13 septembre 2009

Comment je me suis converti

C'est pas que j'aime pas parler de moi, c'est pas que j'aime pas écrire des articles, c'est juste que j'ai une mémoire de bulot, alors vous m'excuserez du retard...

Évidemment, comme pour tout épisode de ma vie, celui-là trouve ses racines loin dans temps, avant même que je n'entende sérieusement parler de Dieu. Après tout, nos vies sont des histoires complexes qui forment un tout inextricable. Et comme je le dis souvent, mon histoire a commencé longtemps avant ma naissance, et elle finira longtemps après ma mort.

C'est pourquoi, pour traiter cet épisode particulier, je vais d'abord citer quelques faits de mon enfance et de mon adolescence qui vous aideront à mieux comprendre l'épisode en question - à savoir, mon année aux USA en 2007-2008, au cours de laquelle je me suis fait baptiser.

Rappel des faits :

1. Il m'a fallu choisir un mot de passe pour mon ordinateur, et diverses autres choses. Je suis incapable de dire comment m'est venu celui-là : Lockloma. En tous cas, parmi tous ceux que j'ai eu, c'est celui qui a duré le plus longtemps, plusieurs années avant que j'entende parler de Dieu, mais j'aime voir ça comme un indice qu'Il m'avait donné. Par la suite, j'ai tapé ce mot sur Google et la seule occurrence indiquait un lac qui se trouvait quelque part en Amérique...

2. Mes parents sont "baptisés catholiques" comme ils disent - mais je crois qu'on peut dire qu'ils n'ont pas la foi. Ils ont été vite dégoutés de l'hypocrisie dont leur famille (baptisée catholique) a fait preuve. Donc ils ne nous ont pas baptisés, choisissant de nous laisser décider quand nous serions grands. Ma sœur est moi sommes allés une fois au catéchisme, sur notre demande, pour faire comme les autres enfants, mais ça ne nous a pas intéressé alors nous n'y sommes pas retournés.

3. J'ai grandi et je suis devenu plutôt anticlérical, mais au fil des années, jusqu'au bac, j'ai quand même dépassé les questions les plus répandues sur Dieu ("Pourquoi le mal?", etc.). J'aimais néanmoins m'attaquer à l'Eglise Catholique, qui n'a pas un passé très brillant. Pour le reste, je me disais athée mais j'aurais aimé croire en une forme de spiritualité, je me disais que peut-être si je voulais une chose très fort et que je la demandais, elle arriverait ? Je "remerciait" aussi... ces "anges-gardiens" qui agissaient en ma faveur le cas échéant.

4. En 2004, après le bac, je suis allé étudier un an en Nouvelle-Zélande. J'y ai vécu au sein de familles d'accueil, dont une famille dont le père était pasteur presbytérien. Il m'a invité à ma première étude biblique. Comme il avait été prof d'histoire avant d'être pasteur, il a animé une étude sur la naissance de Jésus en traitant le texte de manière historique - et a conclu sur le fait que Jésus était né entre -4 et -7 avant... lui-même. Moi qui aimait ce genre de "révélations", j'ai beaucoup aimé voir que l'on pouvait être croyant tout en gardant toute sa tête.

5. En France, je m'engage dans un groupe à visée socio-humanitaire, affilié à l'organisation qui m'a envoyé en Nouvelle-Zélande. Un soir nous récoltons de l'argent pour un jeune qui a une maladie orpheline. Moi qui suis habituellement réservé, et qui ait du mal à demander de l'argent, j'ai un très bon contact avec les gens, je ne bafouille pas et l'activité me plaît. Pas une fois je me demande "mais qu'est-ce que je fous là?" (chose qui m'arrivait souvent dans la vie, surtout à la fac). Parce que je "savais" que j'agissais pour une bonne cause, et le fait de me sentir utile et légitimé avait trouvé en moi un écho profond.

6. En 2006 je prépare un dossier pour partir à l'étranger. Étant donnés mes cours, je ne peux aller nulle part en Europe, et j'ai le choix entre 2 universités aux USA : Miami ou Joplin. Tout un chacun aurait choisi Miami, mais j'avais un mauvais a priori : la vie allait être chère et les gens probablement superficielle. Je voulais connaître la vraie Amérique profonde. La Bible Belt ne me faisait pas peur. Et puis, il s'est trouvé que le lac Lockloma était justement au Missouri, à à peine 4h de Joplin.

Le christianisme, en pratique, ça marche ?

