16 décembre 2010

L'argent - Mendicité & Manipulation

Quand je me promène dans les rues des grandes villes comme Aix-en-Provence et Paris notamment, les mendiants sont partout. Je ne passe jamais dans ces centre-ville sans passer à côté d'une personne qui me demande de l'argent. J'ai déjà écrit plusieurs articles à ce sujet. La question n'est pas résolue, la réflexion se poursuit.

Je ne crois pas qu'il soit bon de donner de l'argent dans ces cas-là.

D'une part parce qu'on en sait pas ce qui va être fait de cet argent – mieux vaut donner à une association dont on aura soi-même vérifié l'impact, une association locale par exemple. C'est investir son argent sagement. Cela permet aussi de recommander les centres locaux aux personnes qui vous demandent de l'argent, en leur donnant un prospectus si on en a.

D'autre part, parce que donner de l'argent dans ce cadre développe une relation de dépendance plutôt que de restaurer la dignité humaine du mendiant. Mendier est dégradant, et est souvent ressenti comme tel. C'est une relation d'infériorité pour le demandeur, qui souvent cherche désespéremment à obtenir quelque chose du donneur potentiel, et va très vite recourir à la manipulation émotionnelle ou psychologique pour y arriver (et cela s'applique autant aux mendiants qu'à certaines associations et oeuvres charitatives, dont je déteste les méthodes).

Alors, que peut-on faire, en pratique ?

On peut donner régulièrement (même peu) à une association. Et j'insiste sur le mot “régulièrement”. Il est beaucoup plus facile de prévoir les budgets et d'entreprendre des actions durables grâce à ce genre de dons. On préfère s'assurer 10 euros par mois pendant un an que 200 euros une seule fois.

On peut aussi, et surtout, traiter les gens avec respect. De nombreux mendiants (surtout les mendiants étrangers) considèrent que mendier est un travail. Ils en cherchent pas à “s'en sortir” : ils s'en sortent déjà très bien, de leur point de vue. Et s'ils prétextent vouloir manger, ils préfèrent pourtant rarement un sandwich à de l'argent. Ceux-là exhiberont leurs enfants en bas-âge pour provoquer la pitié, et les enverront parfois vous réclamer de l'argent de manière insistante. C'est difficile de dire non à un enfant qui supplie, mais plus on le fait, ou plus on les ignore, et plus on s'endurcit.

Alors plutôt que de les ignorer ou de les envoyer au diable comme je vois beaucoup de gens le faire, et comme je suis tenté de le faire (oui, même les envoyer au diable, parce que malgré tout c'est un comportement indécent, de la part des associations comme des mendiants), je les regarde dans les yeux, je leur sourie, et je m'adresse à eux pour leur dire non. Et même s'ils insistent en croyant déceler dans l'attention que je leur porte une ouverture, je maintiens mon non sans scrupule parce que je suis convaincu que donner dans ce cas-là est mal. Et si c'est un mendiant que je croise tous les jours, je lui dirai bonjour. Je lui demanderai même peut-être son nom, et je me présenterai.

Dans mon cas, donner, rester indifférent ou s'énerver est une fuite de la situation, qui relève de la faiblesse, aussi j'essaye simplement d'être gentil – gentil et fort en même temps.

Par contre, il y a deux cas particuliers :

- Si je croise une personne qui est clairement dans le besoin, qui fouille les poubelles par exemple, alors je n'ai pas de doute que je peux aider cette personne (auquel cas je pourrai proposer de lui acheter à manger ou lui recommander un abri).

- J'encouragerai financièrement sans problème une initiative de travail – comme le fait de jouer de la musique, de faire des cendriers avec des canettes de coca, ou de vendre le Journal des Sans-Abri. Restaurer la dignité humaine passe par la reconnaissance et la valorisation de la personne.

1 commentaires:

Damien a dit…

Bonne réflexion sur le sujet... je rejoins globalement tes idées