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7 juin 2013

La Bible, pour la peine de mort ?

Si on croit que Dieu a inclus dans sa loi la peine de mort, peut-on prétendre que c'est une punition injuste ? Et l'esclavage ? Devrait-on, en bon chrétien, militer pour leur rétablissement ? Car la même loi qui a organisé le peuple d'Israël pendant des millénaires  avec ces choses est celle dont Jésus déclare "Ne pensez pas que je suis venu abolir la loi  et les prophètes, je suis venu non pour les abolir mais pour les accomplir. En vérité, je vous le dis, jusqu'à ce que la terre et les cieux disparaissent, pas un iota, pas une virgule ne disparaîtront de la loi, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie" (Mt.5:18).

Certains milieux chrétiens débattent de la peine de mort. Outre le fait que la loi humaine ait pour visée la limitation du péché (plutôt que l'établissement du Royaume de Dieu), il y a deux aspects à considérer : la justice et l'utilité. On a tendance à ne plus se poser que la question de l'utilité, or la mort ne sert manifestement ni à réinsérer le coupable, ni à dissuader les criminels potentiels (car les crimes qu'on punirait de mort relèvent de pulsions irraisonnées ou qui défient les risques encourus). Au mieux, la mort d'un dangereux multi-récidiviste permettrait de protéger la société, mais on a trouvé un autre moyen : la prison à perpétuité.

Pourtant, dans la Loi donnée par Dieu, il n'y avait pas d'emprisonnement, seulement l'amende et la peine capitale. Le principe est qu'il doit y avoir réparation équivalente pour tout crime, et quand on ne peut pas réparer, on doit mourir. L'utilité est déterminée par la réparation, et la justice par l'équivalence (la fameuse "Loi du Talion").

Ainsi on peut - on doit - se demander : est-ce qu'une condamnation à vie, ou même de plusieurs dizaines d'années, dans le système carcéral est juste et utile ? Les peines sont-elles équivalentes aux crimes, et permettent-elles d'en réparer les dommages ?

A ton avis ?

La mort n'est-elle pas une juste punition pour qui a commis l'irréparable ? Pourtant, du point de vue biblique, nous avons tous commis l'irréparable, et nous méritons donc tous la mort. Comment donc s'appuyer sur la Bible pour condamner autrui sans se condamner soi-même ? Jésus est mort pour que nous ne mourrions pas, alors même que nous étions encore rebelles à sa loi, et si nous nous réclamons de son Royaume, nous devons suivre son exemple.

Comment mourir soi-même afin que d'autres ne meurent pas, même s'ils sont encore rebelles à la loi ? Par la compassion, par exemple. Accomplir des actes d'amour qui nous coûtent et le faire pour Dieu et les autres, plutôt que pour soi, c'est un sacrifice, une petite mort qui fait du bien. Aller rendre visite aux prisonniers, par exemple. Mais plus généralement, supporter le coût d'une transition vers un meilleur système judiciaire pourrait être un bon début.

Allons plus loin. S'il faut exclure la mort et la prison, deux concepts de cette Loi divine demeurent utiles : le pardon et  l'esclavage.

Pour le pardon, cela permet à la personne lésée d'accepter par compassion une punition moindre du coupable (par exemple une amende au lieu de la peine de mort, ou une amende moindre au lieu d'une amende dont l'autre ne pourra jamais s'acquitter). Peut-être pourrait-on envisager des procédures similaires ?

Pour l'esclavage... en réalité ce mot est inadéquat, et n'a rien à voir avec la traite des noirs ou l'esclavage Romain. Dans la Bible, il s'agit d'une possibilité de se mettre au service d'autrui lorsqu'on n'a pas d'autre moyen de gagner sa vie ou de rembourser une dette, et c'est un emploi encadré par des droits qui protègent le serviteur. On demeure l'égal de son maître en dignité, mais pas en droits et devoirs.

En termes contemporains, cela ressemble aux travaux d'intérêt général, mais on pourrait l'étendre à des travaux d'intérêt particulier. La Suède, championne des peines alternatives, a justement mis en place une sorte de bagne moderne, des villages de détention et de travail pour les crimes les moins graves, ce qui permet de désengorger les prisons tout en rétablissant les principes d'équivalence et de réparation. Ces villages sont semi-ouverts, ce qui permet aux détenus de profiter d'une certaine liberté et à la famille de ces derniers de venir leur rendre visite. Certainement une piste à suivre...

17 mai 2013

La mort pour tous

Comment réagir face à la mort des personnes vulnérables dans notre société ? Celle d'un nouveau-né non-viable, un enfant atteint de cancer, une personne âgée délaissée, une femme battue, un ado qui s'est tranché les veines, un SDF... ?

En vrai évolutionniste, ne faut-il pas se dire : "Réjouissons-nous ! Le moins adapté est mort, et nous, les plus adaptés, nous restons. La mort permet et garantit notre adaptation et donc notre survie. Amen." ?
Les pleurs ne sont que sensiblerie et faiblesse morale devant la logique implacable de la sélection naturelle - car on peut en amoindrir les effets qui nous semblent désagréables mais au final il faut reconnaître que le mécanisme est magnifiquement efficace. Après tout, c'est ce qui a fait l'humain tel qu'il est.

En vrai chrétien, il faut pleurer avec ceux qui pleurent. Et avec raison ! La maladie et la mort sont scandaleuses et absurdes, l'être humain n'est pas censé disparaître de manière aussi misérable. Pourtant, en vrai chrétien, on sait que la vie n'a pas dit son dernier mot, car ce monde où tout périt est lui aussi périssable... Un temps viendra où Dieu, qui a créé toute chose, renouvellera toute chose. Alors l'humain, créé à l'origine pour vivre, ressuscitera et vivra; et le monde, créé pour que l'humain en prenne soin, s'épanouira. Alors la mort ne sera plus. On peut pleurer, mais on ne désespère pas, parce qu'on sait que malgré notre condition déchue et méritée, une vie éternelle attend ceux qui ont foi dans les promesses et la bonté de leur Créateur.

15 mars 2013

L'Eglise centrée sur Christ

Notes à partir de 'The Christ Centred Church' de A.W.Tozer.

L'autorité des Ecritures. Dieu a formulé son autorité par sa Parole. Qu'aucun libéral n'ose se lever et dire "Nous allons l'expliquer à la lumière de ce que disent Platon ou Aristote". Que Platon et Aristote se tiennent tranquille. Qu'aucun pape n'ose se lever et dire "Nous allons l'expliquer à la lumière de ce que le Père untel a dit". Que le Père untel se tienne tranquille. Leur bouche sera bientôt remplie de poussière. Et que tout le monde se tienne tranquille pendant que parle le Seigneur Tout-Puissant.

L'identité morale du chrétien. On nous dit de ne pas croire que l'Eglise est un club de sainteté, et que, au contraire, nous chrétiens ne sommes pas différents des non-chrétiens, si ce n'est que nous avons un sauveur. Qu'en pensez-vous ? Si un homme sur un lit d'hôpital, agonisant, disait à son voisin de chambrée qu'il était tout aussi mourant que lui, mais que la différence c'est qu'il a un docteur, qu'en penseriez-vous ? Quel avantage cet homme a-t-il à avoir un docteur, s'il agonise sur un lit d'hôpital ? Quel avantage a-t-on à avoir un Sauveur, si nous ne vivons pas dans la sainteté ? Jésus n'est pas seulement notre Sauveur, c'est avant tout notre Seigneur. Il se réjouit, c'est certain, que nous soyons des croyants. Mais il préfère que nous soyons des disciples. La différence, c'est la discipline.

Le Saint-Esprit et le prédicateur. De nos jours, les gens ne savent pas, ils ont plusieurs théories au sujet du Saint-Esprit - nos facultés de théologies même nous enseignent les 4 théories les plus répandues, et c'est à nous de faire notre choix. Et nous, nous sommes trop charitables et faisons preuve de trop de largesse pour nous fixer sur une seule en définitive. Mais que ce soit clair : celui qui n'est pas assez convaincu de l'action du Saint-Esprit pour n'avoir qu'une seule théorie ferait mieux d'aller labourer les champs. S'il ne peut prétendre enseigner avec une certitude prophétique la Parole de Dieu, il n'a pas sa place sur la chaire.

