8 avril 2010

La religion évolutionniste

Parfois, quand les gens me parlent des faits scientifiques, je leur dis que leurs considérations religieuses me semblent erronées. Au début, ils sont surpris, puis ils se répètent, et je leur confirme que j'ai bien compris ce qu'ils voulaient dire, et que ce sont effectivement des considérations religieuses.

Par exemple, certains hommes diront que la très grande majorité des êtres vivants (et même des mammifères) ne vivent pas en monogamie, et que donc qu'il n'est pas nécessaire (voire naturel) pour l'homme de chercher à faire autrement. Cela peut sembler être un point de vue objectif, scientifique, à l'opposé de toute considération religieuse.

Mais en fait, il y a là une considération sous-jacente, un présupposé qui repose sur une croyance. Car qui tient ces propos considère, globalement, que ce qui est, devrait être. Autrement dit, si les choses sont ainsi (dans la nature par exemple), alors c'est qu'elles sont naturelles, et normales, et qu'il ne faut pas chercher à s'en écarter. C'est une croyance religieuse.

En l'occurrence, c'est une croyance erronée, et invivable de toutes manières. La majorité des êtres vivants agissent avec violence les uns envers les autres et cherchent à se dominer mutuellement, se volent les ressources les uns aux autres, entrent en conflit pour les terres et les femelles, et font preuve d'une absence totale d'altruisme. Les humains n'échappent bien sûr pas à la règle. Doit-il en être ainsi pour autant ?

Les principes évolutionnistes, qui conditionnent la pensée occidentale depuis plusieurs dizaines d'années, se sont imposés comme référence au point que les considérations religieuses qui y ont été insérées ont parasité les esprits.

De la même manière qu'on croit que ce qui est devrait être, on s'imagine que tout ce qui est a évolué à partir d'un principe commun et primaire, et qu'il suffit de l'analyser pour remonter l'arbre de ses évolutions.

Mais surtout, on imagine qu'en recréant l'arbre de ces évolutions, alors on démontre que rien n'est vraiment nouveau, rien n'est vraiment neuf en soi, tout n'est qu'une innovation due à un tas de facteurs plus ou moins bien connus. La vision évolutionnisme dérive en une forme de déterminisme : c'est arrivé parce que les facteurs on fait que ça devait arriver.

Il est évident que tout n'est pas neuf, et que les principes évolutionnistes ont de nombreuses applications dans différentes sciences - je ne cherche pas à le nier. Mais il n'y a aucune raison d'étendre ces principes à tout ce qui existe. C'est probablement justifié dans certains domaines, mais ce n'est pas LA solution.

Chaque époque, chaque profession, chaque philosophie a pensé avoir trouvé le principe premier, la vérité ultime qui permet de tout voir clairement et de tout comprendre. Je crois que chacun cherche en fait à assouvir son besoin de comprendre le monde et la réalité - ce qui est légitime, mais, combinée à l'orgueil humain, cela mène à des dérives où l'on cherche à se donner l'illusion du contrôle par la compréhension.

Assurons-nous de la légitimité de nos modes de pensée, vérifions ce que nous croyons et pourquoi, et ne fondons pas notre raison sur des croyances incohérentes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de découvrir votre blog, par le biais de Criticus. Et comme vous dites: "ce n'est pas le chrétien qui a trouvé la vérité, mais la vérité qui est venue trouver le chrétien".
Ou comme dirait (à peu près St Augustin) : la foi précède l'intelligence. Pour l'avoir vécu, un beau soir de mars ou d'avril, il y a 4 ans (j'aurais dû, comme Pascal, écrire ce soir de conversion), je ne peux qu'acquiescer à vos paroles sur Criticus. Paroles dans le vide, il me semble, sauf pour ceux qui ont vécu ce que vous décriviez.
Bien à vous.

Vincent a dit…

J'en ai bien peur, malheureusement.

Je me rassure en me disant qu'au moins mes articles servent à l'édification.