Je sais que le titre fait un peu peur, un peu "à mort les infidèles!", mais ce n'est pas ça du tout. Que vous soyez croyant ou non, je crois que ce texte a une portée suffisamment large pour vous et votre philosophie de la vie, et j'espère qu'il vous fera réfléchir (sinon ça aura été une perte de temps de le lire, et je ne me complais pas à faire perdre leur temps aux gens).
Prenez un match de foot. Les gens font des centaines, parfois des milliers de kilomètres pour voir jouer leur équipe, bravant les intempéries et des heures d’attente, se peignant le visage et parfois le corps aux couleurs de cette dernière ou de leur pays, endurant des milliers de marches à monter pour atteindre leurs sièges qu’ils ont payé une fortune et dont ils ne profiteront pas parce qu’en vrais supporters ils vont rester debout pendant tout le match... tout en sachant que la majorité des fans de foot ne sont pas des athlètes eux-mêmes. Tout ça au sein d’un stade gigantesque qui a coûté des millions, avec des projecteurs qui éclairent comme le soleil en plein jour, des effets pyrotechniques qui ravissent et excitent, de la musique, affichent sur d’immenses écrans plasma des images de la foule en délire qui hurle sa frénésie alcoolisée, fait la ola presque spontanément, et des femmes à moitié nues qui brandissent des pancartes pour déclarer leur vénération pour un joueur et qu’elles sont prêtes à porter son enfant...
N’importe quel Romain de l’Antiquité voyant ça penserait tout naturellement que le foot est la religion la plus en vogue de tout le pays, la plus grande église de France : 80 000 personnes, 364 millions d’euros, des gens qui marchent sur des kilomètres pour y aller... c’est un culte, un événement religieux !
Allez en Inde, vous verrez des gens déguisés, aux visages peints selon les couleurs de leurs dieux, qui dansent, organisent des célébrations qui durent plusieurs jours, qui entrent en transe, se baignent dans le Gange pour que leurs pêchés soient pardonnés, et le long des routes vous verrez de petites huttes qui abritent des autels pour des statuettes de dieux auprès desquels on peut déposer des cadeaux et de la nourriture... et il y a aussi des plumes et du sang de poulet partout.
Idolâtrie = Adoration
Quand je parle d’idolâtrie, je ne parle pas seulement de vénération spirituelle mais d’adoration au sens large du terme.
Prenez la sortie de la Playstation 3, ou du dernier Star Wars, des gens qui campent pendant des jours devant un bâtiment pour faire partie des premiers à profiter de l’objet de leurs désirs. Prenez les gens qui restent debout toute la nuit pour jouer à World of Warcraft. C’est une forme de religion, il s’agit de dévotion religieuse. C’est un don de soi, de temps et d’argent, comme quand on est fan d’un groupe de musique et qu’on achète les tee-shirts, tous les albums, qu’on va les voir partout en concert et qu’on apprend toutes les paroles de leurs chansons par coeur... c’est une forme d’adoration.
L’adoration, qu’elle soit spirituelle ou non, n’est pas limitée à un endroit ou à un moment. On est toujours fan de ce groupe de musique après le concert, pas seulement pendant. C’est un processus qui ne s’arrête que si on décide de l’arrêter, la plupart du temps ça devient une partie de soi. Pour citer une personne qui ne ravira pas forcément tout le monde, Jésus dit dans Jean chap. 4 à une Samaritaine qui lui demande à quel temple elle doit aller que l’important ce n’est pas le lieu, mais l’objet du culte.
L’adoration, c’est placer quelqu’un ou quelque chose dans une position de « gloire » par rapport à soi et au monde, et lui rendre un culte en sacrifiant des choses pour cette personne ou chose (temps, argent, efforts...). Par « gloire » je veux dire quelqu’un ou quelque chose à qui ou à quoi on accorde le plus d’importance, de sens, et de priorité dans notre vie. C’est la source de nos attentes et de notre joie.
Nous sommes tous des adorateurs
Nous adorons tous quelque chose, nous accordons tous ce statut de « gloire » à quelqu’un ou quelque chose dans notre vie, que ce soit nous-mêmes, une relation, notre époux(se), une voiture, un loisir, une expérience, un revenu, une certaine éducation, une maison... quoi que ce soit, ça nous fait nous lever le matin et notre cœur et notre esprit y sont attachés plus qu’à quoi que ce soit d’autre. Et cette personne ou cette chose est, autrement dit, notre dieu.
Et on peut voir quel genre de dieu on adore en regardant quels genre de sacrifices on lui offre. On ne dispose que d’un certain nombre d’heures dans la journée, et on doit bien sacrifier certaines activités possibles pour en dédier le temps à cette personne ou chose que l’on adore. Même chose pour l’argent, on n’en a pas à l’infini et la manière dont on le dépense indique ce qui détient la place de « gloire » dans notre vie. Ainsi nous allouons les ressources dont nous disposons en fonction de notre dieu.
Cela peut être notre estomac. On peut dépenser beaucoup d’argent pour manger, vouer beaucoup de temps à la dégustation de nourriture. On peut même devenir un extrémiste et sacrifier, au-delà de notre temps et notre argent, notre santé, pour satisfaire notre dieu-estomac, en mangeant n’importe quoi et beaucoup trop. Cela peut être le sexe. Et du coup on peut aussi faire le sacrifice de son mariage, de la fidélité, de l’amitié, et même de sa santé pour satisfaire son dieu-sexe. Cela peut être une voiture, on peut rénover d’anciennes voitures et y passer tout son temps libre, ne laissant plus de place pour aucune activité sociale. Plus simplement, cela peut être la télé. Celui ou celle qui ne veut pas venir à table quand le repas est prêt parce qu’il ou elle regarde une émission qu’il adore à la télévision sacrifie du temps en famille et la relation qu’il a avec ses proches pour son dieu-télé. Et cela peut aussi être notre nouvel(le) petit(e) ami(e), avec qui on veut passer tout son temps et à qui on veut faire plaisir, du coup on oublie ses amis, sa famille, ses rêves...
On fait ça avec le sport, l’alcool, le sexe, les relations, les loisirs...
Alors même si certains d’entre nous s’appellent « croyants » ou « athées » ou un truc entre les deux, nous sommes tous des adorateurs, nous avons tous un dieu. Et nous lui dévouons tous du temps et de l’argent.
La question que je vous invité à vous poser maintenant, c’est : « Mon dieu vaut-il vraiment la peine de tous mes sacrifices ? ».
24 juin 2009
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