les humains sont appelés à dominer. Puis Adam et Ève ont des relations sexuelles, et que fait Ève ? Elle déclare : Dieu m'a donné un fils ! Et Adam dans l'histoire ? Puis rebelotte, un second fils, et de la reconnaissance envers Dieu seul. Ève se révolte ainsi contre la domination d'Adam, en se "débarrassant" ainsi de lui.

Cependant l'histoire ne s'arrête pas là. Il y avait deux arbres dans le Jardin d'Éden qui sont cités spécifiquement : l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et l'arbre de vie. Dieu a de la compassion pour ses créatures déchues, et il les couvre de vêtements pour qu'ils se protègent de ce qui les attend dans cette nouvelle vie. Puis il les chasse du jardin d'Éden, et il poste deux chérubins armés d'épées de feu "pour garder le chemin de l'arbre de vie".

La plus grande malédiction repose là : que les hommes, qui ont voulu se prendre pour des dieux, être les dieux de leur propre vie, et qui n'ont pas pu supporter cette charge, se retrouvent séparés de ce Dieu qu'ils ont rejeté, ce Dieu qui est source de vie.

Hors de ce chemin de vie, c'est un chemin de mort qui est pris : Caïn tue son frère Abel, plus tard Lémech tue de sang-froid un homme qui l'avait simplement blessé, instaure la polygamie et renomme ses femmes Ada et Tsilla (littéralement, "Ombre" et "Parure"), puis des gens qui s'appellent "les Fils de Dieu" prennent des femmes pour avoir des relations sexuelles sans leur demander leur avis... etc.
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Dans le prochain article de cette série, le 22 avril, on abordera de la même manière l'histoire de Noël, en essayant de faire la part des choses entre les rajouts de la tradition et le texte originel.