L'attitude envers le monde. Nous nous félicitons parce que nous vivons aussi sainement que les gens cultivés qui vont à l'opéra, nous vivons aussi décemment que l'athée ou le scientifique déiste. La vérité, c'est que nous nous sommes vendus. Nous avons adopté le monde, nous nous y sommes conformés et identifiés - à l'exception, peut-être, des pires choses comme le viol et les crimes contre l'humanité, mais après tout le pécheur moyen ne commet pas non plus ces crimes-là. Jésus disait aux pharisiens qu'ils étaient la semence d'Abraham mais pas ses enfants. Et bien, nous sommes la semence des apôtres, mais nous ne sommes pas leurs enfants.

Nombre d'entre nous sont encore des bébés dans la foi. Les bébés, ce sont des êtres égocentriques, à la merci de la moindre émotion, et avec un régime très limité, des êtres sans vie intérieure, sans but, qui passent leur temps à jouer avec des choses anodines, des êtres qui ne cherchent jamais en eux-mêmes la cause de leur malheur. Voilà la marque des bébés, oui, voilà la marque des chrétiens immatures à qui Paul se plaint de devoir répéter les fondements de la vie en Christ après tant d'années. 


L'esprit des pharisiens. Les pharisiens avaient fait des années d'études dans les meilleures écoles, ils étaient orthodoxes, ils enseignaient la Loi, ils pouvaient même la citer ! Il ne s'agissait pas de gourous sectaires, de fanatiques, de fous chaotiques et rebelles, c'était des dirigeants religieux respectés. Mais ils avaient le coeur dur et ils étaient arrogants. Se pourrait-il qu'encore aujourd'hui, quelqu'un soit orthodoxe (évangélique ?), partisan d'un crédo conforme aux Ecritures, fidèle à sa dénomination, loyal envers l'église de ses pères, et reste pourtant aveugle, cruel, bigot et méchant ?

Jésus aimait les pharisiens, il ne les condamnait pas, au contraire - il serait mort pour eux. Mais il n'aurait jamais fait de compromis avec eux. Ils pensaient que le péché risquait de les infecter, mais Jésus savait que le coeur pur n'a rien à craindre du péché. Au contraire, si la pureté vient de Dieu, c'est pour purifier les coeurs de ceux qui sont dans le péché. Voilà l'ennemi - le religionisme. Le fait d'être religieux pour être sauvé, et non pour glorifier Dieu. Car les pharisiens trouvaient un moyen d'interpréter la Loi pour sauver leur âne en détresse le jour du Sabbat, mais pas pour sauver une âme en détresse même en dehors du Sabbat, pas pour aider un semblable dans le besoin : leur coeur n'arrivait pas à croire qu'on pouvait sauver des pécheurs.

15 février 2013

L'Evangile du "Plein Potentiel"

Traduction arrangée à partir du chapitre "The Burden of Potential", de Larry Osborne, dans le livre collaboratif "Measuring Up".

Nous ne devons jamais oublier que Jésus, au début de la trentaine, a apparemment sacrifié tous ses talents et ses opportunités de ministère pour une chose plus grande encore : l'obéissance à Dieu. Ou "accomplir la volonté de Dieu", appelez-ça comme vous voulez.

Evidemment, notre situation est rarement aussi tragique, et le prix à payer aussi grand, mais parfois nous devons faire des choix difficiles. Si le Maître veut que je fasse la plonge, peu importe que j'aie le potentiel pour être un virtuose. Ma place est dans la cuisine, pas dans un orchestre.

Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'on doive refuser chaque opportunité. Cependant pour obéir à Dieu il faut écouter sa voix attentivement.

La quête d'accomplissement personnel, pour remplir le potentiel que l'on croit voir en soi-même a tendance à confondre la réussite et la fidélité.

Nous savons tous qu'il y a une différence entre la définition du succès selon Dieu et selon le monde. Mais je me rends compte que plus je me concentre sur mon potentiel, et plus j'en viens à utiliser le dictionnaire du monde plutôt que celui de Dieu.


La pyramide de Maslow représente la hiérarchie des besoins humains, depuis les besoins physiologiques à la base jusqu'au "plein potentiel", au sommet.

Dans notre culture, atteindre son potentiel a plus à voir avec un résultat tangible qu'avec la manière dont on agit. Quand on réfléchit à la manière de réaliser ou maximiser notre potentiel, on pense rarement au martyre. On ne pense pas non plus à des années de dur labeur dans un relatif anonymat. On pense à gagner, surmonter les obstacles, accroître des nombres, bref, à réussir.

Les gens "motivés" sont rarement motivés pour être bons. Ils sont motivés pour gagner. Cela vaut aussi pour les responsables d'église. Nous cherchons à réussir - plus de participation, plus de personnel, plus de ressources - souvent en supposant que réussir et être fidèle, c'est la même chose.

Il n'existe aucune sagesse, aucune compréhension, aucun projet qui puisse réussir contre la volonté de Dieu. "Le cheval est apprêté pour le jour du combat, mais la victoire appartient au Seigneur" (Prov. 21:30–31).

28 décembre 2012

15 principes apologétiques selon G. Bahnsen

Greg Bahnsen (1948-1995)était un philosophe calviniste américain, et c'est probablement lui qui aura le plus vulgarisé les écrits de Cornelius Van Til, l'apologète réformé par excellence, en reprenant notamment son travail sur les présupposés, les faux raisonnements, et la démarche apologétique.

1. Défendre la foi chrétienne est une nécessité morale pour chaque croyant, nous devons être "toujours prêts" à rendre compte de notre espérance  (1Pi.3:15).

2. Pour éviter de faire fausse route, voilà ce que ça n'implique pas:

(a) d'être agressif,
(b) d'avoir comme objectif de persuader,
(c) de se fonder sur une autorité autre que la théologie.

3. Pour le chrétien, la raison devrait être un outil, et non l'autorité ultime de sa pensée. 

4. Notre affirmation devant le monde est que le croyant sait que la Bible est vraie - nous pouvons justifier notre acceptation de sa fiabilité par de bonnes raisons.

5. Le conflit entre croyant et non-croyant est ultimement un conflit de visions du monde différentes, c'est-à-dire différents ensembles de présupposés qui guident la réflexion et d'après lesquels toute expérience est interprétée

6. En conséquence, nous devons argumenter "l'impossibilité du contraire", c'est-à-dire montrer que seul le Christianisme contient les préconditions d'intelligibilité de toute expérience humaine et de tout raisonnement humain. Si le Christianisme n'était pas vrai, personne ne pourrait rien prouver, ni rien comprendre.

7. Les non-croyants se trompent eux-mêmes : ils connaissent la vérité au sujet de Dieu, mais ils la répriment en rationalisant les indices clairs présents en eux et tout autour d'eux. 

8. Celui qui se défend intellectuellement et moralement, en réalité, ce n'est donc pas Dieu, mais le non-croyant. 

9. Il y a une large gamme d'attaques du Christianisme, et on ne peut pas correctement y répondre en appuyant sa défense sur : 

(a) le subjectivisme (la connaissance ne relève pas de l'objet mais du sujet qui connaît),
(b) le relativisme (le sens et la valeur des croyances humaines n'ont pas de fondement absolu transcendantal),
(c) l'éclectisme (piocher à droite à gauche ce qui nous semble intéressant dans différentes philosophies).

10. Les apologètes doivent argumenter. Une argumentation qui honore Dieu n'est pas querelleuse, mais guidée par les exemples bibliques.

11. Un argument affirme la vérité d'une proposition en se fondant sur d'autres propositions vraies.

12.Une argumentation rationnelle ne se limite pas à la simple utilisation d'un raisonnement déductif par syllogisme.

13. Dieu souhaite que nous maîtrisions les outils de la rationalité pour défendre la foi chrétienne. C'est notre devoir de réfuter les attaques des non-croyants et de proposer une critique interne de la position philosophique dont l'attaque est issue.

14. Les deux péchés intellectuels que les gens commettent le plus sont : 


(a) l'incohérence,
(b) le jugement arbitraire.

15. Face à un non-croyant, le chrétien devrait être prompt à signaler les erreurs de pensée :  

(a) les conjectures préjudicielles,
(b) les partis pris philosophique non-justifiés,
(c) les présupposés qui sont incohérents entre eux,
(d) les faux raisonnements,
(e) les comportements qui vont à l'encontre des croyances proclamées.

26 octobre 2012

Face à la violence, que faire ?