A Joplin, il n'y a pas grand-chose pour les étudiants internationaux. Or plusieurs protestants, de par leurs origines étrangères ou leurs aspirations missionnaires étaient impliqués dans le club international (alors qu'ils n'allaient même pas à cette université). Et ils étaient très motivés. Alors l'église protestante de College Heights a fini par les laisser emprunter deux vans pour véhiculer les étudiants, essence offerte !

J'arrive avec tout ça déjà organisé. Un couple de protestants jeunes mariés, Eddy et Emilie, viennent me récupérer à l'aéroport le premier soir. De là nous nous entendons bien, ils m'invitent souvent chez eux et je rencontre leurs amis, nous jouons à Halo 2, à des jeux de cartes, des jeux de société... Je passe plusieurs jours dans la famille d'Emilie à Thanksgiving, etc. On devient amis.

Bien sûr il y a tout un groupe de gens que je vois régulièrement, probablement une dizaine de protestants, mais le témoignage en particulier d'Eddy et de la trésorière du club international, Mrs Udell, me mène à reconsidérer les choses par rapport à la religion. Là où mes parents ont rejeté Dieu parce qu'ils n'ont pas vu les gens avoir la foi, j'accueillais l'idée plus volontiers en voyant les gens vivre ce qu'ils professaient. Non seulement ça, mais Eddy et Emilie étaient heureux, et quand je leurs demandais pourquoi ils faisaient tel ou tel choix, ils le justifiaient à la fois par la raison et par la foi. Le système chrétien était, finalement, un système qui marchait dans la vie des autres.

Cependant, qu'avait à m'apporter le Christianisme ?

La question de savoir si j'avais besoin de Dieu ne s'est jamais posée pour moi. S'il existait, je devais croire qu'il existait, point final. Je ne faisais pas la distinction entre croire qu'il existe et croire en lui. Néanmoins, j'ai compris ce que Dieu avait à m'offrir en voyant... le film Narnia. Oui, je sais. Mais bref.

Pendant longtemps j'ai été un rêveur, j'avais du mal à m'ancrer dans ce monde parce qu'il me semblait fade. Je voulais de grandes batailles, une vie d'aventure, quelque chose d'épique. Je m'étais plus ou moins isolé dans ce monde par la lecture et les jeux vidéos. Récemment j'en étais un peu sorti, au final la vie n'était pas épique, mais les gens étaient sympa.

En voyant Narnia, pour la 2e fois, et après qu'on m'ait expliqué que c'était de la "propagande chrétienne" (bien sûr le chrétien qui m'a dit ça n'a pas utilisé ces mots...), je me suis rendu compte que c'était ce que le christianisme avait à m'offrir. Dans ce monde où les concepts de bien et de mal s'étiolaient, où la vie n'avait plus de sens, Dieu m'offrait cette aventure épique - bien sûr, pas comme je l'avais imaginé, mais c'était tout de même digne d'intérêt. Alors le système chrétien marchait, et il avait quelque chose à m'offrir.

Mais était-il vrai ?

Là, plus personne n'a pu m'aider. On me disait "Mais pourquoi tu ne te convertis pas ? Tu verras bien !". Mais pour me convertir, il fallait que je croie, et pour croire, il fallait que je sois convaincu que c'était vrai. On ne se lance pas à l'aveuglette dans un truc pareil. Et puis, avant de faire un choix dans le grand supermarché des religions, il fallait que j'accorde au moins autant de considération à toutes les religions sur terre. Un tel choix doit être réfléchi, comparé, remis en question, etc.

Une amie chrétienne dont j'admire la dévotion, la persévérance, et la foi, m'a dit un jour "Tu sais, quand je me suis convertie, j'avais beaucoup de questions, et je n'avais pas toutes les réponses. Mais elles viennent, par la suite." Je me suis vite rendu compte qu'étudier toutes les religions et résoudre toutes les questions me prendraient une vie entière.

Finalement, l'avant-dernière semaine de mars 2008, il y avait une mission d'aide humanitaire organisé pour aller reconstruire des maisons à la Nouvelle-Orléans. Comme je n'avais rien de prévu, que tous les autres étudiants d'échange partaient en vacances, que j'avais envie de voir la Nouvelle-Orléans et que nombre de mes amis participaient, j'ai déboursé l'argent nécessaire au voyage.

Nous avons passé une semaine à déplacer de la terre, des pierres, creuser des trous, planter des clous, charger et décharger des brouettes de sable... faire des idoles monstrueuses avec des morceaux de terre glaise... il y a aussi eu pas mal de prière et d'étude biblique, et bien que je ne croies pas à ce moment-là j'avais accepté, puisque je faisais partie du groupe, de participer (par la présence) à ces événements.

