26 octobre 2012

Face à la violence, que faire ?

Deux fois en peu de temps, des amis se sont confiés à moi au sujet d'une situation violente qui les a troublés, et devant laquelle ils se sont retrouvés désemparés, comme toutes les autres personnes présentes.

Une jeune femme, d'abord, qui en a vu une autre se faire brutalement malmener dans la rue par un homme, et qui était atterrée de l'absence de réaction de la foule environnante. Elle-même a eu peur d'intervenir, étant une fille, et ne se sentant manifestement pas soutenue par d'autres.

Plus grave, un ami me raconte qu'il voit une voiture s'arrêter dans la rue, une femme en sort en criant et en cherchant à appeler la police avec son portable. Un homme de l'autre côté de la voiture, l'attrape violemment et la force à rentrer dans la voiture, puis s'allonge sur elle pendant qu'elle se débat. Étranger, et déstabilisé par l'absence de réaction des passants qui se contentaient de regarder, il hésite à intervenir. Un homme lui dit "C'est la vie ! C'est la vie...". Le presque-viol public prend fin, la voiture redémarre, rideau.

Ces deux amis s'en voulaient. Ils ne comprenaient pas pourquoi personne ne faisait rien, et encore moins pourquoi eux-mêmes n'avaient rien fait. Je vais t'expliquer pourquoi comme je leur ai expliqué, et je vais te recommander ce que je leur ai recommandé pour faire face à ce genre de situation de la manière la plus sûre et efficace possible.

Pourquoi personne ne fait rien, ou l'effet de diffusion

Les chercheurs en psychologie sociale ont beaucoup écrit depuis le cas d'école que fut le meurtre de Kitty Genovese dans les années 1960, malgré le fait qu'il ait été largement exagéré et ne corresponde en réalité pas à l'effet décrit. Pourtant, l'effet existe réellement et a depuis été observé au cours d'expériences sociales.

Le principe, c'est qu'un groupe en présence d'une personne en danger a généralement besoin d'un leader pour réagir. Sans leader, personne ne prend de risque, personne ne prend de responsabilité. Et plus le groupe est grand, plus la responsabilité individuelle est diffuse. Cela semble contre-intuitif, mais en fait, plusieurs mécanismes psychologiques sont à l’œuvre, et notamment les deux raisonnements suivants :

- "Il y a surement quelqu'un d'autre de mieux placé que moi pour intervenir".

- "Si personne ne réagit, c'est peut-être qu'il ne faut pas réagir".

Comment réagir

Il FAUT réagir. TU dois réagir. Dieu ne t'a pas placé sur terre pour que tu doutes ou que tu aies peur, il t'a placé là où tu es pour que tu sois comme lui : juste, plein de compassion, et que tu haïsses le mal, que tu interviennes pour libérer les opprimés, et que tu défendes ceux qui ne peuvent pas se défendre. C'est dangereux, et ça fait peur, mais c'est ta responsabilité de créature faite à l'image de Dieu, et encore plus en tant qu'enfant de Dieu, pour l'amour duquel il a connu la torture et la mort.

Mais tu es probablement faible, comme la plupart des gens. Certainement pas aussi faible que la victime, mais probablement plus faible que l'agresseur. Dans ce genre de situation, comment peux-tu intervenir si tu es faible ? C'est très simple, il te faut du pouvoir. Et tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais il y en a partout autour de toi.

Pourquoi les pharisiens et les saducéens n'ont pas lapidé Jésus plus tôt ? Parce qu'ils avaient peur de la foule. Et pourquoi n'ont-ils pas mis Jésus à mort eux-mêmes ? Parce qu'ils avaient peur du gouvernement Romain.

Tu as certainement un téléphone portable. Sors-le, compose le 17, et avance-toi vers l'agresseur en criant que tu appelles la police. Si tu n'obtiens pas de réaction, prends autorité sur la foule, car l'effet de diffusion sera brisé dès que tu responsabiliseras les gens.

Tends ton téléphone à quelqu'un pour qu'il parle à la police, dis-lui de relever la description de l'agresseur (aspect physique, plaque d'immatriculation s'il y a lieu), demande de l'aide à une ou deux personnes imposantes pour attraper la personne violente, et à une autre personne d'éloigner la victime pendant que vous maintiendrez l'agresseur à distance. Et ensuite, fonce. Un conseil : ne cherche pas à être violent, tu ne sais pas où ça peut mener. Il vaut mieux chercher à ceinturer la personne violente que de la frapper, surtout si vous avez l'avantage du nombre. Le but est d'immobiliser l'agresseur jusqu'à l'arrivée de la police.

Le résultat

Ceci étant dit, il faut être prudent (l'agresseur peut être armé) et aussi savoir que la victime peut se retourner contre toi, ou contre vous. Parfois les relations de couple sont malsaines au point que la femme victime pense mériter cette violence, la trouve normale, ou même préfère s'en tirer seule. Pourtant Dieu ne nous tient pas à une obligation de résultat - il ne veut pas que nous réussissions à faire, il veut que nous réussissions à être, et être comme lui. Il ne passerait certainement pas son chemin...

Peut-être que, comme dit mon père, ça ne changera que le lieu des agressions. Mais le but de l'intervention n'est pas de changer le monde, c'est de vivre en accord avec qui on est, d'être ceux que Jésus a fait de nous. Et quand bien même ça ne changerait que le lieu, c'est déjà ça : que les gens violents qui abusent des faibles sachent qu'ils doivent se cacher, qu'ils aient honte, c'est déjà une victoire. D'un autre côté, tu risques d'être blessé, voire tué. Évidemment ça dépend de chaque situation, mais c'est à considérer. Tiendras-tu alors à ta vie plus qu'à être comme Jésus ?

Que Dieu te donne le courage d'assumer qui tu es, et qu'il te garde dans ces situations.

0 commentaires: