22 mars 2013

Religion et spiritualité

Sentimentalisme. L'angle sous lequel la plupart des athées voyaient la religion il y a une ou deux décennies, c'est celui du réconfort. Réconfort d'une vie meilleure après la mort, réconfort de quelqu'un qui nous aime et nous écoute quand la vie est difficile, réconfort à avoir les réponses aux questions que tout le monde se pose et au sens de la vie, réconfort bien utile pour traverser la vie... sans jamais vraiment faire face à la dure réalité. En bref, réconfort pour les faibles. Mais après tout, on ne sait pas, et puis si ça aide les gens à vivre, tant qu'ils ne viennent pas nous embêter avec ça, pourquoi pas ?

La religion n'est-elle qu'une béquille psychologique ? Il est certain qu'elle sert d'appui, mais ce n'est là qu'une de ses fonctions, ça ne dit rien sur sa nature. Il me semble par contre qu'une religion qui n'est mise en pratique que lorsque les choses vont mal, autrement dit une religion qui est exclusivement utilisée comme béquille, a de fortes chances d'être une béquille par nature.

Aujourd'hui on préfère parler de spiritualité, le mot religion ne désigne plus qu'un grand mouvement spirituel plus ou moins traditionnel et/ou institutionalisé, mais au niveau individuel, nombreux sont ceux qui décrient la religion - à part peut-être les musulmans. Et on considère que la spiritualité est un domaine de la vie comme un autre. Chacun la sienne, cela ajoute à la diversité et la richesse des rencontres métropolitaines et saupoudre notre vie d'une dose de mysticisme qui réenchante notre quotidien. Mais comme pour le sel, point trop n'en faut.

Idôlatrie ? Du point de vue biblique, les "spiritualités" seraient qualifiées d'idôlatries. Le mot dérange, il fait vieux-jeu (comme "religion"), mais il faut voir ce que l'on entend par là. L'idôlatrie, c'est quand on fait dépendre son bonheur, son espoir ou son identité d'un élément créé plutôt que du Créateur, c'est quand on place sa confiance au mauvais endroit. D'ailleurs, en Hébreu, le mot "péché" est apparenté au verbe "rater", et on peut supposer que l'idée qui est à l'origine de ce concept, c'est le fait de rater sa cible. La religion, au contraire, c'est ce qui nous relie au Créateur et aux autres hommes.

L'idolâtrie, en termes contemporains, c'est comme si on découvrait pour la première fois l'aspirine et qu'on la trouve tellement merveilleuse et puissante qu'on se mette à lui dédier une statue à laquelle on parle et voue un culte, ou alors qu'on voue un culte à la chimie et à la médecine, au lieu d'être reconnaissant envers Felix Hoffman et de l'estimer pour son génie. Ou encore, c'est comme si on remerciait et estimait la table d'opération plutôt que l'équipe médicale qui nous a sauvé la vie, la bétonneuse plutôt que les ouvriers qui ont construit notre maison, le diplôme plutôt que le corps enseignant qui nous a permis de l'obtenir, etc.

C'est pour cette raison que la Genèse parle du fait que Dieu a créé la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les animaux, et les humains : pour clairement indiquer au monde entier que ce sont des éléments créés, dépendants, et non l'être personnel à l'origine de l'univers, le seul Dieu, le Créateur.

Tu es spirituel ? Alors quand tu pratiques ta spiritualité, poses-toi la question : est-ce que j'atteins la bonne cible ? Ou bien est-ce que ma spiritualité est une idolâtrie ? Et surtout, ne dénigre pas la religion.

"La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde."

- Epître de Jacques, chapitre 1, verset 27.

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