Deux fois en peu de temps, des amis se sont confiés à moi au sujet d'une situation violente qui les a troublés, et devant laquelle ils se sont retrouvés désemparés, comme toutes les autres personnes présentes.

Une jeune femme, d'abord, qui en a vu une autre se faire brutalement malmener dans la rue par un homme, et qui était atterrée de l'absence de réaction de la foule environnante. Elle-même a eu peur d'intervenir, étant une fille, et ne se sentant manifestement pas soutenue par d'autres.

Plus grave, un ami me raconte qu'il voit une voiture s'arrêter dans la rue, une femme en sort en criant et en cherchant à appeler la police avec son portable. Un homme de l'autre côté de la voiture, l'attrape violemment et la force à rentrer dans la voiture, puis s'allonge sur elle pendant qu'elle se débat. Étranger, et déstabilisé par l'absence de réaction des passants qui se contentaient de regarder, il hésite à intervenir. Un homme lui dit "C'est la vie ! C'est la vie...". Le presque-viol public prend fin, la voiture redémarre, rideau.

Ces deux amis s'en voulaient. Ils ne comprenaient pas pourquoi personne ne faisait rien, et encore moins pourquoi eux-mêmes n'avaient rien fait. Je vais t'expliquer pourquoi comme je leur ai expliqué, et je vais te recommander ce que je leur ai recommandé pour faire face à ce genre de situation de la manière la plus sûre et efficace possible.

Pourquoi personne ne fait rien, ou l'effet de diffusion

Les chercheurs en psychologie sociale ont beaucoup écrit depuis le cas d'école que fut le meurtre de Kitty Genovese dans les années 1960, malgré le fait qu'il ait été largement exagéré et ne corresponde en réalité pas à l'effet décrit. Pourtant, l'effet existe réellement et a depuis été observé au cours d'expériences sociales.

Le principe, c'est qu'un groupe en présence d'une personne en danger a généralement besoin d'un leader pour réagir. Sans leader, personne ne prend de risque, personne ne prend de responsabilité. Et plus le groupe est grand, plus la responsabilité individuelle est diffuse. Cela semble contre-intuitif, mais en fait, plusieurs mécanismes psychologiques sont à l’œuvre, et notamment les deux raisonnements suivants :

- "Il y a surement quelqu'un d'autre de mieux placé que moi pour intervenir".

- "Si personne ne réagit, c'est peut-être qu'il ne faut pas réagir".

Comment réagir

Il FAUT réagir. TU dois réagir. Dieu ne t'a pas placé sur terre pour que tu doutes ou que tu aies peur, il t'a placé là où tu es pour que tu sois comme lui : juste, plein de compassion, et que tu haïsses le mal, que tu interviennes pour libérer les opprimés, et que tu défendes ceux qui ne peuvent pas se défendre. C'est dangereux, et ça fait peur, mais c'est ta responsabilité de créature faite à l'image de Dieu, et encore plus en tant qu'enfant de Dieu, pour l'amour duquel il a connu la torture et la mort.

Mais tu es probablement faible, comme la plupart des gens. Certainement pas aussi faible que la victime, mais probablement plus faible que l'agresseur. Dans ce genre de situation, comment peux-tu intervenir si tu es faible ? C'est très simple, il te faut du pouvoir. Et tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais il y en a partout autour de toi.

Pourquoi les pharisiens et les saducéens n'ont pas lapidé Jésus plus tôt ? Parce qu'ils avaient peur de la foule. Et pourquoi n'ont-ils pas mis Jésus à mort eux-mêmes ? Parce qu'ils avaient peur du gouvernement Romain.

Tu as certainement un téléphone portable. Sors-le, compose le 17, et avance-toi vers l'agresseur en criant que tu appelles la police. Si tu n'obtiens pas de réaction, prends autorité sur la foule, car l'effet de diffusion sera brisé dès que tu responsabiliseras les gens.

Tends ton téléphone à quelqu'un pour qu'il parle à la police, dis-lui de relever la description de l'agresseur (aspect physique, plaque d'immatriculation s'il y a lieu), demande de l'aide à une ou deux personnes imposantes pour attraper la personne violente, et à une autre personne d'éloigner la victime pendant que vous maintiendrez l'agresseur à distance. Et ensuite, fonce. Un conseil : ne cherche pas à être violent, tu ne sais pas où ça peut mener. Il vaut mieux chercher à ceinturer la personne violente que de la frapper, surtout si vous avez l'avantage du nombre. Le but est d'immobiliser l'agresseur jusqu'à l'arrivée de la police.

Le résultat

Ceci étant dit, il faut être prudent (l'agresseur peut être armé) et aussi savoir que la victime peut se retourner contre toi, ou contre vous. Parfois les relations de couple sont malsaines au point que la femme victime pense mériter cette violence, la trouve normale, ou même préfère s'en tirer seule. Pourtant Dieu ne nous tient pas à une obligation de résultat - il ne veut pas que nous réussissions à faire, il veut que nous réussissions à être, et être comme lui. Il ne passerait certainement pas son chemin...

Peut-être que, comme dit mon père, ça ne changera que le lieu des agressions. Mais le but de l'intervention n'est pas de changer le monde, c'est de vivre en accord avec qui on est, d'être ceux que Jésus a fait de nous. Et quand bien même ça ne changerait que le lieu, c'est déjà ça : que les gens violents qui abusent des faibles sachent qu'ils doivent se cacher, qu'ils aient honte, c'est déjà une victoire. D'un autre côté, tu risques d'être blessé, voire tué. Évidemment ça dépend de chaque situation, mais c'est à considérer. Tiendras-tu alors à ta vie plus qu'à être comme Jésus ?

Que Dieu te donne le courage d'assumer qui tu es, et qu'il te garde dans ces situations.

14 septembre 2012

La fac de théo, c'est biblique ?

Si les Églises enseignaient correctement les paroissiens, y aurait-il besoin de facultés de théologie ?

Les apôtres n'étaient, pour la plupart, pas des hommes instruits. Jésus leur avait enseigné de manière simple, et le Saint-Esprit leur permettait de transmettre cet enseignement fidèlement. Chaque assemblée chrétienne devrait continuer à en faire autant, et il n'y aurait alors pas besoin de faculté de théologie.

C'est un discours que je rencontre parfois. Je ne vois pas les choses de cette manière, cependant. Et si, comme de nombreux jeunes chrétiens, j'aimerais être plus et mieux enseigné dans la foi à l'église, ce n'est pas pour ça que je fais des études de théologie.

Les apôtres n'étaient peut-être pas des hommes très instruits, mais ils ont tout de même été instruits par Jésus pendant 3 ans - l'équivalent d'une licence. Cela souligne l'importance de mettre un temps à part pour la formation selon la parole de Dieu.

Pour en revenir aux auteurs du Nouveau Testament, Paul et Luc, qui en ont écrit chacun un tiers, étaient des hommes très instruits. Deux autres évangélistes, Marc et Matthieu, ont écrit selon l'enseignement de ces apôtres peu instruits qui justement ne savaient pas écrire. Moïse et Daniel, parmi les grands auteurs de l'Ancien Testament, ont eux aussi été éduqués par des cours royales (celle de Pharaon et de Nabuchodonosor). Il est donc clair que l'instruction joue un rôle central dans la transmission de la doctrine, si ce n'est dans son articulation (pour ce qui est des épîtres de Paul). Une personne plus instruite se rend plus disponible pour ce travail de Dieu.

On peut ajouter à ça le problème de l'éloignement temporel et spatial : 2000 ans, ou plus, nous séparent des écrivains bibliques. Il n'a jamais été nécessaire pour les premiers chrétiens de faire beaucoup d'efforts pour comprendre les écrits originels, mais pour nous, c'est donc nécessaire :

Les langues d'origine. Si pour le message central, les traductions disponibles aujourd'hui sont limpides et s'accordent, une certaine connaissance du Grec et de l’Hébreu bibliques est nécessaire pour éviter les écueils d'interprétation (plusieurs contradictions apparentes dans la Bible sont résolues par une étude linguistique plus approfondie - des problèmes inhérents à toute traduction).

La culture de l'époque. Les langues représentent une culture, et si on ne l'étudie pas, on ne peut pas comprendre ne serait-ce que les expressions idiomatiques, les tournures de phrases, les références...

