17 août 2012

La vérité sur Galilée

Le "cas Galilée" est souvent cité comme exemple type des relations conflictuelles entre science et religion. Cet homme de la Renaissance, vu comme un héros de la recherche libre et objective, représente l'ensemble de la communauté scientifique, tandis que l’Église et ses dirigeants sont dépeints comme des obscurantistes religieux étroits d'esprit et autoritaires.

Mais ceci n'est ni plus ni moins que du révisionnisme - ou, si le terme vous choque, disons de la "réécriture historique". Galilée ne s'est jamais fait porte-parole de la communauté scientifique, et l’Église n'a jamais cherché à décrédibiliser sa vision de la cosmologie en dépit des indices concluants sur lesquels elle était fondée.

Seulement, c'est plus simple de raisonner avec des clichés, ça évite de réfléchir, et surtout, de se renseigner.

En fait, les vrais contradicteurs de Galilée étaient les scientifiques Aristotéliciens qui, dirigeant la communauté scientifique à l'époque, voyaient dans la théorie de Galilée une menace à leur prééminence. L'histoire est donc plus complexe qu'une simple opposition entre science et religion, et pour cause, chaque intervenant se réclamait de la foi chrétienne et prônait la vérité de la Bible.

Le véritable conflit était un conflit interne à l’Église, un conflit d'interprétation de cette vérité Biblique. Suite à la publication par Galilée du Sidereus Nuncius ("Messager des Étoiles"), de nombreux notables religieux et politiques ont débattu sur les implications de ses découvertes pour l'interprétation des passages bibliques qui semblaient concerner des sujets scientifiques.

Et au milieu de ces délibérations, Galilée lui-même a fait part de son opinion sur la manière de mettre en lien la Bible et la science dans sa lettre à la Duchesse Christine de Lorraine. Il y démontre une grande connaissance de la Bible, des auteurs chrétiens, de l'histoire de l’Église et de l'Antiquité; une foi solide en Dieu, ainsi qu'un esprit vif, et il y expose des principes d'interprétations de la Bible d'une telle pertinence que c'est ce qu'on enseigne aujourd'hui dans les facultés de théologie chrétienne. Ce petit traité sur l'utilisation de citations bibliques en matière de science a largement circulé parmi les notables, avant d'être publiée en 1636 (trois ans après son procès par l'Inquisition).

Ami, quelque soit ton parcours, chrétien ou non, laïc ou théologien, je t'en recommande fortement la lecture.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est légitime de parler de "réécriture historique" du cas Galilée, et également d’ignorance sur les véritables croyances de l’époque. La majorité des gens s’imaginent que les détracteurs de Galilée auraient prétendu que la terre était plate, anachronisme impossible à l’époque de son procés (17ème siècle), quelques 140 ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Les détracteurs de Galilée étaient tous d’accord que la terre est ronde et tourne sur elle-même, mais lui aurait reproché de dire que la terre n’était pas au centre du monde, ceci bien plus pour lui faire des ennuis que par véritable soucis théologique. La lettre à la Duchesse Christine de Lorraine (surprenant témoignage de la conception de Galilée !) indique que les débats sur la terre plate ou ronde étaient courants au 4ème siècle, puisque St-Augustin (354-430) rejette la pertinence théologique du débat, en laissant finalement à la Science le soin de trancher. C’est rare de trouver des traces « théologiques » du procés de Galilée. A part cette lettre, il y a la courte lettre de Galilée à Elia Diodati (15 janvier 1633). Dans les 2 cas, Galilée affirme sa foi et se défend contre une lecture littérale erronée de la Bible.
Kirikoman