5 octobre 2012

Petit guide de la sexualité

J'ai déjà abordé le sujet il y a deux ans, mais cette fois-ci j'en parlerai au sens large : la réduire à la copulation nous conduirait à froidement la valoriser par son potentiel procréateur ou orgasmique... Or, la sexualité c'est plus que ça.

C'est aussi et entre autres : l'intimité, la tendresse, le don de soi (qui peut impliquer la chasteté et la virginité), la liberté, l'attachement, sans oublier l'affection bien sûr... Tout cela, on doit bien le reconnaître, peut être vécu par un couple hétérosexuel aussi bien que par un couple homosexuel. Voilà un terrain commun qui peut être la base d'une discussion, et d'une reconnaissance.

Pour autant, l'homosexuel ne peut pas faire l'expérience de la fonction procréatrice de la sexualité, et il ne peut pas faire l'expérience de l'altérité comme différence sexuelle (qui implique une intelligence, une sensibilité, une affectivité, une esthétique différentes). Il ne s'agit pas de discrimination, mais de distinction : le couple homosexuel n'est pas semblable au couple hétérosexuel, et il y a une différence entre reconnaître la valeur humaine d'un lien affectif entre personnes du même sexe et lui accorder la même reconnaissance symbolique qu'au couple homme-femme.

L'amour humain, c'est l'amour de l'esprit et du corps – c'est l'amour de la combinaison des deux. Cela, parce que l'homme est un corps et un esprit, non simplement un esprit dans un corps : il n'y a pas de vie humaine possible sans cette union entre corps et esprit. Autrement dit, la vie humaine, ce n'est ni un corps sans esprit, ni un esprit sans corps. Notre corps fait donc partie de notre être autant que notre esprit. Et c'est pour ça que l'homme n'est pas complet sans la femme, et la femme n'est pas complète sans l'homme : ils sont faits l'un pour l'autre du point de vue du corps, et donc, du point de vue de l'esprit aussi.

Qu'en dit la Bible ?

En réalité, elle s'occupe moins de condamner l'homosexualité que d'exalter le mystère de la sexualité, où l'homme et la femme sont appelés à discerner quelque chose du mystère de Dieu : quand la Bible dit que l'humain est créé à l'image de Dieu elle ajoute immédiatement qu'il l'est d'emblée comme homme et femme. La littérature hébraïque utilise souvent des parallélismes pour exprimer une idée, et ici cela signifie que les deux sont liés : la sexualité a quelque chose à voir avec la relation entre l'homme et Dieu.

Cependant, l'homosexualité, aussi peu évoquée qu'elle soit dans la Bible, l'est toujours de manière négative, et va a l'encontre de la finalité créatrice de la sexualité (qui est tout de même à affirmer, même si la parenté est libre et facultative). En tant que lieu privilégié de l'expérience de Dieu, la sexualité est donc à pratiquer dans l'altérité.

Relativiser le message

Plusieurs passages bibliques traitant "négativement" de l'homosexualité, ne pouvant être niés, sont donc remis en question, ou relativisés.

Par exemple, on prétend que l'apôtre Paul avait des points de vues logiques dans sa culture, mais qui ne sont plus d'actualité. Tenez, son discours sur les esclaves qui doivent rester obéissants à leurs maîtres est à relativiser, alors pourquoi pas son discours sur l'homosexualité ? Mais d'une part l'esclavage est un mauvais mot pour décrire la réalité des serviteurs de l'époque (on pense à l'esclavage des africains par les colonisateurs, ce qui est totalement différent); et d'autre part il se trouve que Paul a également exprimé un avis révolutionnaire sur le sujet dans son épître à Philémon - il faut prendre son discours dans son ensemble.

Mais quand bien même, Paul milite avec cohérence pour que chacun reproduise l'exemple de Christ : que le serviteur obéisse à son maître comme Jésus a obéi à son Père bien qu'étant son égal, et que le maître aime et cherche le bien de son serviteur comme le Père l'a fait pour Jésus; de la même manière il milite pour que l'homme et la femme imitent la relation de Dieu le fils et Dieu le Père dans leur relation, soit une union d'êtres égaux, essentiellement similaires et en même temps fondamentalement différents. D'ailleurs, Paul fonde son argumentation précisément sur le destin humain voulu par Dieu et qu'Adam et Ève ont rejeté.