La culture contemporaine. Il ne suffit pas d'être né dedans pour la comprendre dans toute sa diversité. Notre époque est extrêmement riche en visions du monde de tous horizons. Plus que jamais il est important de les connaître, de les étudier, d'en démêler les fondements, les articulations et les implications, pour comprendre les gens à qui on s'adresse et leur adresser un message pertinent.

L'éthique. Les questions auxquelles nous faisons face aujourd'hui requièrent un autre niveau de compréhension qu'à l'époque. La FIV, l'euthanasie, l'avortement, etc. sont des problèmes techniques plus complexes que la consommation des viandes sacrifiées aux idoles, ou l'immoralité sexuelle.

L'histoire de l’Église. Dans tous ces domaines, il existe 2000 ans, ou plus, de réflexion, de débats, de vies de chrétiens, qui essayent de formuler le message Biblique fidèlement tout en l'adaptant à leur époque - et nous n'aurions rien à apprendre de ça ? Ne doit-on pas être curieux de ce que Dieu a inspiré à nos frères et sœurs du passé, et de la manière dont les chrétiens ont occasionnellement été mal guidés par les hommes ?

Voilà ce qu'il est bon d'étudier lorsqu'on veut être théologien, et ça prend du temps, des ressources documentaires et des enseignants. Grâce à toutes ces choses, on peut servir ses frères et ses sœurs dans l’Église tout comme notre génération en général. Si on combine tout ça, on obtient une faculté de théologie.

Ce n'est pas un institut de théologie, qui lui sert avant tout à former des pasteurs, de manière très pratique. Il s'agit d'une faculté, qui instruit les chrétiens pour qu'ils servent l'église selon les dons que Dieu leur a donnés, qu'ils deviennent enseignants, pasteurs, docteurs, évangélistes, prophètes, ou simplement des chrétiens dont la foi est solidement fondée en Christ. Ce n'est pas le seul moyen, mais c'est un très bon moyen.

31 août 2012

Un témoignage qui décourage

"T'as de la chance d'avoir un témoignage aussi impressionnant. Moi je suis né dans une famille chrétienne, j'ai été élevé dans la foi, j'ai pas eu de changement radical et de grandes épreuves, comme toi...".

Je vais t'en foutre, moi, des témoignages impressionnants. Tu sais toutes les casseroles que je me traine, parce que je n'ai pas été élevé dans la foi, justement ? Est-ce que tu crois que j'hésiterais une seule seconde si je pouvais changer de place avec toi ?

Mais en réalité, la question ne se pose pas. Je suis là où Dieu m'a placé, et je m'en satisfais pleinement, grâce à lui et malgré moi. Et c'est la même chose pour toi. Si mon témoignage te décourage de témoigner, n'oublie pas que tu es une lettre de chair, écrite de la main de Dieu, tout comme moi. Si la force de mon témoignage, c'est la repentance, la force du tien, c'est la bénédiction qui découle de la fidélité à Dieu.

Mais admettons. Tu veux un témoignage comme le mien ? C'est très simple. Mais ça va faire très mal. Être né dans une famille chrétienne et élevé dans la foi ne t'aura pas immunisé contre les effets du péché, on y est tous exposés. Dieu nous révèle au fur et à mesure de notre vie l'ampleur de notre péché, et parallèlement, l'ampleur de son amour et de sa grâce. Ne sois pas pressé, et ne désespère pas.

Parce que si mon témoignage ne reposait que sur un changement radical, alors il ne concernerait que mes premières années de foi, et je vivrais le reste de ma vie chrétienne en radotant la même vieille histoire. Dieu n'est-il pas plus que ça ? Et s'il l'est pour moi, ne l'est-il pas pour toi ?

Si tu crois manquer de repentance, je t'assure que tu ne manqueras certainement pas de sujet de repentance. Demande à Dieu de te briser le cœur par le poids de ton péché - c'est le genre de prière auquel il répond toujours - et tu verras. Demande-lui de te révéler ta plus grande peur, ta plus grande honte, ta plus grande culpabilité, vois comment ça nuit à sa gloire dans ta vie, et travaille ensuite à remettre ça entre ses mains. Entoure-toi de tes amis chrétiens proches, et ensemble, livrez-vous, racontez-vous toute votre vie, sans réserve. Confessez-vous les uns aux autres et priez les uns pour les autres.Tu verras, alors, si ton témoignage n'est pas aussi "impressionnant" que le mien.

10 août 2012

Mon ami R. et moi

Mon ami R. a grandi dans une famille catholique, il est allé à l'église trois fois par semaine jusqu'à ses 16 ans, puis jusqu'à 19 ans il a continué à y aller le dimanche, il lisait sa Bible, il priait, il faisait ce qu'on lui demandait... et puis il a tout rejeté, et il se trouve bien plus heureux maintenant qu'il peut faire tout ce qu'il veut, il mène sa vie comme il l'entend.

Selon lui, la Bible nous demande de ne pas faire ceci, de ne pas faire cela, bref, de se priver de tout un tas de choses, et de s'astreindre à tout un tas d'autres - elle nous impose des règles, en somme. Et pourquoi ? Parce que des hommes ont écrit que c'était comme ça. Il veut bien croire en Dieu, mais c'est trop dur, et franchement, trop déprimant de vivre sa vie selon la Bible : il préfère encore aller en Enfer.

Le truc, c'est que mon ami R. n'a jamais rencontré Dieu. Il a essayé de suivre les règles de la Bible tout seul, alors que toutes les règles dans la Bible sont là d'abord pour montrer aux hommes qu'ils n'arrivent pas à s'en sortir seuls, qu'ils ont besoin d'aide.

Car aurait-on besoin de la Bible si on savait parfaitement distinguer le bien du mal ?
Et même alors, aurait-on besoin de Dieu si on savait toujours choisir le bien ?

Quand je suis devenu chrétien, j'étais homosexuel. Je savais que ça n'allait pas avec ce que Dieu voulait. Je me suis dit "Tant pis, pas de sexe, après tout Dieu devrait me rendre heureux". Mais un jour, un ami chrétien m'a dit "Tu ne crois pas que si Dieu a créé l'univers, il peut faire quelque chose pour ta sexualité ?". Et c'est vrai, ça : je me contentais de peu. Et j'en souffrais.

Alors j'ai dit à Dieu : "Tu ne veux pas que j'aie de relation sexuelle avec des hommes ? Et bien fais-moi désirer les femmes ! Puisque tu es Dieu, transforme-moi ! Si c'est ta volonté que les hommes aiment les femmes et qu'ils vivent dans la joie, alors agis". Et Dieu a agi. Je lui ai remis tout ça, reconnaissant que j'étais incapable de m'en sortir par moi-même, et il s'est chargé de tout.

Aujourd'hui, je suis encore en chemin, mais depuis cette prière, je suis tombé amoureux d'une femme, et surtout j'ai réalisé que mon attirance pour les hommes venait d'un manque affectif et d'une angoisse identitaire. Si j'avais écouté les media, et les gens "tolérants", j'en serais probablement toujours au même point. Mais grâce à Dieu, je sais qui je suis, et je sais que je ne suis pas homosexuel.

J'ai voulu obéir aveuglément à la règle de Dieu, mais lui m'a ouvert les yeux, sur moi, et sur lui. Parce qu'au fond, Dieu ne veut pas qu'on suive des règles, il veut qu'on vive la vie qu'il a prévu pour nous, la vraie, la bonne vie, en relation avec lui. Et surtout, il nous suffit de demander, selon sa volonté.

Mon ami R., quant à lui, peut bien dire qu'il est libre et heureux, mais s'il se livrait à toi comme il s'est livré à moi, tu saurais qu'il est profondément malheureux, et qu'il cherche à fuir ce malheur en faisant toutes ces choses que Dieu déconseille. Et ça ne l'aide pas beaucoup. Je suis sûr que tu sais de quoi je parle - tu es humain, comme R. et moi, et tu sais comment va la vie.

Si tu veux t'en sortir seul, bonne chance, et surtout bon courage ! Mais sinon, si tu es fatigué, si tu commences à désespérer, il est temps de demander un peu d'aide à celui qui peut te changer de l'intérieur.

22 juin 2012

T'es pauvre ? Tant pis.

Naître en République dans une clinique chauffée, avoir des parents en vie, un frigo plein, une éducation gratuite, la sécurité sociale... je n'ai rien mérité de tout ça, je suis simplement né dans cet environnement. Je peux disposer de tout ça parce que des hommes et des femmes (chrétiens pour la plupart) se sont associés et ont lutté pour établir une société où l'homme vivrait dans de bonnes conditions.

