29 juillet 2013

Sacrée France : La Restauration (1815-1848)

Les citations du lundi dans cette série sur la République se passeront souvent de commentaires, néanmoins tu en retrouveras parfois quelques extraits dans mes articles du vendredi, ainsi qu'un peu plus de contexte historique. Sur ce, bonne lecture !
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"Abdiquerons-nous volontairement enfin cependant ce que la conquête d'Alger nous a donné sur le mahométisme dans tout l'Orient, et que nous perdrions le jour même où le drapeau français s'abaisserait sur le rivage d'Afrique ?

Non, Messieurs, ce serait renier notre mission et notre gloire ; ce serait trahir la Providence qui nous a fait ses instruments dans la conquête la plus juste, peut-être qu'une nation ait jamais accomplie ; ce serait mépriser le sang de ces braves que nous avons sacrifié dans cet assaut donné à la barbarie ; et la pensée de l'abandon d'Alger, qu'heureusement le ministère vient de répudier, resterait éternellement comme un remords sur la date de cette année, sur la Chambre et sur le Gouvernement qui l'aurait consenti."

- Alphonse de Lamartine, 1834, Discours à la Chambre des Députés sur la colonisation totale de l'Algérie.


"Pour que la libre pensée soit contagieuse, il faut que les peuples aient subi de longues préparations, plus divines encore qu’humaines. Ils n’en sont pas là. Le jour où ils en seront là, la pensée française, mûrie par tout ce qu’elle aura vu et tout ce qu’elle aura fait, loin de perdre les rois, les sauvera. (...)

[La France est la] Rome de la civilisation future, affaiblie matériellement, mais moralement agrandie ; métropole de l’humanité, comme l’autre Rome l’est de la chrétienté, regagnant en influence plus qu’elle n’aurait perdu en territoire, retrouvant sous une autre forme la suprématie qui lui appartient et qu’on ne lui enlèvera pas, remplaçant sa vieille prépondérance militaire par un formidable pouvoir spirituel qui ferait palpiter le monde."

- Victor Hugo, 1842, Le Rhin, XV.


"Le jour où, se souvenant qu'elle fut et doit être le salut du genre humain, la France s'entourera de ses enfants et leur enseignera la France, comme foi et comme religion, elle se retrouvera vivante et solide comme le globe (...) [notre pays] est le seul qui ait droit de s'enseigner ainsi lui-même parce qu'il est celui qui a le plus confondu son intérêt et sa destinée avec celui de l'humanité".

- Jules Michelet, 1846, Le Peuple.


"Une expérience journalière fait reconnaître que les Français vont instinctivement au pouvoir ; ils n'aiment point la liberté ; l'égalité seule est leur idole. Or, l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Sous ces deux rapports, Napoléon avait sa source au cœur des Français, militairement inclinés vers la puissance, démocratiquement amoureux du niveau. 
Monté au trône, il y fit asseoir le peuple avec lui ; roi prolétaire, il humilia les rois et les nobles dans ses antichambres ; il nivela les rangs, non en les abaissant, mais en les élevant : le niveau descendant aurait charmé davantage l'envie plébéienne, le niveau ascendant a plus flatté son orgueil. La vanité française se bouffit aussi de la supériorité que Bonaparte nous donna sur le reste de l'Europe ; une autre cause de la popularité de Napoléon tient à l'affliction de ses derniers jours. 
Après sa mort, à mesure que l'on connut mieux ce qu'il avait souffert à Sainte-Hélène, on commença à s'attendrir ; on oublia sa tyrannie pour se souvenir qu'après avoir d'abord vaincu nos ennemis, qu'après les avoir ensuite attirés en France, il nous avait défendus contre eux ; nous nous figurons qu'il nous sauverait aujourd'hui de la honte où nous sommes : sa renommée nous fut ramenée par son infortune ; sa gloire a profité de son malheur.
Enfin les miracles de ses armes ont ensorcelé la jeunesse, en nous apprenant à adorer la force brutale. Sa fortune inouïe a laissé à l'outrecuidance de chaque ambition l'espoir d'arriver où il était parvenu."

- F.-R. de Chateaubriand, 1848, Mémoires d'Outre-Tombe (chapitre 6).

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