12 novembre 2012

Prétention de neutralité

Il arrive souvent que dans un débat, on se retrouve en face d'une personne qui prétende être un observateur neutre et objectif et nous reproche notre propre subjectivité. Autrement dit, on ne ferait que chercher à se justifier, motivé par une angoisse personnelle, tandis que son discours à lui se fonderait sur la raison, les faits et la logique.

Il faut rejeter ce faux raisonnement. D'une part personne n'est entièrement neutre et objectif, d'autre part, l'objectivité de l'observateur extérieur et neutre est un mythe : un observateur extérieur et neutre ne pourra jamais comprendre l'amour, ni en parler avec justesse (c'est un exemple, il n'est pas forcément nécessaire de faire l'expérience d'une chose pour en juger, pas besoin d'être un violeur pour savoir que c'est mal de violer).

Exemple : On entend souvent cette doctrine “Il faut traiter toute affirmation comme une hypothèse à tester en fonction des faits – cohérence logique et observation empirique”. Le but recherché est manifestement d'éviter l'argument circulaire ou la fausse question. Mais cela implique que le seul moyen fiable de déterminer la validité et la vérité d'une affirmation est de l'analyser d'un point de vue logique, rationnel et factuel. Or, si on applique ce principe à cette dernière affirmation, comment le maintenir ?

Autrement dit, comment prouver que le seul moyen fiable de déterminer la validité et la vérité d'une affirmation est de l'analyser d'un point de vue logique, rationnel et factuel ? Si on le fait logiquement, rationnellement, de manière factuelle, on tombe dans le raisonnement circulaire. Si on le fait d'une autre manière, on réfute l'affirmation elle-même.

Il ne s'agit pas de rejeter la logique, la raison, ou les faits – simplement, une telle position n'est pas prouvable, c'est quelque chose qui précède la réflexion ou l'argumentation même, c'est un élément de notre vision du monde... c'est ce qu'on appelle un présupposé.

Ici, ce présupposé rejette toute possibilité d'explication surnaturelle, même si elle est appuyée par des indices factuels. Il est donc interdit de prouver l'existence surnaturelle de Dieu par des explications surnaturelles... autrement dit, il est impossible de prouver l'existence de Dieu. Le chrétien aura un présupposé opposé, et on ne peut pas lui interdire dans le débat sous prétexte qu'on préfère son propre présupposé, ce serait malhonnête.

Pour clarifier : un présupposé, c'est une conviction profonde sur la réalité, l'homme, la vérité, le monde, la connaissance, etc. et c'est à partir de ces convictions qu'on perçoit, analyse et organise toute nos expériences humaines.

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