Je ne l'ai pas mérité, mais j'en ai hérité.

Quelle doit-être ma première réaction ? La reconnaissance. Et un sens des responsabilités. C'est parce que j'ai hérité de ces richesses que je dois en faire profiter d'autres. Agir autrement serait égoïste - l'amour que j'ai reçu me pousse à en donner, parce que c'est la nature même de l'amour. C'est à ceux qui ont en abondance d'aider ceux qui sont dans le besoin... et ne sommes-nous pas tous le riche d'un autre ?

Il est facile de s'imaginer généreux, mais c'est difficile de l'être. Savoir ce qu'on ferait d'un million d'euros est sans importance. Ce qui est important, c'est de savoir ce qu'on va faire des 20€ dans notre poche, ou des 1000€ sur notre compte.

Alors ! Ne savons-nous pas tous que le problème des inégalités dans le monde est avant tout un problème de répartition des richesses ? Et que fait-on pour inverser la tendance, ici et maintenant ?

Peu, au final, car il ne suffit pas de savoir ça pour changer. La connaissance n'a jamais rendu personne meilleur. La peur, les doutes, l'avidité subsistent. Il faut que notre cœur égoïste change, il faut qu'on se contente de ce que l'on a, de ce qui nous est donné, pour discerner ce qui est superflu et le distribuer à ceux qui en ont besoin. Évidemment ça aide si nos parents nous ont montré le bon exemple, mais ce n'est jamais tout-à-fait le cas.

Jésus n'encourage ni la pauvreté ni la richesse, mais simplement la confiance en un Dieu qui pourvoit, afin d'inciter au don de soi et de ses ressources à l'autre. Dieu n'a pas besoin de notre générosité, mais il veut qu'on l'honore en étant généreux comme il est généreux, qu'on aime comme il aime. Parce que Dieu est amour, il veut qu'on donne comme il se donne, comme il s'est donné en Jésus. C'est lié à sa personne, et à la nôtre : si nous voulons être généreux, c'est parce que nous sommes faits à l'image de Dieu; et pour être généreux comme il l'est, il faut le connaître.

Car comment savoir comme il est généreux, et comment il aime, si on ne le connaît pas ? Si on n'accepte pas sa générosité et son amour, c'est-à-dire le don de son fils Jésus pour pardonner nos crimes, alors on ne le laisse pas nous influencer, notre cœur ne change pas, et on ne peut pas devenir comme lui. C'est pour cela que faire le bien, ça demande avant tout d'être quelqu'un de bien, et ça s'apprend d'abord par une relation avec Dieu.

Es-tu seulement prêt à te fournir à la source pour être riche de l'amour de Dieu pour les hommes ?

6 avril 2012

La Bible et le sexe

Ce à quoi nous sommes habitués n'est pas forcément normal : à trop mentir, nous perdons le sens et la valeur de la vérité, à force d'hypocrisie, nous perdons  la valeur de l'amitié... et si notre morale était anesthésiée par notre environnement, qui regorge d'incitations à toutes les pratiques sexuelles ? Et si nous avions perdu toute notion de la valeur du sexe ?

Qu'en dit la Bible ? Pas de sexe avant le mariage ? Pas de divorce ? Pas de relations homosexuelles ? Point par point, ces éléments peuvent sembler rétrogrades et aliénants. Mais il faut voir pourquoi et comment ils sont disposés, et surtout les considérer dans leur ensemble, comme une éthique sexuelle globale et cohérente.


Pas de relation avant LA relation
N'éveillez pas l'amour avant qu'il ne soit temps, conseille par trois fois le Cantique des Cantiques (Ca.2:7; 3:5; 8:4). Autrement dit, LE livre de la Bible qui parle le plus de sexe (avec des métaphores très imagées quoique très pudiques pour l'époque) nous avertit du danger de se laisser aller au niveau sentimental et physique avant de prendre un engagement envers l'autre.
Voyez les amours adolescentes (et même plus âgées par fois), est-il besoin de plus pour considérer qu'il est sage de se préserver - et de se préserver non pas par bigoterie, mais afin de construire un amour mature et sain, sachant ce qu'on veut plutôt que de le rechercher à tâtons, malhabilement, se blessant et en blessant d'autres au passage ? L'échec d'une relation très intime implique une destruction émotionnelle, tandis qu'une relation construite prudemment se laisse déconstruire avec moins de dégâts.

Un seul partenaire pour la vie
Le livre des proverbes recommande une seule femme à la fois, une seule femme pour la vie (Pr.5:18-19) :
Fais ta joie de la femme de ta jeunesse, biche des amours, gazelle pleine de grâce:
Sois en tout temps enivré de ses charmes, Sans cesse épris de son amour.

Jésus en rajoute une couche (Mt.19:6,9)
[Les mariés] ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. (...) Celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère.


Une seule femme ? Et si on se trompe ? C'est bien pour cela qu'on recommande de se préserver avant le mariage : afin d'être sûr de vouloir prendre un engagement définitif, et cela devrait nous pousser à nous intéresser aux choses fondamentales (le caractère, les goûts, la vocation, la vision du monde, les espoirs), sans nous laisser séduire uniquement par les choses qui fluctuent (comme l'attirance sexuelle ou émotionnelle). 


Et la liberté ? Mais quelle liberté ? Car c'est de l'amour qu'on risque de s'enivrer, plutôt que de l'autre. On aime tomber amoureux, on aime souvent l'émotion plus que la relation. Si un homme est incapable de garder un travail plus de quelques mois, qu'en déduisez-vous ? Qu'il est libre ? Ou qu'il est esclave de ses moindres envies, qu'il est sans recul, sans persévérance ?


Un homme, une femme
J'en ai déjà parlé ici plus en détail. Je n'aborde pas le sujet de manière anodine : j'ai moi-même eu  des attirances uniquement homosexuelles pendant une dizaine d'années, ce qui inclue mes trois premières années en tant que chrétien, et maintenant j'en suis libre. 
Je suis tombé amoureux d'une femme l'année dernière - ce que j'aurais cru impossible il y a encore deux ans. Et le changement n'est pas juste une volonté de me conformer à la volonté de Dieu, mes attirances provenaient d'un déséquilibre émotionnel, que j'ignorais. Et en progressant sur ce plan dans ma relation avec Dieu, le reste a suivi. 
Je n'aurais jamais soupçonné tout ce qu'il y avait à guérir en moi si j'avais perduré dans la recherche de l'amour homosexuel - parce que mon attirance résultait d'un problème, d'une frustration, d'une angoisse émotionnelle qui s'était muée en désir sexuel, et qui cherchait à compenser un phénomène de manque plutôt que de s'attaquer à la question de fond.  
Je ne dis pas que c'est forcément le cas pour tout le monde, mais ça me semble envisageable - et pas que pour les homosexuels, d'ailleurs, en fait je crois que si ce déséquilibre irrésolu a pris cette forme chez moi, il peut en prendre bien d'autres, et s'exprimer sous bien des manières - que je n'accepte pas comme faisant partie de la nature humaine sous couvert de tolérance. Il y a autre chose, il y a mieux, je le sais, je le vis.
___

Avec tout ça, quel programme ! C'est du boulot, bien sûr. Tu remarqueras que je n'ai pas parlé d'obligation ou de règles, car comme le dit l'apôtre Paul, tout est permis, mais tout n'est pas bon (1Co.10:24). L'être humain, seul être vivant capable d'apprendre des réussites et des échecs des générations précédentes, est également, et malheureusement, incroyablement peu enclin à le faire... Mais la Bible est là pour enseigner ce qui est bon et ce qui est mauvais, c'est un manuel de vie humaine, riche de plus de 5000 ans d'expérience !

Évidemment, ce n'est pas que ça. Mais c'est au moins ça. C'est une sagesse qui nous propose une autre vie, selon une norme idéale, et incompréhensible pour nos sociétés modernes, mais il faut voir où ces dernières nous ont amenés... je préfère encore ce à quoi Dieu nous invite. On se plante tous, mais tant qu'on le reconnaît, on peut demander pardon et avancer malgré tout : c'est ce qu'il veut, et c'est ce qu'il nous offre. Un retour à la vraie vie, un retour au vrai plaisir sexuel.

Alors, es-tu prêt à vraiment prendre ton pied ?

