11 août 2010

Une approche postmoderne de la vérité chrétienne

L'avantage avec la postmodernité, qui rejette toute forme de méta-récit, c'est qu'on peut facilement « défendre » ses croyances chrétiennes polémiques. Personne ne peut nous dire « tu ne peux pas croire que l'homosexualité soit mauvaise », parce qu'après tout, c'est « notre vérité ». Et qui est-on pour juger la vérité des autres ?

Personnellement, je n'aime pas user de cet avantage, parce que ça donne de l'eau aux moulins postmodernes. Cela dit, pour clore un vain débat face à quelqu'un qui est postmoderne et ne serait pas ouvert d'esprit, ça peut être utile. Mais méfions-nous de là où nous mettons les pieds : oui, nous avons utilisé la science et la raison pour défendre la Bible dans l'ère moderne, et ça a très bien marché; mais nous avons aussi fini par croire que la raison humaine et la science (archéologie, sciences du langage, psychologie, etc.) nous donneraient toutes les clés pour comprendre la Bible, oubliant que la parole de Dieu dépasse la raison et les science humaines.

Quoi qu'il en soit, Stanley Hauerwas et James Mc Linden ont réfléchi à une nouvelle manière de concevoir la vérité, par une approche postmoderne plutôt que moderne.

Dans l'approche moderne, on construit des suites logiques, on s'assure de ses bases pour progresser de manière cohérente vers le haut, en utilisant presque exclusivement la raison.

Dans une approche postmoderne, on se représente plutôt la vérité comme un réseau, ou tout est entremêlé et relié. Ainsi la vérité est un tissu dont les mailles sont des indices, auxquels nous pouvons parvenir de différentes manières (pas seulement par la raison) et à force de suivre les indices nous arrivons à une vision holistique de la vérité.

Ainsi, l'expérience, l'intuition, la raison, la tradition, l'imagination, et autres sources de vérité ne sont pas absolues. Même la Bible n'est pas absolue : d'une part il existe des variantes textuelles(bien que légères), et d'autre part elle ne peut pas répondre à toutes nos questions existentielles (Quelles études dois-je faire ? Quel job dois-je rechercher ? Avec qui dois-je marier?). D'ailleurs Luther dans son fameux discours, déclare qu'à moins que la Bible et la raison ne le convainquent de son erreur, il ne changera pas d'avis. Tout comme les Catholiques, Luther ne se contente pas de la Bible, et il a remplacé la tradition catholique par le rationalisme.

Notre système de croyance, notre vision du monde, en tant que chrétien, ne se limite pas à la logique – bien que l'apologétique rationaliste soit très en vogue. Nous sommes chrétiens non seulement parce que nous sommes convaincus rationnellement de la vérité Biblique, mais aussi parce que nous avons vécu de nombreuses expériences qui ont confirmé cela. Pour certains d'entre nous, c'est aussi parce que nous sommes nés dans des familles chrétiennes. Pour d'autres, en partie parce que nous avons toujours senti quelque part qu'un bon Dieu existait.

Pour que notre croyance change, il ne suffirait pas de nous convaincre rationnellement, il faudrait aussi que nous fassions l'expérience de quelque chose de différent qui confirme ce changement.

1 commentaires:

Amanda a dit…

Ah! Stanley Hauerwas, I know him. He was one of the big name professors at my school and had an impact on my worldview. There's a lot of Stanley stories, he's a character as they say... Really big on community and the Body as the vehicle for the Christian life.