Sodome et Gomorrhe plus en détails

Le livre de la Genèse, chapitre 19, versets 1 à 29 nous raconte comment les habitants des ces deux villes furent punis par Dieu. Bien que ce texte laisse une forte présomption d'homosexualité de la part des habitants, l'Ancien Testament n'interprète pas le crime de Sodome et Gomorrhe comme étant l'homosexualité, mais l'inhospitalité (Gn.13:13 parle de “la méchanceté des habitants de Sodome”; Ez.16:49 mentionne leur "inhospitalité"). Au regard du passage, le crime indéniable ici est le mépris des étrangers.

Pourtant le passage de Jude 1:7 spécifie clairement que le crime puni est celui de la méchanceté et des relations contre-nature, mais on pourrait dire que c'est une interprétation tardive des événements - c'est dans le Nouveau Testament, assez éloigné des faits et potentiellement de la mentalité particulière à l'Ancien Testament. Pour rester dans ce dernier, on trouve en fait une histoire similaire à celle de Sodome et Gomorrhe dans le livre des Juges, chapitre 19, versets 22 à 25. Le phrasé est presque identique, et il est clair que dans ces circonstances, connaître fait référence à un mal, une infamie, une chose qui déshonore. L'inhospitalité et la méchanceté des gens du coin est manifestement de l'ordre de l'abus sexuel. Encore une fois, le parallélisme entre les deux passages est porteur de sens, et indique la nature du crime de Sodome & Gomorrhe.

Sans oublier les prétendues icônes Gay de l'Ancien Testament...

Il s'agit bien sûr de David et Jonathan. Certes, les mêmes expressions sont employées pour décrire leur amour et celui entre un homme et d'une femme (1Sam.18:1,19:1, 2Sam.1:26), mais c'est avant tout pour souligner la fidélité qui caractérisait leur relation, plutôt que la nature de l'amour. On parle de leur amitié comme d'un mariage politique, Jonathan ayant compris que Dieu avait choisi David comme successeur de son père Saül. En outre, les pulsions de David étaient clairement tournées vers le sexe opposé, comme le montre son comportement envers Bethsabée. 

Qu'il ait eu un amour particulier pour Jonathan ne peut d'ailleurs nous surprendre que hors-contexte. A cette époque les femmes étaient assez peu éduquées et cherchaient avant tout à plaire physiquement (et particulièrement celles qu'on présentait au roi). Les hommes, eux, devaient faire face à des responsabilités qui réclamaient plus d'éducation, et passaient le plus clair de leur temps entre eux (et c'est encore le cas aujourd'hui au Proche et Moyen-Orient), notamment à la guerre. Jonathan, fils de roi, était certainement très éduqué, et les situations périlleuses auxquelles il a fait face avec David ont certainement forgé des liens très intimes entre eux. Mais, tout ça remis en contexte, rien ne porte à croire qu'il y avait plus qu'une forte amitié fraternelle entre eux.

Que penser de cette vision de la sexualité ?

Toujours pour remettre les choses en contexte, faisons un tour d'horizon du Proche-Orient Ancien, où ont vécu tous ces personnages bibliques : chez leurs voisins les hittites, la zoophilie et le travestisme sont légaux. En Ougarit, les dieux eux-mêmes sont zoophiles ! En Égypte, l'inceste est pratiqué jusque dans la famille royale, de même qu'en Mésopotamie certaines formes d'incestes étaient tolérées. Les Ammonites, eux, sacrifiaient carrément leurs enfants à leurs dieux. Partout dans la région, la castration et la prostitution, dans le cadre d'un culte religieux, étaient courantes. A côté de ça, les prescriptions bibliques au sujet de la sexualité sont étonnamment saines et cohérentes.

Cela montre que l'opinion publique ne suffit pas pour garantir une moralité individuelle et publique de qualité. Et si tu crois qu'on ne commettrait plus ce genre d'égarement moral de nos jours, repenches-toi sur les effets de la "libération" sexuelle depuis mai 68...

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