3 février 2012

Just Do It

Nous ne voulons pas choisir - c'est ça notre problème. Nous repoussons tous nos choix parce que nous avons peur d'en assumer les conséquences, que nous croyons irréversibles. Ou alors, nous voulons tout, immédiatement, ce qui nous évite de choisir ou de supporter les conséquences de nos choix.

Une fille me disait récemment qu'elle avait l'impression de se retrouver devant un véritable supermarché des religions, et que du coup elle ne savait pas quoi choisir. C'est une expression qui revient souvent, et c'est une comparaison qui en dit long sur notre rapport à la vie.

La surabondance de choix nous paralyse, et nous frustre. Et si je fais le mauvais choix ? Ce sera de ma faute : parmi tous ceux offerts, il y en avait forcément un bon. Et si je fais le bon choix ? Je regretterai quand même les bons aspects des autres options, et en plus je me demanderai toujours si, au final, il n'y avait pas mieux...

Alors on attend de plus en plus longtemps avant de devoir faire des choix, il faut y aller lentement, avec prudence et douceur, pour ne pas nous brusquer. On a peur de se retrouver piégé. Les études, le boulot, le mariage... tout y passe ! Le problème n'est pas tant qu'on ne sait pas où on va, mais qu'on ne sait carrément plus aller où que ce soit.

D'où un conseil : Tentons ! Ce qui ne dispense pas de réfléchir avant, bien sûr, mais tentons, bon sang ! Ayons confiance en nous, parfois nous ferons des erreurs et nous nous en relèverons, parfois nous réussirons - mais arrêtons de nous comporter comme de vieux ados qui refusent de grandir.

C'est ce que j'ai fait avec le christianisme. Au début j'ai pensé faire un grand tableau croisé de toutes les religions du monde pour vraiment avec un recul objectif sur tout ça. Puis dans un grand moment de lucidité, je me suis rendu compte que ça me prendrait des années et que je n'aurai jamais la persévérance de le faire. Alors, plan B, j'ai essayé ! Après tout, ça n'allait pas me rendre instantanément stupide, et au pire, si je me rendais compte que ce n'était pas ce que je recherchais, rien ne m'empêcherait de revenir en arrière.

Et je me suis rendu compte que c'était vrai, cohérent, pertinent, profondément bon; Jésus a donné un sens à ma vie, et depuis je n'ai jamais autant réfléchi ni accompli de choses. Adieu la paralysie ! Just do it.

23 septembre 2011

Mysticisme chrétien

5 caractéristiques différencient les expériences mystiques des religions païennes et l'expérience mystique telle qu'elle est décrite dans la Bible :

1. C'est Dieu qui l'initie. Les expériences mystiques chrétiennes sont toujours initiées par Dieu, et non par l'humain en utilisant des techniques spécifiques comme le jeune ou la méditation transcendantale.

2. C'est l'occasion d'un message clair. Ceux à qui une telle révélation est donnée doivent se souvenir d'un message spirituel cohérent, spécifique et de caractère informatif, et le transmettre aux autres croyants. Il ne s'agit pas d'impressions vagues, ou de visions librement interprétées.

3. Le message est confirmé. Ces révélations spéciales sont toujours liées à des événements extérieurs qui les confirment. Par exemple Dieu dit à Pierre que trois hommes vont arriver et qu'il doit partir avec eux, or effectivement trois hommes arrivent et ils ont besoin de lui; il part donc avec eux (Actes 10:19-22). Même chose dans l'Ancien Testament avec les visions prophétiques.

4. Le message confirme la Bible. Les révélations reçues pendant des expériences mystiques ne contredisent jamais la Bible ni ne servent de fondement pour une doctrine de la foi chrétienne. L'expérience mystique n'est pas le moyen par excellence de recevoir une révélation de Dieu, pas plus que l'expérience personnelle. Le moyen par excellence, c'est la Bible, et tout autre moyen y est subordonné.

5. On ne fusionne pas avec le divin. L'expérience mystique chrétienne rapproche de Dieu, conforme notre être à sa volonté, améliore notre relation. C'est pour ça qu'on parle d'alliance, de mariage avec Dieu, dans le christianisme, et non de fusion ou d'absorption. Le christianisme laisse entière sa place à la personne, à l'individu, et donc à la relation personnelle.

23 décembre 2010

L'argent - Que faire de ses richesses ?

Luc 16:13 : Nul serviteur ne peut servir deux maîtres; car ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses.

Les 3 derniers articles sur l'argent préviennent du danger que représente la richesse. Cependant, se débarrasser de tout son argent ne serait pas la solution, ce serait fuir la responsabilité, et rejeter aussi la bénédiction de Dieu. L'attitude recommandée par la Bible demande plus de réflexion, de discernement, et d'efforts. Il s'agit de faire preuve de sagesse afin de s'entrainer, en gérant maintenant les richesses de ce monde, à gérer plus tard les richesses du monde à venir, le Royaume de Dieu (Luc 16:9-11).

1 Tim.6:17-19 : Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en profitions. Recommande-leur de faire du bien, d'être riches en bonnes œuvres, de faire des dons, d'être généreux, et de s'amasser ainsi pour l'avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable.

Outre les principes évidents de justice sociale dans ce passage, notons que Dieu nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en profitions. On a donc le droit d'en disposer librement. Dieu ne nous donne pas de l'argent pour nous obliger à en faire quelque chose en particulier, mais il nous responsabilise avec les richesses qu'il nous accorde.

Ainsi, nous pouvons d'une part nous souvenir que c'est Dieu qui nous permet de produire ces richesses (Dt 8:18), et le remercier pour cela (Jer.9:23-24). Mais outre ça, en pratique, que faire de l'argent dont on dispose ? Le livre des Proverbes, recueil du Roi Salomon, un homme extrêmement riche, nous éclaire beaucoup sur ce qu'il faut faire de ses richesses, et ses préceptes se retrouvent dans tout le discours de Jésus et des apôtres. Je ne citerai pourtant ici que les références du livre des Proverbes, par souci de brièveté.

- Pour notre relation avec Dieu : Honorer Dieu (Pr 3:9), ne pas chercher à en acquérir toujours plus, se contenter du nécessaire (Pr 23:4-5, 30:8-9).

- Pour soi : Faire des réserves (Pr 21:20), se méfier des cautions (Pr 17:18; 22:26-27), ne pas accepter de pots-de-vin (Pr 17:23), réfléchir avant de faire un emprunt (Pr 22:7).

- Pour les autres : Placer les besoins d'autrui avant le profit (Pr 11:26), faire preuve de générosité (Pr 11:24-25; 22:9), aider les pauvres (Pr 19:17; 21:13), se soucier de l'héritage qu'on laisse aux générations futures (Pr 13:22).

Pour des pistes de réflexions supplémentaires sur la richesse, je vous recommande la lecture de l'Évangile de Luc.

Merci à Pierre pour m'avoir suggéré de finir cette série sur l'argent dans la Bible avec ce thème, et pour les références qu'il m'a fournies.

19 décembre 2010

L'argent – Générosité et Justice

(Traduction d'un article de Tim Keller)

Les jeunes adultes sont de plus en plus portés sur la justice sociale, et le bénévolat est devenu la marque distinctive de toute une génération d'étudiants universitaires et de jeunes diplômés. Les pourcentages de bénévoles ont recommencé à augmenter depuis la seconde moitié de cette décennie, alors qu'ils étaient en diminution depuis les années 70. Ceci est une excellente nouvelle.

Cependant, de nombreuses personnes ont non seulement intégré un ressenti émotionnel qui les pousse à agir pour les droits de l'homme et la justice sociale, mais ils ont aussi adopté des habitudes consuméristes qui vont à l'encontre des concepts de sacrifice de soi et de satisfaction différée. Bien qu'ils donnent de leur temps, ils dépensent aussi de grosses sommes pour se divertir, prendre soin de leur apparence, investir dans l'électronique ou voyager. Alors pour un grand nombre d'entre eux, le bénévolat fait partie de leur panel d'activités enrichissantes, mais ce n'est pas la caractéristique d'une vie formatée par une lutte pour la justice, et qui comprend une générosité radicale.

