On
entend souvent parler de “preuve”, notamment pour l'existence de Dieu. Mais qu'est-ce qu'une preuve ? Une preuve permet de savoir, d'être sûr à 100%, qu'une affirmation est vraie... Mais existe-t-il jamais une telle preuve ?
Dans
une enquête policière,
on constate une situation, qu'on cherche à expliquer. Pour cela, on
cherche et on trouve des faits, des traces laissées par les
événements (marques, empreintes, etc.). En analysant ces faits, on
cherche ce qu'ils indiquent, et cela donne des indices – c'est le
premier niveau d'interprétation.
Ensuite
on essaye de trouver une explication qui intègre ces indices de
manière cohérente, et on détermine les indices indispensables pour soutenir cette explication. C'est le deuxième niveau d'interprétation.
On
présente ces derniers comme pièces à conviction, et elles ne
deviennent des preuves qu'une fois que le jugement est rendu,
autrement dit une fois que l'ensemble des faits analysés,
sélectionnés et organisés de manière cohérente sont reconnus
suffisants pour valider l'explication minimale des faits.
Alors
existe-t-il des preuves de l'existence de Dieu ?
D'après cette définition des choses, non. Il existe des faits, sur
lesquels tout le monde s'accorde, il y a quelques débats sur ce
qu'ils indiquent, et de nombreux débats sur ceux que l'on peut
sélectionner et la manière de les organiser pour arriver à une
explication.
Pourtant,
la question est largement débattue, notamment dans le monde anglo-saxon, où elle est formulée ainsi : “Is
there evidence for God's existence ?”.
Le mot “evidence”
recouvre aujourd'hui l'ensemble des notions de trace, indice, pièce
à conviction, et preuve, notamment dans ce débat. Certains
reprennent le terme anglais, et parlent d'évidence – à mon sens
c'est une erreur doublée d'un barbarisme de langage, car comment
s'attendre à être compris en parlant de l'évidence de l'existence
de Dieu quand justement, ce n'est pas évident pour les autres ?
Je
préfère personnellement parler de traces,
pour trois raisons :
- D'abord parce qu'il y a une notion de recherche et d'interrogation, on suit des traces, alors que les “preuves” nous forcent la main (ce qui est problématique dès lors qu'elles sont illégitimes, et elles le sont souvent a priori);
- Ensuite parce que les traces évoquent une réalité entre les faits et les indices : elles présupposent que les faits indiquent quelque chose, mais se situent encore au moment de l'interprétation, pas après. Ainsi on invite ceux qui nous écoutent à réfléchir avec nous, et à participer à cette recherche.
- Enfin, parce qu'il ne s'agit pas seulement de l'existence de Dieu, mais de son action. Dieu n'est pas, du point de vue chrétien, juste une cause première, ou un Grand Horloger qui observe sans intervenir – il vit, agit, et intervient dans l'histoire du monde et de l'humanité ainsi que dans nos vies, et ça laisse des traces.
Il
ne faut pas tomber dans une polémique où, faute de définir les
termes, on s'embourbe et chacun campe sur ses positions. Il y a dans
notre monde les traces d'un autre monde, d'une autre réalité. Nous
sommes dans le sillage de Jésus – sa vie, son œuvre ont
définitivement révolutionné le monde entier comme jamais rien ni
personne auparavant, et rien ni personne depuis. La moindre des
choses est de ne pas se précipiter dans le débat sans définir les
termes ou une certaine méthodologie.
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