4 août 2010

La fin du débat

Il est intéressant de noter que les soixante-huitards rebelles qui réclamaient à corps et à cris une liberté d'expression à leur époque, maintenant qu'ils sont au pouvoir au sein de nos universités gauchistes, cherchent à conformer les débats à un certain politiquement correct. Leur politiquement correct.

Intéressant, mais pas surprenant. Les révolutionnaires, qui se positionnent en victimes d'oppression, n'ont qu'une envie une fois qu'ils arrivent au pouvoir : opprimer leurs oppresseurs. Imposer leurs idées, qui valent mieux que celles des autres.

Par exemple, l'Église Catholique est tellement considérée comme ex-oppresseur des masses qu'il est quasiment inadmissible aujourd'hui de la défendre, sur quelque sujet que ce soit. Et pourtant moi, le protestant, l'héritier d'une tradition de révolte et de critique de l'Église Catholique, moi qui suis en désaccord franc avec une large partie des croyances et de la manière d'agir de cette institution, je suis celui qui la défend le plus dans le milieu universitaire.

La plupart des gens autour de moi s'en donne à cœur joie de surenchérir de critiques acerbes et souvent injustifiées contre telle ou telle déclaration du Pape – quand ils ne sont même pas allés vérifier exactement ce qu'il a dit, acceptant la version des médias sans sourciller puisqu'elle va dans le sens de ce qu'ils pensent déjà.

C'est la victoire de la « Sociale Faculté » sur le débat académique, de la volonté spécifique du personnel des universités sur la recherche académique de la connaissance.

Car la postmodernité nous enseigne que la connaissance est un pouvoir. Alors pourquoi voudrait-on avoir un débat avec quelqu'un d'autre ? On ne veut pas leur donner de pouvoir. Et surtout, s'il n'y a pas de vérité unique, on ne peut pas permettre à qui que ce soit de prétendre dire quoi que ce soit de « vrai » (ce qui est la base du débat). Alors, on peut toujours contrôler les termes du débats et organiser une parodie aux allures de corrida, qu'on appellera « débat d'opinion », mais qui ne sera qu'un jeu de pouvoirs. C'est ce qu'on voit dans les universités aujourd'hui.

Il n'y a plus de débat. L'objectif d'excellence académique de l'éducation a été remplacé par un objectif idéologique. Si l'on s'exprime librement, on se retrouve accusé d'un crime de haine.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est vrai qu'à l'origine de la création des universités, à l'époque médiévale, le débat d'idées était la règle entre les étudiants et leurs maîtres, l'époque médiévale est vraiment passionnante sur beaucoup de plans .
mum

Anonyme a dit…

It's so frustrating feeling like you're not "heard" anymore...
-Amanda

Anonyme a dit…

A good debate, I think, takes that sense of mutual hearing. I like the French, "to hear one another" / s'entendre.
Amanda