Quand on étudie le thème de la justice dans la Bible, on voit que très souvent la générosité financière fait partie intégrante de la justice sociale. Job dit « Si j'ai gardé mon pain pour moi, sans le partager avec l'orphelin (…) si j'ai vu (…) un nécessiteux sans vêtement, et que son cœur ne m'a pas béni de le réchauffer avec la laine de mes moutons (…) ces actes seraient aussi des pêchés à juger, car j'aurais été infidèle à Dieu » (Job 31:13-28).

Beaucoup de gens pensent que « la Justice » n'est rien de plus que la punition des crimes. Ils ne pensent pas qu'on devraient être indifférent aux pauvres, mais l'aide qu'on leur porte serait pour eux de la charité, pas de la justice. Cependant Job dit que s'il n'avait pas partagé sa nourriture ou sa laine – ses possessions – avec les nécessiteux, cela aurait été un pêché contre Dieu, et par définition, une violation de la justice de Dieu. Bien sûr, on peut appeler ce genre d'aide « charité » parce qu'elle est motivée par la compassion (charité vient de caritas qui veut dire amour), mais on considère dans la Bible qu'il est injuste de ne pas vivre une vie de générosité radicale.

Notre culture nous envoie un message équivoque. Elle nous dit : gagne plein d'argent et dépense-le pour toi-même, acquiers une identité par les vêtements que tu portes et les endroits où tu vas et où tu vis. Mais fais aussi un peu de bénévolat, préoccupe-toi de la justice sociale, parce que tu ne veux pas être un gros égoïste. Cependant, l'attitude des chrétiens envers leur temps et leur argent ne devrait pas être formatée par le message de la société mais par le message de Jésus, qui s'est fait pauvre afin de nous enrichir (2 Corinthiens 8:9).

Quiconque croit sincèrement au message de pardon et de sanctification de Jésus deviendra une personne qui pratique la justice pour les nécessiteux. La pratique de la justice comprend non seulement la restauration du mal en bien, mais aussi une générosité et une conscience sociale, et une volonté de vivre un style de vie plus modeste afin de faire preuve de générosité envers l'Eglise et les pauvres. Ce type de vie reflète la caractère de Dieu (Deutéronome 10:17-18; Psaume 146:7-9). Nous disposons des ressources Bibliques et spirituelles pour dépasser le côté superficiel de notre culture et devenir ce que les descendants spirituels d'Arbaham devraient être : une vraie bénédiction pour notre ville et les pauvres (Genèse 12:1-3; Galates 3:7).

16 décembre 2010

L'argent - Mendicité & Manipulation

Quand je me promène dans les rues des grandes villes comme Aix-en-Provence et Paris notamment, les mendiants sont partout. Je ne passe jamais dans ces centre-ville sans passer à côté d'une personne qui me demande de l'argent. J'ai déjà écrit plusieurs articles à ce sujet. La question n'est pas résolue, la réflexion se poursuit.

Je ne crois pas qu'il soit bon de donner de l'argent dans ces cas-là.

D'une part parce qu'on en sait pas ce qui va être fait de cet argent – mieux vaut donner à une association dont on aura soi-même vérifié l'impact, une association locale par exemple. C'est investir son argent sagement. Cela permet aussi de recommander les centres locaux aux personnes qui vous demandent de l'argent, en leur donnant un prospectus si on en a.

D'autre part, parce que donner de l'argent dans ce cadre développe une relation de dépendance plutôt que de restaurer la dignité humaine du mendiant. Mendier est dégradant, et est souvent ressenti comme tel. C'est une relation d'infériorité pour le demandeur, qui souvent cherche désespéremment à obtenir quelque chose du donneur potentiel, et va très vite recourir à la manipulation émotionnelle ou psychologique pour y arriver (et cela s'applique autant aux mendiants qu'à certaines associations et oeuvres charitatives, dont je déteste les méthodes).

Alors, que peut-on faire, en pratique ?

On peut donner régulièrement (même peu) à une association. Et j'insiste sur le mot “régulièrement”. Il est beaucoup plus facile de prévoir les budgets et d'entreprendre des actions durables grâce à ce genre de dons. On préfère s'assurer 10 euros par mois pendant un an que 200 euros une seule fois.

On peut aussi, et surtout, traiter les gens avec respect. De nombreux mendiants (surtout les mendiants étrangers) considèrent que mendier est un travail. Ils en cherchent pas à “s'en sortir” : ils s'en sortent déjà très bien, de leur point de vue. Et s'ils prétextent vouloir manger, ils préfèrent pourtant rarement un sandwich à de l'argent. Ceux-là exhiberont leurs enfants en bas-âge pour provoquer la pitié, et les enverront parfois vous réclamer de l'argent de manière insistante. C'est difficile de dire non à un enfant qui supplie, mais plus on le fait, ou plus on les ignore, et plus on s'endurcit.

Alors plutôt que de les ignorer ou de les envoyer au diable comme je vois beaucoup de gens le faire, et comme je suis tenté de le faire (oui, même les envoyer au diable, parce que malgré tout c'est un comportement indécent, de la part des associations comme des mendiants), je les regarde dans les yeux, je leur sourie, et je m'adresse à eux pour leur dire non. Et même s'ils insistent en croyant déceler dans l'attention que je leur porte une ouverture, je maintiens mon non sans scrupule parce que je suis convaincu que donner dans ce cas-là est mal. Et si c'est un mendiant que je croise tous les jours, je lui dirai bonjour. Je lui demanderai même peut-être son nom, et je me présenterai.

Dans mon cas, donner, rester indifférent ou s'énerver est une fuite de la situation, qui relève de la faiblesse, aussi j'essaye simplement d'être gentil – gentil et fort en même temps.

Par contre, il y a deux cas particuliers :

- Si je croise une personne qui est clairement dans le besoin, qui fouille les poubelles par exemple, alors je n'ai pas de doute que je peux aider cette personne (auquel cas je pourrai proposer de lui acheter à manger ou lui recommander un abri).

- J'encouragerai financièrement sans problème une initiative de travail – comme le fait de jouer de la musique, de faire des cendriers avec des canettes de coca, ou de vendre le Journal des Sans-Abri. Restaurer la dignité humaine passe par la reconnaissance et la valorisation de la personne.

23 octobre 2010

Entre deux mondes

Si l'on vit selon la volonté de Dieu, selon les principes établis par Jésus, il y aura toujours une partie de ce qu'on fait qui sera comprise et admirée par la culture dans laquelle nous sommes, et une partie qui offensera.

Par exemple, au Moyen Orient, l'éthique sexuelle chrétienne est très bien vue. Par contre, on y trouverait stupide l'approche du pardon. Au contraire, à Paris, c'est l'approche du pardon qui fait des merveilles, tandis que l'on y considère répressive l'éthique sexuelle chrétienne.

Comme le dit la Bible, nous serons en odeur de sainteté pour ceux qui sont sauvés, et les autres ne pourront pas nous sentir.

Où qu'on soit, si l'on vit une vie de service et qui va à contre-courant de la culture locale, car c'est ce que Jésus nous commande, certains de nos actes seront loués et d'autres seront maudits. Nous devons nous contenter de ce que nous plantons des graines – tant mieux si elles germent, mais ce n'est pas notre responsabilité.

C'est important parce qu'on pourrait être tenté de diluer l'Évangile pour ne pas choquer. Le but n'est pas de choquer, et bien sûr il faut être sensible et pertinent dans son discours, mais rappelez-vous que le message de Jésus est scandaleux pour ce monde.

Le problème vient souvent, je pense, de ce qu'on ne se sent pas capable de défendre le discours de Jésus. Sur des questions comme l'Enfer, l'avortement, l'homosexualité, le mariage, et la religion pour n'en citer que quelques-uns, les débats sont souvent houleux. Il est important de bien savoir ce qu'en dit Jésus et d'y avoir réfléchi et remis dans notre contexte, et il est également important de défendre ses positions avec amour, mais sans compromis.

5 octobre 2010

La Gay Pride

La Fierté Rose, comme on l'a baptisé en France, ou Gay Pride pour le reste du monde, n'est pas simplement, comme elle a pu le paraître à l'origine, une manifestation de la « non-honte » des homosexuels dans la société. Si c'était le cas, il n'y aurait pas besoin de toutes ces exhibitions sexuelles (et souvent indécentes).

Il s'agit de plus que ça. Non seulement les homosexuels s'identifient presque majoritairement par leur sexualité, comme si c'était tout ce qui les définissait, mais en plus ils défendent et encouragent un changement moral et spirituel dans la société vers une acceptation totale de toutes formes de sexualité.

