Les ignorants parlent aux ignorants.
Il n'y a qu'une demi-poignée de gens parmi tous ceux que je connais qui seraient probablement à même de m'expliquer, même simplement, ce qu'est le Boson de Higgs, et quelles sont les implications de la découverte récente du CERN. Autrement dit, c'est une nouvelle peu accessible, et encore assez obscure.
Et pourtant, les journalistes nous en rebattent les oreilles, et les publics de tous poils s'empressent de donner leur avis sur cette découverte qu'ils ne comprennent réellement ni les uns ni les autres. Et voici l'homme moderne moyen qui nous dit qu'on maîtrise enfin la théorie du Big Bang, donc plus besoin des religions; et voilà le post-moderne moyen qui lui rétorque que même si Dieu n'existe pas, c'est peut-être mieux de ne pas le savoir...
La légèreté dont on fait preuve dans nos discussions, tant les uns que les autres, révèle bien une angoisse profonde qui nous pousse à vouloir donner notre avis, exprimer nos espoirs, se justifier, défendre un point de vue, avoir raison.
Encore récemment je discutais avec deux amis, on se demandait s'il était bon de dire les vérités qui dérangent à ses amis, quitte à se brouiller avec eux. Et bien que nous soyons partis d'une discussion générale et relativement objective, nous avions tous en tête une situation précise de notre vie passée ou présente qui nous poussait à argumenter dans un sens ou dans l'autre. Et chacun cherchait à se justifier en prenant comme exemple cette situation qu'il avait à l'esprit. L'exemple type d'un dialogue de sourd, même si ça n'en avait pas forcément l'air.
Je me suis rendu compte de ça vers la fin de la discussion. Je n'ai rien dit (j'aurais dû), mais intérieurement, je me suis décidé à agir : il y avait un ami avec qui il fallait que j'aborde un point délicat, quitte à me brouiller avec lui. Si j'avais passé presque une heure à argumenter devant mes amis que "dire la vérité qui dérange" à un ami n'était pas si simple, c'est en fait parce que j'avais peur de le faire.
Voilà pourquoi, il y a un mois à peu près, quelqu'un que je venais de rencontrer me déclarait qu'il ne voulait pas parler de religion, parce que ça ne servait à rien : son expérience lui avait "prouvé" que les gens ne font que se renforcer dans leurs convictions, à moins d'un traumatisme les oblige à changer complètement de système de pensée. Était-il convaincu, pour commencer, que les discussions ne mènent jamais nulle part, ou était-ce un mécanisme de défense face à un étudiant en théologie tel que moi ? Peu importe, au final.
J'étais à ce moment-là moins angoissé, et j'ai pu creuser sereinement la question avec lui, si bien qu'au bout de deux heures, nous nous sommes quittés d'accord sur le fait que la discussion est utile et même profitable, et qu'on peut changer d'avis plus ou moins perceptiblement, à condition d'avoir une discussion saine.
Tout ça pour dire que la communication la plus simple nécessite un apprentissage - bien sûr méthodique, mais avant tout personnel et identitaire. Tant que l'on agira par angoisse, on ne fera rien d'autre que de combattre ses propres démons, et on ne tombera d'accord qu'avec ceux qui sont prisonniers des mêmes luttes.
Des gens comme R. Dawkins et M. Onfray en sont de bons exemples : ils s'emploient à tenter de démontrer que Dieu n'existe (très probablement) pas par des arguments qui n'ont rien à voir avec l'existence de Dieu, tout simplement parce qu'ils cherchent à exorciser leur propre mauvaise expérience de la religion, et leur talent respectif entraine dans leur sillage tout un tas de disciples qui partagent leur angoisse.
C'est d'ailleurs assez ironique, car c'est justement en Dieu qu'on peut se libérer de cette angoisse...
Il n'y a qu'une demi-poignée de gens parmi tous ceux que je connais qui seraient probablement à même de m'expliquer, même simplement, ce qu'est le Boson de Higgs, et quelles sont les implications de la découverte récente du CERN. Autrement dit, c'est une nouvelle peu accessible, et encore assez obscure.
Et pourtant, les journalistes nous en rebattent les oreilles, et les publics de tous poils s'empressent de donner leur avis sur cette découverte qu'ils ne comprennent réellement ni les uns ni les autres. Et voici l'homme moderne moyen qui nous dit qu'on maîtrise enfin la théorie du Big Bang, donc plus besoin des religions; et voilà le post-moderne moyen qui lui rétorque que même si Dieu n'existe pas, c'est peut-être mieux de ne pas le savoir...
La légèreté dont on fait preuve dans nos discussions, tant les uns que les autres, révèle bien une angoisse profonde qui nous pousse à vouloir donner notre avis, exprimer nos espoirs, se justifier, défendre un point de vue, avoir raison.
Encore récemment je discutais avec deux amis, on se demandait s'il était bon de dire les vérités qui dérangent à ses amis, quitte à se brouiller avec eux. Et bien que nous soyons partis d'une discussion générale et relativement objective, nous avions tous en tête une situation précise de notre vie passée ou présente qui nous poussait à argumenter dans un sens ou dans l'autre. Et chacun cherchait à se justifier en prenant comme exemple cette situation qu'il avait à l'esprit. L'exemple type d'un dialogue de sourd, même si ça n'en avait pas forcément l'air.
Je me suis rendu compte de ça vers la fin de la discussion. Je n'ai rien dit (j'aurais dû), mais intérieurement, je me suis décidé à agir : il y avait un ami avec qui il fallait que j'aborde un point délicat, quitte à me brouiller avec lui. Si j'avais passé presque une heure à argumenter devant mes amis que "dire la vérité qui dérange" à un ami n'était pas si simple, c'est en fait parce que j'avais peur de le faire.
Voilà pourquoi, il y a un mois à peu près, quelqu'un que je venais de rencontrer me déclarait qu'il ne voulait pas parler de religion, parce que ça ne servait à rien : son expérience lui avait "prouvé" que les gens ne font que se renforcer dans leurs convictions, à moins d'un traumatisme les oblige à changer complètement de système de pensée. Était-il convaincu, pour commencer, que les discussions ne mènent jamais nulle part, ou était-ce un mécanisme de défense face à un étudiant en théologie tel que moi ? Peu importe, au final.
J'étais à ce moment-là moins angoissé, et j'ai pu creuser sereinement la question avec lui, si bien qu'au bout de deux heures, nous nous sommes quittés d'accord sur le fait que la discussion est utile et même profitable, et qu'on peut changer d'avis plus ou moins perceptiblement, à condition d'avoir une discussion saine.
Tout ça pour dire que la communication la plus simple nécessite un apprentissage - bien sûr méthodique, mais avant tout personnel et identitaire. Tant que l'on agira par angoisse, on ne fera rien d'autre que de combattre ses propres démons, et on ne tombera d'accord qu'avec ceux qui sont prisonniers des mêmes luttes.
Des gens comme R. Dawkins et M. Onfray en sont de bons exemples : ils s'emploient à tenter de démontrer que Dieu n'existe (très probablement) pas par des arguments qui n'ont rien à voir avec l'existence de Dieu, tout simplement parce qu'ils cherchent à exorciser leur propre mauvaise expérience de la religion, et leur talent respectif entraine dans leur sillage tout un tas de disciples qui partagent leur angoisse.
C'est d'ailleurs assez ironique, car c'est justement en Dieu qu'on peut se libérer de cette angoisse...
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