Les citations du lundi dans cette série sur la République se passeront souvent de commentaires, néanmoins tu en retrouveras parfois quelques extraits dans mes articles du vendredi, ainsi qu'un peu plus de contexte historique. Sur ce, bonne lecture !
"J'ai pu comparer les deux sacristies, la laïque et la catholique, et j'ai toujours eu le sentiment de deux liturgies".
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"J'ai pu comparer les deux sacristies, la laïque et la catholique, et j'ai toujours eu le sentiment de deux liturgies".
-
Gaston
Bonheur1,
probablement entre 1958 et 1974, cité dans "La Théocratie Républicaine : les avatars du sacré", p.56.
"Marianne-Mère, c'est le terme que suggérait Gaston Bonheur. (...) Le plus ancien [archétype] et le plus profond (...) est celui de la déesse-mère, terre et eau, fécondité, féminité, culte des fées près des sources, vaguement christianisées (...).
Marianne cependant, fontaines mises à part, n'a pas séduit seulement nos régions du Midi. La République l'a faite un peu reine de France. Mais une reine ou mère contestée. Et force est bien de constater, pour finir, et pour confirmer ces derniers propos, qu'en termes de psychologie et de symbolique elle a été précisément contestée par des figures masculines de monarque, de père, de chef. Quand l'effigie de la République disparaît de l'emblématique officielle aux lendemains des coups d'État, c'est au profit des visages de Louis-Napoléon Bonaparte, en 1851 ou de Philippe Pétain en 1940. Comme elle eût disparu à plus forte raison au profit de Henri V en 1873.
Au premier degré de la réflexion on pouvait en conclure que toute monarchie, ou dictature, est un pouvoir personnel symbolisé par le portrait de l'individu gouvernant, tandis que la République, pouvoir collectif et collégial, ne peut avoir que la figure anonyme de l'allégorie. C'est, en gros, à ce premier degré d'analyse que nous nous en étions tenu dans Marianne au Combat : Nous opposions Napoléon-individu à la République-abstraction. Mais nous voilà penchant à y ajouter, au second degré, l'opposition de Napoléon-homme à la République-femme.
Est-ce légitime ? Oui, à condition que l'on accepte (réserve importante) de connoter l'être masculin d'autorité, de force et de combat, et l'être féminin de conciliation, de douceur et de paix. A condition - répétons-le - que l'on valide ces dernière conventions, l'effigie de Marianne convient mieux en effet à l'idéal théorique de la démocratie républicaine, tandis que les droites monarchique, militaire ou fasciste lui préfèrent évidemment une mâle figure de chef.
S'il en est bien ainsi, on conclura que, malgré certaines apparences, le véritable mythe antagoniste de la Marianne de France n'a peut-être pas été le mythe chrétien mais le mythe napoléonien, non pas la Sainte Vierge mais le soldat."
- Maurice Agulhon, 1989, Marianne au pouvoir (pages 348 et 349).
"Tous les enfants de France, quelle que soit leur
histoire, quelle que soit leur origine, quelle
que soit leur croyance, sont les filles et les
fils de la République. Ils doivent être
reconnus comme tels, dans le droit mais surtout
dans les faits. C'est en veillant au respect de
cette exigence, c'est par la refondation de notre
politique d'intégration, c'est par notre
capacité à faire vivre l'égalité des chances
que nous redonnerons toute sa vitalité à notre
cohésion nationale. (...)
Après avoir déchiré la France lors de
l'adoption de la grande loi républicaine de
séparation des églises et de l’État en 1905,
une laïcité apaisée a permis de rassembler
tous les Français. A l'épreuve de bientôt un
siècle d'existence, elle a montré sa sagesse et
recueille l'adhésion de toutes les confessions
et de tous les courants de pensée. (...)
L'école est au premier chef le lieu
d'acquisition et de transmission des valeurs que
nous avons en partage. L'instrument par
excellence d'enracinement de l'idée
républicaine. (...) L'école est un sanctuaire républicain que nous
devons défendre."
-
Jacques
Chirac,
2003, discours d'installation de la Commission Stasi sur la laïcité.
"Ici
depuis Philippe-Auguste on a été occupé, pillé, ravagé, mais
l'on n'a jamais pris les armes contre la France, on n'a jamais songé
que l'on pouvait être plus libre en étant moins Français. Ici l'on
sait depuis toujours qu'être Français c'est être libre, que la
France est pour la liberté une garantie et non une menace. (...)
Qu'est-ce
que la France ? La France est un miracle. Ce miracle est politique.
Il est intellectuel. Il est moral. Il est culturel. C'est le miracle
de la France de conjuguer une identité si forte avec une aspiration
si grande à l'universalisme. (...)
C'est
le miracle de la France de combiner une aussi haute idée de l'État
avec une passion aussi grande de la liberté. (...)
C'est
le pays des droits de l'homme, c'est le pays qui récuse le plus le
communautarisme qui renvoie chacun à ses origines ethniques et
religieuses, c'est le pays de la République, qui s'est toujours
battu depuis deux cents ans pour la liberté, l'égalité et la
fraternité de tous les hommes. (...)
Qu'est-ce
que la France ? La France, c'est la République. (...) C'est la foi
dans la raison, dans l'Homme et dans le progrès. (...) Être
Français c'est aimer la France, c'est vouloir la République, c'est
respecter l'État."
-
Nicolas
Sarkozy,
2007, Discours à Caen.
"La
révolution française est l’irruption dans le temps de quelque
chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement
absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une
régénération et d’une expiation du peuple français.
1789,
l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un
brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est
un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement
religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède
la révolution.
Et
donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit
dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines
pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une
nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école
et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé,
sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. (...)
Ce
qui manque au socialisme pour s’accomplir comme la pensée des
temps nouveaux, c’est une religion nouvelle : Donc un nouveau
dogme, un nouveau régime, un nouveau culte doivent surgir, afin
qu’une nouvelle société prenne la place de l’ancienne. (...)
La
laïcité elle-même peut alors apparaître comme cette religion de
la République recherchée depuis la Révolution. (...)
C’est
au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution
religieuse dont l’humanité a besoin, en étant à la fois une
révolution morale et une révolution matérielle, et en mettant la
seconde au service de la première."
-
Vincent
Peillon2,
2008, "La Révolution Française n'est pas terminée",
p.17,149, 162 et 195.
"Toute
l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la
nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser
définitivement l’Eglise. Non pas seulement l’Eglise catholique,
mais toute Eglise et toute orthodoxie. Déisme humain, humanisation
de Jésus, religion sans dogme ni autorité ni Eglise, toute
l’opération de la laïcité consiste à ne pas abandonner l’idéal,
l’infini, la justice et l’amour, le divin, mais à les reconduire
dans le fini sous l’espèce d’une exigence et d’une tâche à
la fois intellectuelles, morales et politiques."
-
Vincent
Peillon,
2010, "Une religion pour la République : la foi laïque de
Ferdinand Buisson", p.277.
"La
République a besoin de rites. La démocratie, c’est une véritable
religion, elle a besoin de rites pour être reconnue et acceptée."
2
Actuel ministre de l'Education Nationale, c'est un des principaux
dirigeants du Parti Socialiste.
3
Président de l'Assemblée Nationale.