4 janvier 2013

La vérité sur l'Islam

Plutôt que de commencer par les précautions d'usage quand on aborde ce sujet polémique, d'une part je vais supposer que j'ai à faire à un lectorat capable de lire ce que j'écris plutôt que ce qu'on s'attend à lire, et d'autre part je compte rédiger un article qui ne nécessitera pas de formule de politesse en introduction - simplement parce qu'il sera tout ce qu'on peut attendre d'un tel article, sans qu'il soit besoin de le préciser.

Une vision de l'Islam pas très catholique. Commençons par le public, majoritairement protestant évangélique, ou influencé par un discours protestant évangélique, qui lit mes articles. Vous avez probablement une vision protestante évangélique de l'Islam. Et par là, je ne veux pas dire que vous considérez que l'Islam est l'ennemi public n°1 (une idée malheureusement répandue), mais que vous pensez probablement que l'Islam est fondé sur le Coran de la même manière que le Christianisme est fondé sur la Bible. Il faut, pour avoir une idée fidèle de l'Islam, adopter une vision plus catholique romaine de la religion, et redonner leurs places aux textes qui existent en parallèle des Écritures, et à la tradition.

L’Islam est-il fondé sur le Coran ? Une telle considération ne donnerait qu'une vision très limitée de l'Islam. Si, dans l'Islam, la réception du Coran est l'événement le plus important, en fait, il y a trois œuvres fondatrices pour la doctrine et la pratique de l'Islam : les Haddiths, la Sira, et le Coran. Les Haddiths sont des anecdotes diverses de la vie de Muhammad rapportées par plusieurs auteurs postérieurs (il y a beaucoup de Haddiths, mais tous ne sont pas authentiques, je ne considère dans cet article que ceux qui sont jugés historiquement fiables par la tradition orthodoxe). La Sira est une biographie de la vie de Muhammad. Le Coran est, selon l'Islam, la parole révélée d'Allah.

Ces trois œuvres représentent respectivement 60%, 26% et 14% du total des textes. Bien sûr, il ne suffit pas de mesurer la quantité de mots de chacune de ces œuvres, mais leur importance également. En l'occurrence, une telle étude confirme la prévalence manifeste des autres textes par rapport au texte coranique. On trouve en fait dans ces deux autres textes de nombreux éléments essentiels de l'Islam qui pourtant n'apparaissent pas dans le Coran.

Par exemple, les 5 piliers de l'Islam (la confession de foi, la prière, l'aumône, le ramadan et le pèlerinage) n'apparaissent pas dans le Coran, mais dans les Haddiths (le n°3 et celui de Omar Ibn Al Khattab), et ressemblent beaucoup dans leur forme à des pratiques judéo-chrétiennes de l'époque. Mais ce n'est pas tout. La Sunna, équivalent de la tradition dans l'Islam, est fondée sur la Sira. Et la Charia, la loi islamique, est fondée sur les Haddiths.

Voilà la vérité sur l'Islam. Et c'est en partie pour cela qu'il y a un tel décalage entre la réalité et les représentations médiatiques de l'Islam, faites à partir du Coran, et ignorant la Sira et les Haddiths.

N.B. (merci prof!): Je n'aborde ici que la confession islamique la plus répandue, c'est-à-dire le Sunnisme. L'Islam chiite et soufi accordent beaucoup plus d'importance au Coran qu'aux autres écrits (ou même les rejettent), et c'est d'ailleurs ce qui explique certaines différences entre ces confessions. L'Islam n'est pas moins divers que le Christianisme, le Bouddhisme, ou l'Hindouïsme, mais les caractéristiques générales du courant le plus répandu sont un bon point de départ.

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