19 août 2013

Sacrée France : La 3ème République (1870-1940)

La IIIe République fut le "poing sur la table" qui fixa définitivement la République en France. Après les révolutions de 1830 et de 1848, après deux Empires napoléoniens qui ont longtemps "interrompu" les desseins républicains, on décide qu'il est temps, presque cent ans après la première tentative d'établir la République en France, de le faire pour de bon. Or si on était en 1790 encore relativement indulgent envers l'Eglise, et attaché à la Monarchie, ce n'est plus le cas du tout en 1870 : ce sont maintenant des ennemis jurés. Louis XIV et Napoléon ont été de grands conquérants, mais leurs successeurs ont définitivement dégouté les Français des abus du pouvoir absolu. Il est temps pour Marianne de se faire un nom aussi glorieux, et de devenir la dirigeante éternelle des Français. Et ainsi, le mythe prend de l'ampleur...
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"Je n'ai pas oublié par quels applaudissements fut saluée mon apparition en 1848 ; je n'ai pas oublié non plus quelle fusillade retentit d'un bout de la France à l'autre lorsque Bonaparte cracha sur le serment qu'il m'avait prêté à la face de l'Europe. Le clergé, qui avait béni les fameux arbres de liberté, célébra sur toutes les gammes du chant grégorien les louanges du gouvernement décembriste ; on cria du haut des chaires soi-disant apostoliques que j'avais travaillé au renversement de la famille, de l'ordre et de quantité d'autres choses respectables ; certains bateleurs de bas étage allèrent jusqu'à dire que j'avais essayé de faire main basse sur les caisses privées ou publique et que le fils d'Hortense avait dû rompre ses engagements avec moi à cause seulement de mes penchants au vol, à la boisson et à la coquetterie. Tous les Pères Tissié de France et de Navarre racontèrent sur mon compte à l'oreille des mères de famille une foule d'histoires à faire peur aux enfants ; Barbe Bleue fut dépassé de quinze kilomètres ; les vieilles femmes ne parlèrent de moi qu'avec la terreur d'une nonne occupée à commettre un péché mortel ; afin de ne pas en perdre l'habitude, on massacra, ça et là, quelques républicains et le tour fut joué à cette brave Marianne qui ne cherche querelle à personne et qui n'oserait pas même bombarder une ville française. (...)

La déesse au bonnet rouge n'a pas encore épuisé les traits qu'elle dirige contre les conspirateurs monarchiques (...)"

- Clovis Hugues, 1871, Lettre de Marianne aux Républicains.

"Le réel étant le miroir de l’idéal, les sociétés s’ordonnent selon la manière dont elles conçoivent l’ordre de l’univers, et les transformations de la politique réfléchissent celles de la pensée religieuse. Le Polythéisme, dont le principe est la pluralité des causes, a pour expression sociale la république. Mais si le Polythéisme s’arrête à la notion des forces, leur hiérarchie se traduit naturellement dans la société : aussi la république romaine est-elle aristocratique. Si la religion s’élève, comme dans l’Hellénisme, à l’idée d’une harmonie de lois indépendantes, le principe d’égalité et de liberté trouve son application dans la démocratie. Nulle part la réalité n’a été si près de l’idéal que dans cette glorieuse commune d’Athènes, qui a inondé le monde de sa lumière, et qui avait dressé au sommet de son acropole la statue de l’invincible Raison. (...)

À la revendication du libre examen des textes sacrés répond, en politique, le système parlementaire ; l’unité du monde est représentée par un Dieu presque abstrait, gouvernant sans miracles au moyen d’une charte, et assez semblable à un roi constitutionnel ou à un président de république moderne. Il faut remarquer que notre système représentatif, même quand le pouvoir central n’est pas héréditaire, n’a rien de commun avec les républiques de l’antiquité, qui avaient pour bases la législation directe et le gouvernement gratuit."



"C'est la gloire de la France d'avoir, par la révolution française, proclamé qu'une nation existe par elle-même. Nous ne devons pas trouver mauvais qu'on nous imite. Le principe des nations est le nôtre."

- Ernest Renan, 1882, conférence "Qu'est-qu'une nation ?" pour exposer la vision française de la nation suite à la défaite de 1870 face à l'Allemagne et l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
  

"J'ai vu sur l'Acropole, jonchant la terrasse où s'élève la façade orientale du Parthénon, les débris du petit temple que les Romains, maîtres du monde, avaient élevé en ce lieu à la déesse Rome, et j'avoue que la première idée de cet édifice m'avait paru comme une espèce de profanation. En y songeant mieux, j'ai trouvé que le sacrilège avait son audace sublime.

A la beauté plus parfaite, au droit le plus sacré, Rome savait préférer le salut de Rome, la gloire des armes romaines et, non content de l'en absoudre, le genre humain ne cesse de lui en marquer de la reconnaissance. L’Angleterre contemporaine a donné des exemples de la même implacable vertu antique. Le nationalisme français tend à susciter parmi nous une égale religion de la déesse France.

Il y parviendra, je le crois : il lui sera difficile d'y parvenir sans se rapprocher du sentiments de nos royalistes. Les nationalistes intelligents ne tarderont pas à le voir. La monarchie héréditaire est en France la constitution naturelle, rationnelle, la seule constitution possible du pouvoir central."

- Charles Maurras, 1900, Le Soleil.


"Tel sont nos français dit Dieu. Ils ne sont pas sans défauts. Il s’en faut. Ils ont même beaucoup de défauts. Ils ont plus de défauts que les autres. Mais avec tous leurs défauts je les aime encore mieux que tous les autres (...). O mon peuple français dit Dieu, tu es le seul qui ne fasse point de contorsions (...).

Quant à l’espérance il vaut mieux ne pas en parler: il n’y en a que pour eux. C’est embêtant, dit Dieu, quand il n’y aura plus ces Français. Il y a des choses que je fais. Il n’y aura plus personne pour les comprendre."

- Charles Péguy, 1912, Le mystère des saints innocents.

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