14 août 2010

Evangéliser postmoderne

Ceci fait suite à mon dernier article sur l'approche postmoderne de la vérité chrétienne.

La question est donc : si chacun a son propre réseau de croyances, comment évangéliser ?

Est-ce que les réseaux peuvent être en concurrences les uns avec les autres ? Bien évidemment. Mais il faut les présenter en entier, parce que nous avons à faire à des personnes entières. Les gens ne viendront pas à se convertir au christianisme parce que nous arriverons à démontrer intellectuellement par A+B que la vérité biblique est rationnelle. Cela en fait partie, bien sûr, mais ils auront aussi besoin d'être témoins de l'expérience de la vie chrétienne, de la tradition chrétienne, de l'intuition que Dieu voudra bien leur donner, etc.

Nous ne devons pas avoir peur de la postmodernité, en fait même si nous avons perdu le concept de vérité avec un grand V, notre culture se rapproche maintenant plus de celle décrite dans le Nouveau Testament qu'à l'ère moderne.

Maintenant, il y a généralement deux types d'évangélisation: par proposition et par histoire.

Par proposition, c'est l'approche rationnelle. Le but est de convaincre son audience par une suite de propositions logiques et une argumentation cohérente. Est-ce efficace ? Si nous devions donner une note sur 10 à la force de nos démonstrations, quelles seraient-elles ? Par exemple, la résurrection corporelle de Jésus : 7 ou 8 sur 10. L'inspiration de la Bible : 6 au mieux. L'historicité de la Genèse : 3 ou 4 – parce qu'il existe de nombreux contre-arguments à cela.

Par histoire, c'est plus simple : on raconte une histoire de chrétien, une histoire vraie. Je vais vous en raconter une.

Un jeune homme réussit brillamment ses études au lycée, et se débrouille aussi très bien en sport. Après avoir obtenu son Bac avec mention, il se voit offrir des bourses au mérite pour tout son parcours supérieur, et ce dans plusieurs universités et instituts privés. Il choisit de poursuivre des études plutôt qu'une carrière sportive.
Ses parents, qui avaient économisé pour ses études, lui offrent une voiture avec cet argent à la place. Il ne peut pas accepter, dit à ses parents de la vendre et d'utiliser cet argent pour prendre des vacances bien méritées après tous les sacrifices qu'ils ont fait pour lui. Mais ils ne veulent rien entendre, alors il accepte finalement. Quelques mois plus tard, il a un accident de voiture.
Une conductrice ivre lui est rentré dedans. Il est transporté à l'hôpital dans un état grave. On prévient son père, qui arrive au service des urgences et, reconnaissant les hurlements de douleurs de son fils, se précipite dans les couloirs pour le voir. Au moment où il arrive dans la pièce en question, son fils arrête de hurler. C'est très mauvais signe. Les médecins essayent de le réanimer, en vain. Après quelques instants, ils disent au père qu'ils ont tout essayé.
Le père sort de la pièce. Il n'a même pas eu le temps d'appeler sa femme. Devant lui, dans le couloir, est assise une femme sur un banc, avec un bandage autour de la tête. Il comprend instantanément. Ayant eu le temps de dessoûler, et assisté à la scène, elle tremble et fixe le sol. Le père s'approche d'elle et lui demande "C'est vous qui avez tué mon fils ?". Elle répond "Oui". Alors il s'assoit à côté d'elle, passe son bras autour de ses épaules et lui dit : "Vous ne pourrez pas vivre avec ce que vous avez fait si vous n'acceptez pas Jésus". Et il partage sa foi avec elle. Deux semaines plus tard, il la baptise, et depuis ils se réunissent chaque semaine autour de la Bible.

Comparez votre histoire avec n'importe quelle histoire que le monde peut raconter. Votre histoire n'est pas parfaite, parce que vous n'êtes pas parfaits, mais la transformation, la différence que Jésus a fait dans votre vie, vaut un 9/10. Toute autre histoire de richesse, de gloire, ou de pouvoir, ne vaut que 7/10 au mieux.

Même si je plains la disparition de la vérité en tant que telle dans cette ère postmoderne, je célèbre le gain de notre histoire, qui est soudainement celle de tout un chacun. Une histoire de souffrance et de repentance, de malheur et de vie transformée. On ne peut plus parler de méta-récit, mais on peut comparer son réseau à celui des autres. Et si Dieu existe, le réseau d'une vie chrétienne authentique vaudra toujours mieux qu'un autre.

3 commentaires:

Amanda a dit…

I wouldn't mind hearing your story sometime, Vincent, andr sharing a bit of my own.

Vincent a dit…

There's many ways to tell a story. Here's a way to tell mine http://journaldunchretien.blogspot.com/2009/09/comment-je-me-suis-converti.html

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Amanda a dit…

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