Enfin, sur la route du retour, une révélation. Je me rends compte que pas une fois dans cette semaine je ne me suis demandé "mais qu'est-ce que je fous là?". Je me rappelle l'épisode en France où j'ai eu le même sentiment. Je me rends compte que c'est cette vie que je veux, que c'est ce genre d'amis que je veux, que je veux devenir comme eux. Alors je me dis, "après tout, si c'est un mensonge, si Dieu n'existe pas, je m'en rendrai compte". C'est ce jour-là que j'ai été baptisé du Saint-Esprit, le dimanche de pâques 2008.

Je gardai l'information pour l'annoncer en priorité à Eddy et Emilie, puis au reste de mes amis protestants qui furent transportés de joie. Je me suis fait baptisé par Eddy quelques temps plus tard. J'ai alors appris que beaucoup de gens avaient prié pour moi. Au début j'ai ressenti ça comme de la manipulation - même des gens que je connaissais à peine avaient prié pour moi ! Maintenant je comprends, et je suis bien content qu'il y ait eu une telle mobilisation.

Épilogue

Et alors, comment me suis-je rendu compte que c'était vrai ?

Eddy et Emilie habitaient (par choix) dans un quartier pauvre de la ville. Avec des amis qui commençaient les cours à la fac à 7h du mat (ils sont tarés les étudiants en théologie, en Amérique), ils se réunissaient à 5h du mat le mardi matin dans une maison de ce quartier, où habitaient trois filles en colocation, aussi par choix (leur porte était toujours ouverte à tous les gamins du quartier). J'allai dormir chez un voisin, qui participait à ça, la veille. C'était marrant de nous voir tituber de sommeil à 5h moins cinq du mat, enroulés dans nos couettes, pour tous aller comater dans le salon de la colocation.

La première fois que j'y suis allé, je ne m'attendais pas à vivre une expérience mystique. Mais Dieu m'a donné une vision. J'ai vue une flèche qui pointait vers le ciel. Mais je me suis dit que c'était moi qui commençait à m'endormir et à rêver. Je n'en parle à personne. Néanmoins l'image restait dans me tête. Cette même semaine je vais chez un ami, qui vit dans une autre coloc, où je suis allé des dizaines de fois. Je vois sur la table un livre intitulé... "Une flèche qui pointe vers le ciel", la biographie de Daniel Mullins, un célèbre musicien protestant (Our God is an Awesome God).

J'ai mis plus d'un an à me bouger et à commander le livre - je vous le recommande. La vie de cet homme est une vraie inspiration pour tout chrétien. Il était, réellement, une flèche qui pointait vers le ciel.

C'est d'abord pour cela que je suis resté chrétien. Puis, avec le temps, j'ai vu l'œuvre de l'esprit saint en moi. J'ai changé comme jamais je n'avais réussi à changer par moi-même, pour devenir le genre de personne que j'avais toujours voulu être sans jamais y arriver. Bien sûr, tout n'est pas parfait, mais je me porte bien mieux.

Après en avoir parlé avec une amie qui a consulté un psychothérapeute, je me suis rendu compte que Dieu m'avait permis d'affronter mes peurs, il m'a libéré de mes psychoses et de mes obsessions. Dieu a fait de moi un homme libre. Et encore aujourd'hui, plus je lis la Bible et que je la médite et l'applique, plus je prie, plus je m'entoure de chrétiens, et mieux de me sens, plus je progresse vers l'homme que je veux devenir, et mieux j'appréhende les choses qui m'entourent. Moins je prie, lis la Bible, ou fréquente des chrétiens, et moins ça va dans ma vie. Pourtant les choses matérielles ne changent pas. Être avec Dieu, lui appartenir, le rencontrer dans ma vie, c'est la source de toute bonne chose en moi. C'est aussi pour ça que je suis resté chrétien.

Dieu m'a aussi donné une passion pour la connaissance. J'étudie la Bible, l'apologétique, la philosophie, la science, l'économie, la politique, la communication, les langues, même le droit ! Tout ça sur mon propre temps, à mon propre rythme évidemment, mais surtout je ne considère pas ça comme du travail parce que c'est du divertissement pour moi - j'aime comprendre comment les choses marchent ! Et c'est de plus en plus facile. Or je n'ai pas toujours eu cet intérêt si vaste et de telles facilités pour apprendre et comprendre. Je suis un passionné, grâce à Dieu. Et c'est pour ça que je veux rester chrétien.

Enfin, ça, et pour le truc de l'Enfer, aussi.

1 commentaires:

gstaty a dit…

Merci vincent pour ton témoignage..jen suis édifiée..