Trois
personnes prennent une chambre dans un hôtel. A l'accueil, on leur
dit que le prix pour la nuit est de 30€. Le calcul est simple,
chaque personne paye 10€. Ils montent ensuite dans leur chambre.
Puis la réceptionniste se rappelle qu'il y a une promotion spéciale
cette semaine : la chambre n'était qu'à 25€. Elle charge donc le
garçon de chambre de rapporter 5€ aux trois hommes. En chemin, il
se demande comment diviser 5€ en trois, et décide finalement de se
prendre un pourboire de 2€, facilitant la division du reste entre
les 3 clients. Quand il leur remet l'argent, chacun récupère donc
1€.
La
question est la suivante : au final, chacun a payé 9€, soit 27€
à trois. Si on ajoute les 2€ pris par le garçon de chambre, on
arrive à 29€. Et pourtant ils ont payé 30€ à l'origine. Où
est passé l'euro restant ?
La
solution est simple : il n'y a pas d'euro restant. Les 2€ du garçon
de chambre ne sont pas à ajouter aux 27€ payés par les clients,
mais à retirer, ce qui amène à 25€, le prix de la chambre.
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Ce raisonnement est ici le bon. Mais on utilise ce même raisonnement à
tort pour éviter de répondre à une question dérangeante. Autour d'un repas
avec des amis et notamment JR, qui est d'une logique implacable, nous
discutions de la justice. Et un ami de dire à JR : “C'est quoi la
justice ?”, puis, alors que ce dernier commence à répondre, il
l'interrompt pour dire : “Chacun a sa notion du bien et du mal, et
au final, il n'y a pas de justice en soi.”
Autrement
dit, on ne peut pas demander à quelqu'un de définir quelque chose
pour tout de suite revenir sur l'existence même de cette chose (à moins
que, a terme et après examen, la définition donnée soit absurde), parce qu'on déplace la question et on empêche l'autre d'argumenter. C'est déstabilisant, frustrant, et manipulateur (qu'on s'en rende compte ou non). Bref, mieux vaut commencer par dire qu'il n'y a pas de justice, suite à quoi, au vu d'un désaccord, on peut chercher à atteindre une idée commune de justice, et s'accorder sur son existence ou inexistence.
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