Or si très peu de gens sont effectivement homosexuels, on peut logiquement s'attendre à ce que les comportements sexuels se diversifient tout simplement parce que comme les chiens de Pavlov, nous sommes entrainés à associer plaisir sexuel et certains comportements – que ce soit dans la rue, au cinéma ou à la télévision.

Les leaders du mouvement se voient comme des révolutionnaires qui, en imposant une vision élargie des comportements sexuels et en déconstruisant ainsi l'hétérosexualité comme norme, favorisent l'émergence (comprenez «construisent à la place ») d'une nouvelle spiritualité, d'une nouvelle vision du monde, pansexuelle et panthéiste.

Les intellectuels qui soutiennent ce mouvement sont, ironiquement, ceux qui aujourd'hui mettent au même rang les pédophiles et les homosexuels dans leur classification des types de sexualités – un privilège anciennement réservé à ceux qu'on aurait jugé homophobes et fascistes. Pas moins de 7 niveaux et 14 types de sexualités sont « commercialisées » sur le marché des conceptions sexuelles de nos jours.

Comment est-ce qu'une minorité qui représente entre 1 et 3% de la population et qui n'a pas de culture, d'histoire ou de langue commune peut arriver à une telle influence dans la société ? Il ne s'agit pas seulement de la recherche d'une reconnaissance civile, d'une acceptation sociale, c'est une spiritualité « toute-incluante » qui est prônée et avec laquelle nous sommes familiarisés de force, à travers l'influence de toute notre société.

En d'autres termes, le mouvement pro-homosexuel et le mouvement néo-païen se soutiennent mutuellement. Et cette alliance n'est pas nouvelle : depuis l'Antiquité, dans toutes les cultures, les cultes païens ont inclus une caste de prêtres et chamans homosexuels ou des pratiques homosexuelles, et c'est à cette supposée source de pouvoir magique sexuel qu'est associée la force de ces deux mouvements.

Et tout ça, encore une fois, ce sont les intellectuels du mouvement homosexuel qui le disent. En fait ils vont jusqu'à s'ériger, au sein de cette nouvelle spiritualité de plus en plus répandue, en ambassadeurs du divin sur terre, en tant que personnes qui vivent l'union (ou plutôt la réunion) de ce qui a longtemps été séparé, et cela passe notamment par la sexualité et la morale.

Mais il ne s'agit pas de liberté, de respect et de tolérance – pas plus que pour l'affaire des minarets en Suisse. Il s'agit d'occupation politique et médiatique du terrain et d'influence sociale, en faveur du dictat d'une nouvelle religion : le néo-paganisme. Je croyais qu'en France, on voulait séparer la religion et le gouvernement...

4 août 2010

La fin du débat

Il est intéressant de noter que les soixante-huitards rebelles qui réclamaient à corps et à cris une liberté d'expression à leur époque, maintenant qu'ils sont au pouvoir au sein de nos universités gauchistes, cherchent à conformer les débats à un certain politiquement correct. Leur politiquement correct.

Intéressant, mais pas surprenant. Les révolutionnaires, qui se positionnent en victimes d'oppression, n'ont qu'une envie une fois qu'ils arrivent au pouvoir : opprimer leurs oppresseurs. Imposer leurs idées, qui valent mieux que celles des autres.

Par exemple, l'Église Catholique est tellement considérée comme ex-oppresseur des masses qu'il est quasiment inadmissible aujourd'hui de la défendre, sur quelque sujet que ce soit. Et pourtant moi, le protestant, l'héritier d'une tradition de révolte et de critique de l'Église Catholique, moi qui suis en désaccord franc avec une large partie des croyances et de la manière d'agir de cette institution, je suis celui qui la défend le plus dans le milieu universitaire.

La plupart des gens autour de moi s'en donne à cœur joie de surenchérir de critiques acerbes et souvent injustifiées contre telle ou telle déclaration du Pape – quand ils ne sont même pas allés vérifier exactement ce qu'il a dit, acceptant la version des médias sans sourciller puisqu'elle va dans le sens de ce qu'ils pensent déjà.

C'est la victoire de la « Sociale Faculté » sur le débat académique, de la volonté spécifique du personnel des universités sur la recherche académique de la connaissance.

Car la postmodernité nous enseigne que la connaissance est un pouvoir. Alors pourquoi voudrait-on avoir un débat avec quelqu'un d'autre ? On ne veut pas leur donner de pouvoir. Et surtout, s'il n'y a pas de vérité unique, on ne peut pas permettre à qui que ce soit de prétendre dire quoi que ce soit de « vrai » (ce qui est la base du débat). Alors, on peut toujours contrôler les termes du débats et organiser une parodie aux allures de corrida, qu'on appellera « débat d'opinion », mais qui ne sera qu'un jeu de pouvoirs. C'est ce qu'on voit dans les universités aujourd'hui.

Il n'y a plus de débat. L'objectif d'excellence académique de l'éducation a été remplacé par un objectif idéologique. Si l'on s'exprime librement, on se retrouve accusé d'un crime de haine.

1 août 2010

Ces gens-là

Ai-je mal entendu ? Ou a-t-elle vraiment dit ça ? « Les gens feraient mieux de travailler, comme moi, pour gagner leur vie, plutôt que de fainéanter et de vivre aux crochets de la société. Qu'ils travaillent! Quitte à se prostituer, j'en ai rien à battre, mais qu'ils travaillent! ». Je ne sais pas quoi dire.

Je suis en colère. A-t-elle la moindre idée de la réalité de la prostitution, pour y condamner quiconque ? J'ai envie de lui crier dessus. J'ai envie de lui foutre une claque. Comment ose-t-elle, elle qui n'a probablement jamais connu la misère, dire ça ?

Calme-toi, Elias. Rappelle-toi que c'est une personne, comme toi, et qu'elle a une histoire, et un cœur. Rappelle-toi que je l'aime, comme je t'aime toi. Elle a probablement vécu des choses qui lui font dire ça. Elle est probablement frustrée de travailler dur pour gagner peu. Regarde-la. Regarde-la, Elias.

Mais, Seigneur, je n'ai pas envie de la regarder! J'ai envie de lui dire à quel point elle se trompe, et qu'elle est intolérante, et que c'est une grosse conne. Elle ne sait pas de quoi elle parle, et elle condamne sans sourciller! Alors qu'elle-même est loin d'être parfaite.

Et toi, es-tu parfait ? Pourquoi veux-tu jeter la première pierre ? Et moi, t'ai-je condamné ? T'ai-je condamné quand tu ne croyais pas en moi, quand tu vivais comme elle, en te croyant justifié, en condamnant les gens autour de toi ? T'ai-je condamné, ou bien t'ai-je aimé et pardonné ?

Tu m'as aimé, Seigneur. Tu m'as aimé, et tu m'as pardonné, et tu as été patient avec moi, et tu l'es encore.

Et que t'ai-je appris ?

Tu m'as appris à aimer et à pardonner, à être patient avec ceux qui ne te connaissent pas. Je sais, Seigneur, je sais comment je dois réagir. Mais c'est si dur! J'ai envie de la mépriser ou de la haïr, mais certainement pas de lui témoigner amour et pardon, ou d'être patient.

Je t'avais prévenu, si tu veux me suivre, tu vas devoir porter ta croix. Mais je vais t'aider. Inspire-toi de mon amour pour toi. Aime-la comme je t'aime. Aime-la comme je l'aime.

Oui Seigneur.

Alors, je ne dis rien. Je ne dis rien, et soudain mon cœur s'alourdit. Devant moi, il y a une femme, une personne qui a souffert et qui souffre devant l'injustice. Une personne qui ne connaît pas Dieu, et qui ne connaît pas son amour. J'ai de la compassion pour elle. Alors, j'ai toujours de la colère, mais j'ai aussi envie de lui montrer l'amour de Dieu. Je n'ai plus tellement envie de la juger, juste de lui indiquer le chemin vers Jésus, pour qu'elle ait une chance de le rencontrer.

Seigneur, je t'en prie, pardonne-la, parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle dit.

Et je sais que cette situation va se répéter. Je prie pour qu'à chaque fois Dieu me donne le courage de lui témoigner de l'amour plutôt que de la juger. Je prie pour que Dieu me rappelle que ce n'est pas à moi mais à lui de transformer la vie des gens, et que ma responsabilité, c'est de servir Dieu, pas mes émotions – même si j'en souffre.