14 décembre 2012

Un monde sans religion

Chassez le spirituel, il revient au galop. La Révolution Française a jeté à bas l'institution religieuse chrétienne, pour la remplacer immédiatement par le culte de la déesse Raison. Hegel, qui avait admiré en son temps cette Révolution, affirmait que le point culminant du progrès intrinsèque de l'Histoire serait le Weltgeist (“l'Esprit du monde”) – ou l'Esprit Absolu : Il prêtait à l'Histoire une volonté, un but conscient de liberté vers lequel elle tendait inexorablement.

Feuerbach quant à lui partit dans la direction opposée avec l'idée que l'Histoire est le développement de la matière, et non de l'esprit (ou de l'idée). Selon lui, la religion est simplement “le rêve de l'esprit humain”.

Karl Marx, influencé par Feuerbach, prôna un socialisme radical qui bannissait l'idée de Dieu. La religion n'était pour lui que “l'opium des masses”. De telles illusions devaient être éradiquées en faveur d'un monde rationnel où les hommes résolvent leurs problèmes sans intervention “extérieure”.

Une telle hostilité à la foi religieuse a pris forme physique en Russie après la Révolution de 1917. Le pays sera le cobaye du socialisme scientifique. Un ultime culte religieux fut célébré dans les murs du Kremlin en octobre 1917, et officiellement il n'y en aura plus jusqu'en 1990. A cette date, Mikhail Gorbatchev, alors chef d’État, déclarait que la Russie était en grave déclin spirituel.

En parallèle à un revirement politique récent vers le socialisme, on assiste aujourd'hui en France à un retour similaire au spirituel – si Dieu est mort, il est ressuscité. On peut, par la loi, imposer un cadre athée aux nations, mais on ne peut pas le vivre : les hommes ont toujours cherché Dieu aussi ardemment qu'ils l'ont fui.

2 commentaires:

GANGOUEUS a dit…

Vincent, peux-tu donner des exemples de ce retour au spirituel dont tu parles? Et j'ai une autre question : peut-on mettre au même niveau le religieux et le spirituel?

Elias Hargreaves a dit…

Exemples de retour au spirituel en France :


- L'engouement pour le Bouddhisme,

- Le succès du livre "L'Esprit des Religions" de Hesna Caillau, qui encourage le mysticisme trans-religieux,

- Des films tels que "Qui a envie d'être aimé?", "Des Hommes et des Dieux", et "Les Hommes Libres".

- Le caractère "underground" du christianisme le rend populaire dans le monde de la mode par exemple,

- Les philosophes français (outre Onfray qui ne compte qu'à moitié) dissertent largement sur un humanisme transcendental inspiré du christianisme.

- La visibilité croissante des "évangéliques" dans les media, ainsi que la multiplication des regroupements régionaux et nationaux (GBU, Mad In France, Un Même Coeur, etc.).

Quant à la différence entre religieux et spirituel, aujourd'hui on semble faire une différence, comme si le religieux était fondamentaliste, autoritaire, et moyen-âgeux, par opposition au spirituel, qui est libre, tolérant, et personnel. C'est à cause de ces nuances que j'utilise les mots "religion" et "spirituel" et non "religion" et "religieux".

Cependant, il me semble également que les gens donnent au terme spirituel un sens individuel, relatif, incontrôlé, qui s'éloigne du genre d'adoration et de relation souhaite. Je préfère me décrire comme "religieux" plutôt que comme "spirituel".